transcender [ trɑ̃sɑ̃de ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Dépasser en étant supérieur ou d'un autre ordre, se situer au-delà de... « Quelque lié qu'il soit à la civilisation où il naît, l'art la déborde souvent — la transcende peut-être » (Malraux). — Pronom. Se transcender : se dépasser, aller au-delà des possibilités apparentes de sa propre nature.
● transcender verbe transitif (latin transcendere, surpasser) Dépasser le domaine de la connaissance rationnelle. Littéraire. Être supérieur à quelqu'un, quelque chose.
transcender
v. tr.
d1./d Dépasser, en étant d'un autre ordre, d'un ordre supérieur.
|| v. Pron. Se dépasser.
d2./d PHILO Dépasser les possibilités de l'entendement.
⇒TRANSCENDER, verbe trans.
A. — 1. PHILOS. ,,S'élever au-dessus d'une région de la connaissance ou de la pensée après l'avoir traversée, et pénétrer dans une région supérieure`` (LAL. 1968). [Si la métaphysique] est une science et non pas simplement un exercice, il faut qu'elle transcende les concepts pour arriver à l'intuition (BERGSON ds R. de métaphys. et de mor., 1903, p. 9). Le doute métaphysique transcende radicalement l'ordre de l'objectivité en général (G. VALLIN, La Perspective métaphys., 1977, p. 245).
— Empl. pronom. réfl. En tant que ma conscience se transcende elle-même comme immédiate, elle s'oblige à penser un contenu intelligible qui ne participe pas de l'existence (G. MARCEL, Journal, 1914, p. 23).
2. S'élever au-dessus de, se situer au delà de. Pour lui [Clément d'Alexandrie] le christianisme est une religion à part, qui transcende à la fois le libéralisme païen et le rigorisme juif (H. VON CAMPENHAUSEN, Les Pères gr., trad. par O. Marbach, 1963, p. 48). Cette jeune aristocrate frêle, prise dans le combat cornélien de la faiblesse et de l'honneur, le transcende d'un coup par son retour au sein de la communauté des sœurs qui montent à l'échafaud (J.-M. DOMENACH, Le Retour du tragique, 1967, p. 62).
— [Le suj. désigne une pers.] Transcender qqn. Le dépasser en lui étant supérieur. Le Professeur, investi d'une autorité de type spécial, transcende le groupe (Le Nouvel Observateur, 30 juin 1969, p. 21, col. 1). Il transcende tous les autres par son intelligence (GDEL).
B. — Empl. pronom. réfl.
1. Se dépasser en allant au delà de ses possibilités. Jamais nous ne vîmes un tel nombre de poètes et jamais l'écriture n'eut davantage l'idée fixe de se transcender et de se vêtir dès le matin en robe du soir (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p. 209).
2. PHILOS. [Chez les phénoménologues, en parlant de la conscience en tant qu'elle est toujours conscience de qqc.] Se transcender vers. Se porter vers l'objet, vers l'extériorité. On ne peut en se transcendant vers le prolétariat se transcender du même coup vers toute l'humanité, car la seule manière de se transcender vers lui, c'est de se transcender avec lui contre le reste de l'humanité (BEAUVOIR, Pyrrhus, 1944, p. 49).
REM. Transcendement, subst. masc., philos. Dépassement. Ce transcendement de la description en sagesse et en poétique (...) [est] un mouvement d'approfondissement où du nouveau apparaît (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 440).
Prononc.:[], (il) transcende [-]. Étymol. et Hist. 1. Mil. du XIIIe s. transcendre « surpasser » (Vie de St François d'Assise, Maz. 1351, f° 16c ds GDF.); 2. a) 1310 transcender « transgresser » (Grandes Chroniques de Fr., Philippe le Bel, LXV ds GDF.); b) 1372-77 « surpasser, dépasser » (ORESME, Politiques, éd. A. D. Menut, livre 6, chap. 12, p. 274); c) 1903 (Revue de métaphysique, p. 9); d) 1936 se transcender « se dépasser soi-même » (I. VILDÉ-LOT, trad. N. BERDIAEFF, Cinq méditations sur l'existence, p. 97 ds QUEM. DDL t. 26). Empr. au lat. transcendere « monter (scandere) en allant au delà (trans) ». Le mot ne semble pas être att. entre la fin du XVIe s. et le XIXe s. Il réapparaît au XXe s. sous la forme transcender (2 c) dans la lang. savante. Fréq. abs. littér.:217. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) néant, b) néant; XXe s.: a) 28, b) 905. Bbg. QUEM. DDL t. 34.
transcender [tʀɑ̃sɑ̃de] v. tr.
ÉTYM. 1903, Bergson; « transgresser » déb. XIVe; v. 1370 dans un sens fig. proche du sens actuel; du lat. transcendere « monter (scandere) en allant au-delà (trans) ».
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♦ Dépasser en étant supérieur ou d'un autre ordre, se situer au-delà de… (→ Démocratie, cit. 8; échapper, cit. 32; héros, cit. 27; observation, cit. 12); dépasser (un niveau, un milieu) après avoir traversé.
1 Quelque lié qu'il soit à la civilisation où il naît, l'art la déborde souvent — la transcende peut-être… — comme s'il faisait appel à des pouvoirs qu'elle ignore, à une inaccessible totalité de l'homme.
Malraux, les Voix du silence, p. 623.
2 La Vie nous apparaît sous des aspects opposés : tantôt, elle semble se réduire à un ensemble de processus physico-chimique, tantôt elle paraît s'affirmer comme caractérisée par un dynamisme évolutif qui transcende la physico-chimie.
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 160.
♦ Pron. || Se transcender : se dépasser, aller au-delà des possibilités apparentes de sa propre nature. — (Chez les phénoménologues). || Se transcender vers…, se dit de la conscience qui se porte vers l'objet, parce qu'étant toujours « conscience de quelque chose ».
Encyclopédie Universelle. 2012.