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FRÉDÉRIC II
FRÉDÉRIC II

FRÉDÉRIC II (1194-1250) empereur germanique (1220-1250)

Fils de l’empereur Henri VI et de Constance de Hauteville, héritière des rois normands, Frédéric naquit à Iesi le 26 décembre 1194. Orphelin à quatre ans, le jeune roi de Sicile est confié à la tutelle d’Innocent III et assiste à la dégradation de son royaume, tiraillé entre les barons indigènes et allemands, les légats pontificaux et les prétendants à la succession des Normands. En 1212, avec la protection du pape, il est élu roi des Romains par les princes allemands qui abandonnent le parti d’Otton de Brunswick après Bouvines (1214). Il abuse ensuite de la faiblesse politique d’Honorius III pour se faire couronner empereur et réunir ainsi, à titre personnel, la Sicile à l’Empire germanique (1220).

Frédéric a alors vingt-six ans. Sa forte personnalité en fait un des souverains les plus originaux de l’histoire. Une intelligence rare, une curiosité universelle, une vaste culture où se mêlent la connaissance des langues et l’apport des philosophes grecs et des savants arabes, un raffinement dans les plaisirs comme dans la cruauté, une volonté despotique de s’imposer par la ruse ou par la violence, une indifférence en matière religieuse qui n’exclut pas la poursuite des hérétiques mais l’incite à la tolérance envers les juifs et les musulmans, tous ces traits en font le précurseur des princes de la Renaissance, sans scrupules et avides de puissance et de savoir. Grâce à lui, Palerme devient un centre d’intense activité intellectuelle: des poètes provençaux, des philosophes, des savants, des astrologues entourent l’empereur qui compose un traité de vénerie, correspond avec le sultan d’Égypte et, en plein âge gothique, fait édifier la citadelle de Castel del Monte, imitée de l’antique.

Élevé en Sicile, il veut faire de ce royaume la base de son pouvoir et se désintéresse de la Germanie. Il faut d’abord réorganiser. Il révoque les concessions de fiefs, brise la résistance des barons, révise tous les titres de possession, fonde l’université de Naples pour former les agents royaux. En 1231, à l’exemple des empereurs romains, il rassemble toute la législation dans un recueil, le Liber augustalis (appelé aussi Constitutions de Melfi ), qui exprime sa conception d’une monarchie absolue et rénove l’administration du royaume. La puissance féodale et les libertés citadines sont anéanties, la collecta et des monopoles royaux assurent de bonnes rentrées fiscales, la liberté du commerce et la création de fermes royales modèles doivent stimuler la vie économique. Cette brillante reconstruction, qui étouffe toute initiative autre que celle du roi, est par là même fragile.

Voulant étendre son autorité à toute la péninsule, Frédéric II se heurte à la résistance conjointe de la papauté et des villes de l’Italie du Nord. Grégoire IX excommunie l’empereur qui avait fait vœu de croisade mais différait sans cesse son départ. Au moment où Frédéric II obtient du sultan al-Kamil la restitution de Jérusalem à prix d’argent et coiffe la couronne royale au Saint-Sépulcre, les armées pontificales envahissent les Pouilles, mais le pape vaincu doit consentir à la paix de San Germano (1230). Après avoir maté en Germanie une révolte de son fils Henri, l’empereur veut soumettre les villes de la plaine padane. Il défait les armées de la Ligue lombarde à Cortenuova (1237), mais ne peut vaincre la résistance des communes. Un nouveau conflit l’oppose à Grégoire IX, à propos de la Sardaigne, que l’empereur a concédée à son fils Enzo, au mépris des droits de l’Église. La lutte du Sacerdoce et de l’Empire donne lieu à une polémique d’une rare violence, où s’opposent les encycliques pontificales qui formulent la doctrine théocratique et les libelles impériaux qui affirment le pouvoir absolu de Frédéric II. Innocent IV réunit un concile à Lyon, y excommunie et dépose l’empereur (1245). Celui-ci ne se tient pas pour battu: malgré des complots, la révolte de Parme, il semblait avoir raffermi son autorité en Italie du Nord, lorsqu’il meurt dans un château des Pouilles en 1250. Sa disparition provoque l’écroulement du pouvoir impérial. La partie germanique de l’Empire, dont il s’était désintéressé, est livrée à l’anarchie féodale et aux luttes du Grand Interrègne.

Frédéric II
(1194 - 1250) roi de Sicile (1197-1250), empereur du Saint Empire (1220-1250). Cultivé, sceptique, il se dressa contre la papauté, qui l'excommunia (1227 et 1239). Il participa néanmoins à une croisade et se fit proclamer roi de Jérusalem (1229). Innocent IV le déposa au concile de Lyon (1245).

Encyclopédie Universelle. 2012.