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transmutation

transmutation [ trɑ̃smytasjɔ̃ ] n. f.
• v. 1165; lat. transmutatio
1Changement d'une substance en une autre, et notamment d'un corps chimique en un autre. Les alchimistes cherchaient à réussir la transmutation des métaux.
(1934) Phys. Transformation d'un élément chimique en un autre par modification du noyau atomique. Les transmutations se réalisent spontanément par désintégration radioactive ou sont provoquées par des réactions nucléaires.
2Littér. Changement de nature, transformation totale. « Quelle singulière transmutation des commerces, et quelle bizarre transfiguration des boutiques ! » (Goncourt).

transmutation nom féminin (latin transmutatio) Changement des métaux vulgaires en métaux nobles par les procédés de l'alchimie. Littéraire. Changement, transformation totale d'une chose en une autre : La transmutation du réel par l'écriture. Transformation d'un noyau atomique en un autre. ● transmutation (synonymes) nom féminin (latin transmutatio) Changement des métaux vulgaires en métaux nobles par les procédés...
Synonymes :
- conversion
Littéraire. Changement, transformation totale d'une chose en une autre
Synonymes :
- mutation

transmutation
n. f. Action de transmuer.
|| PHYS NUCL Transformation d'un élément simple en un autre par modification du nombre de ses protons. Transmutations naturelles (radioactivité) ou provoquées.

⇒TRANSMUTATION, subst. fém.
A. — 1. Changement spontané ou provoqué d'une substance en une autre. À la fin du siècle dernier, la science a proclamé une grande vérité, à savoir, qu'en fait de matière rien ne se perd ni rien ne se crée dans la nature; tous les corps dont les propriétés varient sans cesse sous nos yeux ne sont que des transmutations d'agrégation de matière équivalente en poids (Cl. BERNARD, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 134). La terre et les sels contenus dans les plantes résultent de la transmutation de l'eau, disait Wallerius (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 452).
2. Spécialement
a) ALCHIM. ,,La transmutation est le fait qu'un corps change de substance, passant d'une « nature vile » à une « nature noble » (or, esprit, par ex.), cela grâce à des opérations techniques (alchimiques) et/ou spirituelles (initiatiques)`` (RIFFARD Ésotérisme 1983). Transmutation des métaux. La transmutation métallique est bien l'un des pouvoirs de la pierre philosophale (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 95).
P. métaph. Ainsi, des affections de l'âme, des loisirs et des rêves, l'esprit fait des valeurs supérieures; il est une véritable pierre philosophale, un agent de transmutation de toutes choses matérielles ou mentales (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 207).
b) PHYS. ,,Toute modification d'un corps simple ayant pour résultat un changement du nombre de charges ou numéro atomique`` (FERRY-MICH. 1981).
Transmutation nucléaire. ,,Transformation d'un nucléide en un autre par réaction nucléaire`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Transmutation (radioactive). Remplacement partiel d'un noyau d'atome par celui d'un isotope du même atome ou d'un corps voisin, qui est produit par des particules naturelles comme les rayons alpha, et qu'on peut réaliser actuellement au moyen de particules fortement accélérées, dans des appareils tels que le cyclotron ou dans les réacteurs nucléaires (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Les transmutations des éléments que l'on provoque en les bombardant à l'aide de projectiles divers, particules alpha, protons, neutrons, sont, parmi les expériences que l'on peut tenter, celles destinées à donner sur la structure des noyaux les plus grands éclaircissements (LEPRINCE-RINGUET, Transmut. artif., 1933, p. 7).
B. — Vx. Synon. de mutation (v. ce mot B). Les expériences montrent, en effet, que quelques semences peuvent dégénérer, que des plantes d'espèce différente peuvent, dans des cas exceptionnels, naître de la semence d'une plante d'une espèce donnée et donner lieu, par conséquent, à une transmutation des espèces (E. PERRIER, Philos. zool. av. Darwin, 1884, p. 32).
C. — Au fig., littér. Changement de nature. Synon. métamorphose, transformation.
1. [À propos de pers.] La transmutation de M. de Charlus en une personne nouvelle était si complète que non seulement les contrastes de son visage, de sa voix, mais rétrospectivement les hauts et les bas eux-mêmes de ses relations avec moi, tout ce qui avait paru jusque-là incohérent à mon esprit, devenait intelligible, se montrait évident (PROUST, Sodome, 1922, p. 614).
2. [À propos de choses] Peu à peu, à mesure que les années avaient passé, que sa situation s'était affermie, une insensible transmutation de l'opinion s'était produite à son égard (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 394). La transmutation des valeurs consiste seulement à remplacer la valeur du juge par celle du créateur (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 98).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1175 « changement d'une substance à une autre » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chroniques des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 26101); 2. 1591 alchim. (LANOUE, 473 ds LITTRÉ); 3. 1909 phys. (Radium, p. 10: si l'on appelle transmutation une transformation produite à volonté, par un changement de conditions expérimentales). B. 1803 « changement de nature » (CHATEAUBR., Génie, t. 1, p. 369). Empr. au lat. transmutatio, terme de gramm. « transposition de lettres », qui a été utilisé comme terme d'alchim. en lat. médiév. (LATHAM). Fréq. abs. littér.:127.

