HOSPITALISME
HOSPITALISME
R. Spitz a créé le terme d’hospitalisme pour décrire l’altération du corps liée à un long séjour dans un hôpital ou aux effets nocifs du placement en institution durant le premier âge. Cette dernière situation se caractérise par une interruption de la relation déjà instaurée entre la mère et l’enfant, par une insuffisance dans les échanges affectifs nouveaux et les stimulations (substitut maternel peu satisfaisant ou substituts multiples) et par une difficulté pour le sujet à s’identifier à une image stable. Elle entraîne, selon Spitz, des troubles carentiels (quelle que soit la qualité des soins physiques, physiologiques ou médicaux) qui comportent deux degrés. La privation partielle d’affects, quand elle survient après six mois de bonnes relations avec la mère, conduit à un tableau clinique de «dépression anaclitique», allant de réactions d’angoisse à un arrêt du développement, puis à un état de léthargie après le troisième mois de séparation. J. Bowlby rapproche ce tableau des syndromes dépressifs (avec inhibition, inertie, solitude, manque d’intérêt pour le monde extérieur). Ces troubles disparaissent rapidement si l’enfant retrouve sa mère entre le troisième et le cinquième mois de la séparation. Dans le cas d’une carence totale en affects, si la séparation a été plus précoce et si la restitution à la mère n’intervient pas, les stades du syndrome partiel évoluent en un retard moteur grave, en un état de «marasme» qui évoque le tableau clinique de l’encéphalopathie ou de l’arriération, état qui peut être irréversible et même conduire à la mort.
Le terme d’hospitalisme a été repris et élargi (à la suite de critiques faites à Spitz) par nombre d’auteurs (notamment J. Aubry), de manière à désigner les conséquences néfastes, d’ordre physiologique aussi bien que psychologique, des carences partielles ou totales en affects liées à une hospitalisation ou à un placement.
L’hospitalisme, ou «syndrome de Spitz», conduit à repenser l’hospitalisation et le placement dans la perspective de la plus grande participation possible de la mère (à domicile ou en institution). Son traitement, dans le cas d’une frustration précoce, consiste à rétablir l’enfant dans une relation stable avec un substitut maternel, sinon avec la mère elle-même, et à recourir à des soins qui tiennent soit des maternages soit de la psychothérapie. (J. Aubry).
hospitalisme [ ɔspitalism ] n. m.
• 1949; angl. amér. hospitalism, de hospital « hôpital »
♦ Psychol. Troubles psychosomatiques présentés par un jeune enfant à la suite d'une hospitalisation prolongée, qui le prive des relations affectives avec sa mère.
♢ Hospitalisme infectieux : infections contractées en milieu hospitalier (⇒ nosocomial) .
● hospitalisme nom masculin Altération du développement psychomoteur chez le très jeune enfant, provoquée par un placement prolongé en institution (établissement de cure, hôpital, crèche, etc.) ou par une carence affective grave.
hospitalisme
n. m. MED Ensemble des effets nocifs dus à un séjour prolongé en milieu hospitalier, partic. chez les enfants.
hospitalisme [ɔspitalism] n. m.
ÉTYM. 1949, Revue franç. de psychanalyse, XIII, p. 397; trad. de Spitz; anglo-amér. hospitalism, Spitz, 1945; de hospital « hôpital », de même orig. que hôpital.
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♦ Psychol. Troubles psychosomatiques présentés par un enfant élevé hors de sa famille naturelle, ou par un adulte à la suite d'une longue hospitalisation. — Par anal. || « En prison, la vie de groupe favorise (…) le retour à la vie végétative, l'engrenage de l'hospitalisme » (la Croix, 7 janv. 1976).
♦ (Abusif; anglic.). Trouble causé par un séjour prolongé à l'hôpital. || L'« accroissement de séjour dû à l'hospitalisme infectieux » (l'Express, 9 juin 1979, p. 123).
Encyclopédie Universelle. 2012.