M.R.P.
M.R.P. (Mouvement républicain populaire)
On considère généralement que le courant démocrate-chrétien dont le Mouvement républicain populaire (M.R.P.) est issu a des racines politiques qui remontent à Lacordaire, à l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII (1891) et au Sillon de Marc Sangnier. Plus précisément, Francisque Gay a fondé en 1920 un petit Parti démocrate populaire qui, s’il n’a guère eu de succès sur le plan parlementaire, a cependant bénéficié d’une certaine audience dans l’entre-deux-guerres, grâce en particulier à son quotidien L’Aube , auquel collaboraient notamment Georges Bidault et Maurice Schumann. Le M.R.P. proprement dit est né à Paris dans la clandestinité, le 16 janvier 1944, à l’instigation de Francisque Gay, de Gaston Tessier, de Georges Bidault et de Pierre-Henri Teitgen. En octobre 1944, tandis que Marc Sangnier est proclamé président d’honneur, Maurice Schumann est élu président. Les autres présidents seront successivement Georges Bidault (1948-1952), Pierre-Henri Teitgen (1952-1956), Pierre Pflimlin (1956-1959), André Colin (1959-1963), Jean Lecanuet (1963-1965), puis, avec le titre de secrétaire général, Joseph Fontanet (1965-1967).
Trois composantes principales constituent ce rassemblement qu’est le M.R.P.: militants politiques venus du Parti démocrate populaire, syndicalistes chrétiens et responsables des mouvements spécialisés d’Action catholique fédérés dans l’Association catholique de la jeunesse française. Bien qu’il recrute presque exclusivement dans l’aile marchante du catholicisme et qu’il procède d’une volonté déclarée de mettre fin au divorce entre l’Église et la démocratie, le M.R.P. se défend d’être un parti confessionnel. De fait, rien, ni dans son appellation ni dans ses statuts, ne le définit comme tel, et l’assimilation ordinaire avec les partis démocrates-chrétiens des pays étrangers ne rend pas compte de sa singularité. De surcroît, à la différence de ces formations, il n’a jamais recueilli la totalité des suffrages catholiques, qui ont continué de se disperser entre plusieurs tendances politiques.
Dès les premières consultations électorales (1945), le M.R.P. remporte des succès inattendus: quelque cinq millions et demi de suffrages en font même en juin 1946 le premier parti de France. Il compte à l’Assemblée quelque élus. Il doit ce succès à l’aspiration des électeurs au renouveau, à l’absence de parti de droite et aux liens qu’on lui prête avec le général de Gaulle. Aussi sa décision de ne pas suivre celui-ci dans son départ le 20 janvier 1946, sa participation aux responsabilités du pouvoir avec la S.F.I.O. et le Parti communiste, puis la rupture avec de Gaulle sur le deuxième projet de Constitution et, enfin, la réapparition du gaullisme comme force politique distincte avec le R.P.F. affaiblissent gravement le M.R.P. sur sa droite. Il ne retrouve que la moitié de son électorat aux élections de juin 1951. Partenaire obligé de toutes les majorités, composante de presque tous les gouvernements, il exerce des responsabilités capitales sous la IVe République, dans trois domaines surtout: l’économie et les finances, notamment avec le gouvernement de Robert Schuman (1947-1948), qui tient tête aux grèves insurrectionnelles suscitées par la C.G.T.; la politique coloniale, en particulier en Indochine; la politique étrangère qu’il dirige presque continûment pendant dix ans à travers Robert Schuman et Georges Bidault et où il fait peu à peu prévaloir une orientation européenne (plan Schuman, mai 1950). L’arrivée au pouvoir de Pierre Mendès France (juin 1954) annonce son déclin. C’est l’un des siens, Pierre Pflimlin, qui préside le dernier gouvernement de la IVe République et qui tente, en vain, de tenir tête aux factieux d’Alger. Le M.R.P. se rallie au général de Gaulle, et plusieurs des siens entrent dans son gouvernement. Dès lors, le M.R.P. entre dans une sorte d’hibernation: il ne tiendra plus de congrès après 1964. Au reste, ses membres se dispersent en plusieurs directions. Les uns choisissent d’être dans la majorité du gouvernement, certains se confondant avec le parti dominant, d’autres préservant une certaine personnalité (le Centre Démocratie et Progrès). D’autres se rangent dans l’opposition parce qu’ils désapprouvent la politique étrangère du général de Gaulle ou blâment le style du gaullisme: ils se regroupent autour de Jean Lecanuet dans le Centre démocrate. D’autres encore se portent plus à gauche, tel Robert Buron, fondateur d’Objectif socialiste, ou rejoignent le nouveau Parti socialiste. Mais, s’il a cessé d’exister comme force politique organisée, le M.R.P. se prolonge par une influence diffuse dans l’ordre des idées et des comportements politiques.
M. R. P. [ɛmɛʀpe] n. m.
ÉTYM. 1944; sigle de Mouvement Républicain Populaire.
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♦ Hist. Parti démocrate d'inspiration chrétienne.
♦ Membre de ce parti; personne qui partage les opinions de ce parti. || Les M. R. P. et les socialistes. — Graphie fantaisiste :
0 (…) nos Fénelons littéraires, prêcheurs fourchus et hémerpés roussis (…)
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 267.
Encyclopédie Universelle. 2012.