transmutation [tʀɑ̃smytɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1160; emplois très étendus « changement, modification », en anc. franç.; du lat. transmutatio, du supin de transmutare. → Transmuer.
1 Changement d'une substance en une autre, et, spécialt, d'un corps chimique en un autre. Altération, transformation (→ Détonation, cit. 1). || L'alchimie s'adonnait à la recherche de la transmutation des métaux. Conversion, mutation. || Le vieux rêve de transmutation s'est accompli sous une forme insoupçonnée (→ Atome, cit. 18). Par métaphore :
1 — Il se trouvait aussi des alchimistes pour se figurer qu'ils cherchaient de l'or. — Quand ils n'aspiraient de vrai qu'à une transmutation spirituelle.
J. Paulhan, Entretiens sur des faits divers, p. 153.
tableau Vocabulaire de la chimie.
(1934, cit. 1.1). Phys. Modification d'un corps simple ayant pour résultat un changement du numéro atomique. || La transmutation des atomes. || Un grand nombre de transmutations s'accompagnent de phénomènes radioactifs. Radioactivité.
1.1 À la fin du siècle dernier, la découverte de la radio-activité par Henri Becquerel et des radio-éléments par Pierre et Marie Curie, a fourni à la science le premier exemple de la transformation d'un élément chimique en un élément chimique différent; ces transmutations sont spontanées et nous ne disposons d'aucun moyen pour les provoquer ou les empêcher.
F. Joliot et I. Joliot-Curie, in Rev. gén. des sc., 1935, t. 45, p. 229 (1934).
REM. On trouve dans ce même texte l'expression transmutation artificielle (p. 235).
2 (…) les noyaux de certains atomes lourds sont susceptibles de se décomposer spontanément en donnant naissance à un noyau plus léger, cette désintégration pouvant être accompagnée par l'émission d'électrons ou Rayons , de noyaux d'hélium ou Rayons α et de radiations très pénétrantes ou Rayons γ. Mais ces phénomènes de transmutation, tout en apportant la preuve de la complexité interne des noyaux, ne donnaient guère de renseignements sur leur structure (…)
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 17.
2 Par métaphore ou fig. Changement de nature. Métamorphose, transformation. || L'or (1. Or, cit. 22) favorise la transmutation de toutes les choses réelles. || Toute transmutation de valeurs est due à un déséquilibre (cit. 4) physiologique.
3 Quelle singulière transmutation des commerces, et quelle bizarre transfiguration des boutiques ! Un bijoutier de la rue de Clichy expose maintenant, dans des boîtes à bijoux, des œufs frais enveloppés de ouate.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 25 déc. 1870, t. IV, p. 131.
4 Chateaubriand prend partout, même dans les littératures vicieuses; mais il opère une vraie transmutation, et son style ressemble à ce fameux métal qui, dans l'incendie de Corinthe, s'était formé du mélange de tous les autres métaux.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. I, p. 170.
5 (…) j'eusse été moins troublé dans mon antre magique que dans ce petit salon d'attente où le feu me semblait procéder à des transmutations, comme dans le laboratoire de Klingsor.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 125.
6 La seule métamorphose totale qu'ait subie notre continent fut celle du monde antique en chrétienté, parce qu'il y eut destruction de ce monde, transmutation.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 306.

Encyclopédie Universelle. 2012.