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GENTIANE
GENTIANE

GENTIANE

De tout temps, on a vu dans la gentiane jaune (Gentiana lutea L.; gentianacées) la plante tonique par excellence; c’est la panacée des montagnards d’Europe. Sa racine, seule partie utilisée, était l’un des fébrifuges les plus prescrits avant l’introduction du quinquina sur le Vieux Continent (1639). De nos jours, elle figure plus souvent dans des liqueurs, des «apéritifs» et autres spiritueux que dans des compositions médicamenteuses.

La racine de gentiane renferme plusieurs principes amers de nature glucosidique. L’un d’eux, le gentiopicroside, se rapproche par ses effets de la quinine. Il y a en outre un pigment jaune (gentisine), une essence, une huile grasse, beaucoup de pectine, des sucres. Tonique amer parmi les meilleurs, sans effets astringents (la plante est à peu près dépourvue de tanin et ne provoque pas d’irritation), cette racine jouit d’une réputation justifiée d’apéritive et de «stomachique». Elle combat très efficacement l’inappétence, l’atonie intestinale, avec ou sans diarrhée. On l’indique aussi dans l’insuffisance hépatique et contre les parasites intestinaux (oxyures). La gentiane favorise la multiplication des leucocytes. Elle exerce une action tonique sur l’ensemble de l’organisme dans certaines anémies et dans les convalescences de maladies infectieuses. C’est une plante à prescrire tout particulièrement aux débiles, aux lymphatiques. On prépare une macération à froid en mettant 3 grammes de racine sèche concassée pour une tasse d’eau froide: laisser en contact pendant quatre heures; passer et sucrer (très amer); prendre deux tasses par jour. Le vin se fait avec 15 à 30 grammes de racine pour 1 litre de vin blanc; laisser macérer une nuit; passer; un ou deux verres à liqueur aux repas.

La gentiane est aussi l’un des fébrifuges indigènes les plus efficaces, vanté autrefois contre les fièvres tierces et quartes. Sans en faire un succédané de la quinine, l’expérimentation moderne en a reconnu la valeur. Selon Tarent (1905), le gentiopicroside détruit les hématozoaires du paludisme. La plante renforce les défenses de l’organisme et se montre pour le moins un adjuvant très utile dans les fièvres paludéennes (poudre de racine: de 10 à 20 g par jour dans de la confiture, du miel; pendant les accès ou pour en prévenir le retour).

À forte dose, la gentiane peut provoquer des troubles: migraine, vertiges, lourdeur à l’épigastre, ivresse, narcotisme, spasmes. Son usage ne devra jamais être prolongé. Il est à proscrire dans les inflammations internes.

En usage externe, la gentiane en décoction sert traditionnellement de vulnéraire dans les pays de montagne (où l’on préfère toutefois l’excellente eau-de-vie tirée par distillation des racines fermentées).

gentiane [ ʒɑ̃sjan ] n. f.
XIIIe; lat. gentiana
Plante herbacée (gentianacées) dont les racines produisent un suc amer aux propriétés toniques. Grande gentiane, à fleurs jaunes. Gentiane acaule : plante des montagnes, aux fleurs bleu vif.
Boisson alcoolisée apéritive, à base de racine de gentiane. 1. amer.

gentiane nom féminin (latin gentiana) Plante annuelle ou vivace, aux tiges tantôt importantes et dressées (1 m chez la grande gentiane), tantôt très courtes ou absentes, à feuilles opposées, le plus souvent sessiles, à fleurs tubuleuses, vivement colorées en bleu intense, violet ou jaune, les pétales étant soudés entre eux. (La grande gentiane croît dans les Alpes et le Jura ; ses fleurs sont d'un beau jaune d'or. Son énorme racine, amère, stimulante, tonique et fébrifuge, est la base d'apéritifs.) Liqueur apéritive, à saveur amère, obtenue par macération dans l'alcool des racines de gentiane séchées et broyées.

gentiane
n. f.
d1./d Plante à fleurs jaunes, bleues ou violettes (genre Gentiana) des régions montagneuses tempérées et froides.
d2./d Liqueur amère préparée à partir de cette plante.

GENTIANE, subst. fém.
A. — Plante dicotylédone, monopétale, herbacée, à suc amer et dont les fleurs sont jaunes, bleues ou violettes, selon les espèces. La racine de la gentiane est topique. J'ai foulé dans les bois l'azur noir des gentianes et je n'ai pas pleuré (JAMMES, Clairières, 1906, p. 109). Je me souviens de ce marais maléfique dans la lande (...). Nous aimions y cueillir des gentianes, de la couleur du ciel d'été (MAURIAC, Mém. int., 1959, p. 179).
B. — P. méton. Boisson préparée avec la racine de cette plante. Élixir, liqueur, sirop, tisane de gentiane. Pour lui, celui d'apéritif qu'il préférait, c'était la gentiane-cassis. Pas méchant d'habitude et puis après du picolo, pas très gentil (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 301).
REM. Gentianées, subst. fém. plur. Famille de plantes dicotylédonées dont la gentiane est le type (cf. PLANCHON, COLLIN, Drogues orig. végét., 1895-96, p. 645).
Prononc. et Orth. : []. BUBEN 1935, § 98, indique une hésitation pour l'initiale entre [] et []. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 2e moitié XIIIe s. (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 3); 1890 « liqueur à base de la racine de cette plante » (DG). Empr. au lat. class. gentiana « gentiane ». Fréq. abs. littér. : 36.

gentiane [ʒɑ̃sjan] n. f.
ÉTYM. Après 1250; lat. gentiana.
1 Plante dicotylédone (Gentianacées) herbacée à suc amer, qui croît dans les montagnes. || Gentiane acaule à belles fleurs bleues. || Gentiane jaune ou grande gentiane. || Propriétés toniques, digestives et fébrifuges de la racine de gentiane. || Infusion, teinture de gentiane.
1 (…) une plante grimpante et touffue à fleurs bleues (de ce bleu profond que je ne connaissais qu'à la gentiane, et que Jammes dit être une gentiane en effet)…
Gide, Nouveaux prétextes, Journal sans dates, VI.
1.1 Souvent, ayant vu à la boutonnière de M. de Montesquiou une fleur et l'ayant remarquée, ce connaisseur consommé des beautés artistiques de la nature d'un mot l'enflamma d'amour pour la rose mousseuse, le calice de la gentiane dont le bleu est si profond, l'admirable couleur des cinéraires.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 332.
tableau Noms de plantes médicinales.
2 (1900). Par ext. Boisson apéritive à base de racine de gentiane. || Un verre de gentiane.
2 Pour lui, celui d'apéritif qu'il préférait, c'était la gentiane-cassis.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 221.
DÉR. Gentianacées.

Encyclopédie Universelle. 2012.