HIPPY
HIPPY
L’origine du terme est douteuse. Il semble dériver de hipter , qui désignait l’intellectuel de la beat generation; celui-ci était hip , c’est-à-dire l’opposé de square , conformiste. Mais l’on a avancé que le terme «hippy» était issu de hep , interjection de la langue des jazzmen des années 1940.
À l’automne de 1962, Timothy Leary fonde son premier mouvement, la I.F.I.F. (Fédération internationale pour la liberté internationale). Le climat a été créé par les intellectuels de la beat generation, qui ont voulu faire table rase des valeurs de la société industrielle américaine et ont érigé la drogue (marijuana et mescaline) en moyen de libération. Les hippies naissent de cette aventure. Dans une première phase, c’est, semble-t-il, par leur style de vie, leur goût de la spontanéité, leur refus de l’establishment, leur pratique de la drogue (dont fait partie le LSD) qu’ils se distinguent. Il n’y a pas alors d’institutionnalisation du phénomène hippy. Il faut attendre 1966 pour que se forment des communautés. Les premières s’installent à San Francisco, dans les forêts, sur les plages californiennes, puis à New York; au cours de l’été, on compte plus de 200 000 hippies qui déambulent à travers les États-Unis. En octobre se produit, sous le signe de l’amour et avec les fleurs pour emblème leur premier rassemblement. Y participent 30 000 jeunes. Bientôt, les grandes fêtes vont réunir plusieurs centaines de milliers de participants.
Cependant, une crise éclate en octobre 1967. Un nouveau maître surgit, Mehu Baba, qui crée la Fraternité des hommes libres: il rejette les idées de Leary, critique l’usage de la drogue; sous son influence, un nombre important de jeunes vont se dégager de l’ancien mouvement et se tourner vers des actions politiques. Les hippies proprement dit se retirent, pour une part, dans les montagnes, les déserts, les réserves d’Indiens, tandis que les autres vont composer dans les villes une population flottante, marginale, toujours plus soucieuse de l’expérience psychédélique.
Dès son origine, le «hippisme» s’est défini comme le refus de l’aliénation, la fuite, le retour à la nature; la quête chimique, l’expansion de la conscience intérieure; l’amour (compassion bouddhiste et charité chrétienne), l’héritage spirituel de Gandhi. Il faut signaler que le mouvement a toujours oscillé entre le désir de refuser le monde supposé réel et celui de faire éclore, dans le présent, un nouveau mode de vie sociale, entre le désir d’évasion par la drogue et le désir de participation à une communauté et d’invention — dont porte témoignage le rôle donné à la musique. Toutefois, l’inspiration générale du hippisme peut se caractériser ainsi: reconnaissance de l’immédiat, libre expression du désir, amour de l’autre, recherche d’un syncrétisme philosophique, esthétique, religieux; quête d’un autre monde ou d’un au-delà du visible dans l’expérience psychédélique.
hippie [ 'ipi ] n. et adj. VAR. hippy
• 1967; mot angl. amér., de hip « dans le vent »
♦ Anglic. Adepte (généralement jeune) d'un mouvement des années 1970, fondé sur le refus de la société de consommation et des valeurs sociales et morales traditionnelles. ⇒ 4. baba, beatnik. Hippies vivant en communauté. « des étudiants habillés en hippies et même pieds-nus » (Green). Des hippies, des hippys. — Adj. Le mouvement hippie.
hippie ou hippy, plur. hippies
n. et adj. (Mot américain.)
d1./d à l'origine, membre d'un mouvement informel non violent né en Californie, qui mettait en question la "société de consommation" américaine et son conformisme.
d2./d Par ext. Jeune homme, jeune fille imitant les hippies californiens dans sa façon de vivre ou dans sa mise.
d3./d adj. Le phénomène hippie. La mode hippie.
————————
hippy
n. et adj. V. hippie.
⇒HIPPIE, HIPPY, subst. et adj.
