zazou [ zazu ] n.
• 1941; « joli garçon » 1937; onomat., p.-ê. d'apr. les onomat. en a et ou de certains chants en jazz
♦ Nom donné, pendant la Seconde Guerre mondiale et dans les années qui suivirent, à des jeunes gens qui se signalaient par leur passion pour le jazz américain et leur élégance tapageuse. « Les zazous donnaient des “parties” où ils se grisaient de musique “swing” » (Beauvoir). — Adj. La jeunesse zazou ou zazoue . Tenue zazoue à veste très longue.
● zazou nom masculin (onomatopée) En France, juste après la Seconde Guerre mondiale, jeune qui se distinguait par sa tenue excentrique, et qui était grand amateur de jazz. ● zazou adjectif et nom Qui rappelle les zazous. (On trouve parfois le féminin zazoue.)
⇒ZAZOU, -OUE, subst. et adj.
I. — Substantif
A. — [Dans les années 1940] Adolescent manifestant une passion immodérée pour la musique de jazz américaine et qui se faisait remarquer par une tenue vestimentaire excentrique. Swinger comme un zazou. À l'aube de la Seconde Guerre mondiale, arrive en force l'ère des zazous aux cheveux ondulés, aux longues vestes, pantalons serrés aux chevilles, et chaussures aux épaisses semelles (J. BARSAMIAN, Fr. JOUFFA, L'Âge d'or du yéyé, 1983, p. 9).
B. — P. ext. Personnage un peu farfelu, tant par ses idées que par son aspect physique et sa mine. (Dict. XXe s.).
II. — Adjectif
A. — [En parlant d'une pers.] Qui appartient à la catégorie des zazous ou semble lui appartenir par son aspect, sa mise, ses manières d'être ou de penser. Jeunes bourgeois zazous. Ses chaussures lacées à semelle de crêpe d'intellectuel zazou (C. RIHOIT, Les Petites annonces, 1981, p. 109).
B. — [En parlant d'un inanimé] Qui est propre aux zazous et à leur époque; qui s'inspire des zazous, de leur mode ou de leurs idées. Pantalon zazou; tenue, vague zazoue. Le quatrième album [de Joe Jackson] est jazz, swing, zazou, années quarante! (...) c'est Saint-Germain-des-Prés à l'anglaise: le look zazou de l'ère du swing a tout envahi (Le Point, 24 janv. 1983, p. 17, col. 2).
Prononc.:[zazu]. Étymol. et Hist. A. 1937 subst. « jeune garçon, joli garçon » (G. CHEVALLIER, Sainte Colline d'apr. G. ESNAULT ds Fr. mod. t. 17, p. 190: [une fille, à propos d'un collégien] je vais le croquer le joli Zazou [...] Laisse-moi vite avec le joli Zazou tout neuf). B. « Adolescent oisif » a) 1941 subst. (Paris-Soir, 15 juin ds A. ROSSEL, Hist. de la France à travers les journaux du temps passé. La seconde guerre mondiale (1939-1945), p. 161: Alerte chez les « Zazous ». Grosse effervescence, branle-bas de combat, vendredi dernier, dans ce bistrot au nom monumental des Champs-Élysées, où se terrent chaque soir, entre 5 et 7 heures, les rejetons multicolores de la faune « swing » du Tout-Paris); 1942 (La Gerbe, 4 juin d'apr. G. WALTER, Vie à Paris sous l'occupation, 1960, pp. 172-173: À une époque où il est difficile pour un employé aux vêtements élimés d'obtenir un bon d'achat [...] les zazous trouvent tout ce qu'il leur faut); b) 1941 empl. adj. (d'apr. ESN.: il est zazou); id. « (d'une manière de se vêtir, d'un vêtement) propre à un tel adolescent » pantalon zazou (ibid.); cf. 1942 (La Gerbe, loc. cit.: Le pays zazou se compose de deux terrasses [...] le Pam Pam et le Colisée [...] Ces petits garçons aux pantalons trop courts de l'âge ingrat et aux belles boucles, ces petites filles aux genoux nus). Onomat. d'orig. obsc. Dans une 1re hyp., B serait la continuation de A: l'onomat. évoquant primitivement le lang. enf., un comportement infantile (cf. 1942, La Gerbe, loc. cit. et 1942-43: zazou surnom donné par des collégiennes de Passy à des camarades plus jeunes estimés « bébêtes » d'apr. A. THÉRIVE ds Fr. mod. t. 11, p. 124) aurait été adoptée et lancée par certains compositeurs et paroliers de musique de jazz de rythme swing dont elle rendait assez bien les sons en a et en ou (v. J.-Cl. LOISEAU, Les Zazous, 1977, pp. 64-65 et Fr. mod., loc. cit.). Dans une autre hyp., B pourrait avoir été formé tout à fait indépendamment de A, l'onomat. ayant été inventée soit par le musicien amér. Cab Calloway vers 1940, soit par le danseur et trompette Freddy Taylor avant la 2e guerre mondiale, v. J.-Cl. LOISEAU, op. cit., p. 48. Fréq. abs. littér.:12. Bbg. DAUZAT (A.). L'orig. de « zazou ». Fr. Mod. 1948, t. 16, p. 140.
zazou [zazu] n.
ÉTYM. 1941; « joli garçon », 1937; onomat., p.-ê. d'après les onomat. en a et ou de certains chants en jazz.
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♦ Nom donné, pendant la Seconde Guerre mondiale et dans les années qui suivirent, à des jeunes gens qui se signalaient par leur passion pour le jazz américain (⇒ Swing) et leur élégance tapageuse.
1 Une certaine jeunesse marquait son dégoût de « la Révolution nationale » d'une façon plus saugrenue, mais qui exaspérait les tenants de l'ordre moral; cheveux longs à la mode d'Oxford, toupets frisés, un parapluie au bras, les zazous donnaient des « parties » où ils se grisaient de musique « swing » (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 528.
2 Par ses soucis vestimentaires, qui d'ailleurs se sont en partie imposés, et par son goût pour le jazz, importé en France depuis vingt ans sans s'y être vraiment diffusé, le zazou réagissait avec vigueur contre l'écrasement qui le menaçait, réactions bizarres peut-être, pas très raisonnées, presque instinctives, mais efficaces. C'est par lui et grâce à lui que le reste de la jeunesse a pris conscience d'elle-même et pu se rendre compte de ses possibilités.
R. Queneau, Bâtons, chiffres et lettres, p. 152.
♦ Fém. (rare et par plais.). || Zazoute. || « Les petits zazous et les petites zazoutes » (B. Vian, Vercoquin, p. 163).
Encyclopédie Universelle. 2012.