Akademik

trimard

trimard [ trimar ] n. m.
• 1566; probablt du rad. de trimer
Arg. ou pop.; Vieilli Route, chemin. « il reprit le trimard et, sur le coup de six heures, il était arrivé » (Queneau).

trimard nom masculin (de trimer) Populaire et vieux. Route, chemin.

⇒TRIMARD, subst. masc.
Arg. ou pop., vieilli
A. — 1. Route, chemin. Grand trimard; partir sur le trimard. Ses paternels (...) voulurent le laisser à la traîne sur le trimard avec ses frangins (STOLLÉ, Contes, Petit Poucet, 1947, p. 1).
Battre le trimard. Un trimardeur de vingt-cinq ans, brûlé du soleil, passait à pas lents (...).Vous m'embauchez pas? (...) Deux autres nomades battaient le trimard (HAMP, Champagne, 1909, p. 138). Prendre le trimard. Robert s'est révolté. Le tuteur l'expédia alors au Canada. Robert avait dix-sept ans. Il a pris le trimard (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 36).
2. P. méton.
a) Vagabondage sur les routes, nomadisme. Un vétéran du trimard (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928 ds CELLARD-REY 1980).
P. ext. Vie itinérante. [A. Pavlova] s'est éteinte dans une chambre d'hôtel à La Haye, où l'avait conduite (...) le glorieux, le dur « trimard » de l'étoile nomade (LEVINSON, Visages danse, 1933, p. 21).
b) Synon. de chemineau1, trimardeur (dér. s.v. trimarder). Vachers et bergers forment parmi les domestiques avec les ouvriers saisonniers (...) qui se louent surtout pendant les moissons, une classe inférieure à laquelle on accorde cependant plus de déférence qu'au « trimard » qui va de ferme en ferme, couchant sur la paille (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 21).
B. — Arg. de la prostitution. Racolage sur la voie publique. L'essentiel de la besogne de la prostituée de la rue consiste à racoler ou à « raccrocher » des clients. Le « trimard » ne se pratique plus sous la IIIe République comme au début du siècle (A. CORBIN, Les Filles de noce, 1982 [1978], p. 207).
Faire le/son trimard. Synon. de trimarder (v. ce mot A 2), faire le trottoir. (Ds LARCH. 1880, ESN. 1966).
Prononc. et Orth. : []. Lar. Lang. fr.: ,,On trouve aussi l'orthogr. trimar``, mais ROB. 1985: ,,trimard ou (vx) trimar``. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1566 trimar « la route, les chemins » (RASSE DES NŒUDS, Jargon ds R. Philol. fr. t. 27 1913, p. 297); b) 1892 « travailleur nomade, vagabond courant les routes » (d'apr. ESN.); c) 1903 « vie nomade, déplacement à pied, vagabondage sur les routes » (ibid.); 2. 1860 faire le trimar « se prostituer » (ibid.). Dér. de trimer; suff. -ard.

trimard ou (vx) trimar [tʀimaʀ] n. m.
ÉTYM. 1566, trimar « grande route », probablt dér. de trimer.
Argot ou pop. (vieilli).
1 Route, chemin.REM. La graphie trimar est archaïque. || Sur le trimar (→ Raisiné, cit. 2, Balzac).
1 (…) on faisait la grande soulasse sur le trimar (Trad. de Hugo : On assassinait sur les grands chemins).
Hugo, le Dernier Jour d'un condamné, XXIII.
2 (…) il reprit le trimard et, sur le coup de six heures, il était arrivé à la place d'Italie (…)
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 81.
2 (V. 1880). Vx. || Faire le trimard : faire le trottoir, se prostituer. Trimarder.
3 Vie de vagabondage, d'errance.
3 Camelot en mercerie, crieur annonçant le passage des saccaraudes moulinoises, porteur de panier au marché, Alphonse fut tout cela.
On sait en effet par ses enfants qu'il déclarait volontiers :
« J'ai été mis au trimard à treize ans (…) et toujours dans la rue. »
Edmonde Charles-Roux, l'Irrégulière, p. 90.
Fig. Travail pénible, difficile. Boulot, turbin.
4 (…) il prit la ligne de la bourgeoisie marchande de Bordeaux et se fit donc homme de droite. Appuyé sur La Petite Gironde, disposant par ses correspondants villageois de tout un réseau d'informateurs et de porte-parole, il était devenu après cinq ou six ans de ce trimard un agent électoral influent et recherché.
Raymond Abellio, les Militants, p. 80.
DÉR. Trimarder.

Encyclopédie Universelle. 2012.