I. — Subst. Adepte (jeune homme ou jeune fille), aux États-Unis puis en Europe occidentale, d'une éthique fondée sur le refus de la société de consommation qui s'exprime, dans la non-violence, par un mode de vie non conventionnel. Un vrai hippy se recherche à travers le voyage (...) il nous enseigne la simplicité et la tolérance (Le Spectacle du Monde, oct. 1969, p. 85 ds FOULQ. 1971). Le hippie se distingue par sa chevelure fournie et hirsute, ses vêtements bariolés, sa tenue négligée, son penchant pour la drogue, la « pop music », l'oisiveté, la mendicité, le vagabondage ou les petits métiers marginaux de style artisanal, et enfin son culte de la nature, de l'amour et de la liberté sexuelle. Le hippie pur n'est pas politisé (Réalités, 3.70 ds GILB. 1971).
II. — Adjectif
A. — Relatif, propre aux hippies. Mouvement, phénomène hippie; aventure, mentalité, morale, révolte hippie. On sait ce qu'il advint du rêve hippie, brisé à la fois par la violence (la fusillade de Kent, la révolte des ghettos noirs, l'apparition de mouvements clandestins), l'implacable médiocrité de l'Amérique de Nixon (élu en 1968) et la dégénérescence interne du mouvement (Télérama, n° 1531, 16 mai 1979, p. 93).
B. — Qui est influencé par le goût et le genre de vie hippie. Mode hippie. Des modèles (de robes) « hippies » gais et charmants sont déjà sortis pour l'été prochain (Le Nouvel Observateur, 21 févr. 1968 ds GILB. 1971).
Rem. Parfois abrégé en hip. Aujourd'hui, les hippies sont libres. Libres d'être hip ou de ne pas l'être (L'Express, 16 oct. 1967, p. 134, col. 3).
Prononc. : [ipi]. init. aspirée. Étymol. et Hist. 1967 supra. Mot anglo-amér. hippie ou hippy attesté dep. 1953 et dont l'usage s'est largement répandu dans les années 60, ce terme étant dér. du mot anglo-amér. arg. hip, hep « au courant, dans le coup, à la dernière mode » d'orig. inc. (cf. NED Suppl.2). Bbg. HUMBLEY (J.). L'Infl. anglo-saxonne ds la presse fr. Thèse, 1974, Paris, pp. 537-538.
❖
♦ Anglic. Jeune homme, jeune fille qui rejette les valeurs sociales et culturelles de la société de consommation (conventions vestimentaires et mode de vie, recherche du prestige social et de l'argent, goût de la technologie), le nationalisme, etc. ⇒ aussi 5. Baba, beatnik. || Les hippies sont non violents, prônent la liberté sexuelle, et parfois l'usage des drogues hallucinogènes. — Adj. || Le mouvement hippie, la révolte hippie. || La mentalité hippie. || La mode hippie.
1 Il y avait beaucoup de jeunes sur le grand terre-plein central. Des gauchistes qui se réunissaient au bar Navona; près de la fontaine centrale, des hippies, des minets, des homosexuels, des joueurs de guitare (…)
S. de Beauvoir, Tout compte fait, p. 247.
2 Les autres jeunes gens avaient l'air de hippies, ce qui aussi était évidemment une garantie de spiritualité.
R. Gary, Chien blanc, p. 108.
♦ Abrév. : hip. || « En 1967, au meilleur moment de la grande vague hip à San Francisco » (l'Express, 10 juil. 1972, p. 5). — N. || « Une bande de hips nous invite à son feu de camp » (Match, 16 mars 1974).
❖
CONTR. Bourgeois.
DÉR. Yippie. — Les dér. hippisé adj. (1968) « qui a pris un caractère hippie », et hippisme n. m. (1968) « façon de vivre, idées des hippies » n'ont eu que quelques années de vogue.
Encyclopédie Universelle. 2012.