thune [ tyn ] n. f. VAR. tune
• 1800 arg.; « aumône » 1628; o. i.
♦ Arg. Ancienne pièce de cinq francs. — Mod. Argent. Je n'ai plus une thune, plus un sou, plus d'argent.
● thune ou tune nom féminin Argot. Au XVIIe s., aumône. Argot. Au XIXe s., pièce de cinq francs. Familier. En Suisse, cinq francs, pièce de cinq francs. ● thune ou tune (expressions) nom féminin Familier. De la thune, de l'argent. Familier. Ne pas avoir une thune, être démuni d'argent, être sans le sou.
⇒THUNE, TUNE1, subst. fém.
Arg., pop., vieilli. Pièce (ou somme) de cinq francs. Je suis sûr qu'elle nous prêtera quatre ou cinq tunes de cinq balles (VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 129). — Ça vaut bien une thune, non? (...) Donc, j'inscris cinq francs (SAN-ANTONIO, Renifle, c'est de la vraie, 1988, p. 19).
— P. ext. (Petite) somme d'argent. De la thune; ne plus avoir une thune en poche. Tout un peuple de déchards (...) de petites pauvresses (...) qui trouvent chez elle la pâtée et la thune (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 48).
♦ Sans une thune. Synon. sans un sou. Lui qui avait manié des centaines de briques (...) il allait caner à l'hosto sans une thune (Pt Simonin ill., 1957, p. 70).
Prononc. et Orth.:[tyn]. Homon. et homogr. tune2. LITTRÉ: thune; Lar. Lang. fr., ROB. 1985: thune, tune. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 220: tune. Étymol. et Hist. 1. 1628 thune « aumône » (Jargon de l'Argot réformé ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 198); 2. 1800 tune « pièce de monnaie » (Les Brigands chauffeurs, ibid. t. 2, p. 94); spéc. 1828-29 « pièce de cinq francs » (VIDOCQ, loc. cit.). Orig. obsc. L'étymol. habituellement donnée, selon laquelle le mot viendrait de roi de Thunes (c'est-à-dire roi de Tunis), un des noms pris par le chef des gueux (appelé Le Grand Cœsre, 1628, Jargon de l'Argot réformé, ibid. t. 1, p. 9) à l'exemple du général des Bohémiens appelé duc d'Égypte (SAIN. Arg., p. 119, SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 456, FEW t. 19, p. 190a, BL.-W.5) est repoussée par GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc. qui propose de faire remonter Thune à un gallo-rom. tutina, dér. de tutari « protéger; se protéger (d'un danger: faim, froid) », d'où la notion d'aumône qui consiste essentiellement en du pain, puis à l'époque mod. en une pièce de monnaie. Fréq. abs. littér.:26. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 429. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 292.
thune [tyn] n. f.
ÉTYM. 1800; « aumône », 1628; le « roi des gueux » s'appelait roi de Thunes. (Cf. Hugo, Notre-Dame de Paris, I, II, VI). On a évoqué un calembour sur Tunes, « Tunis »; orig. incert., p.-ê. du gallo-romain tutina, de tutari « (se) protéger » (Guiraud).
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1 Pop. Vieilli. Pièce de cinq francs (→ Refroidir, cit. 3).
1 Et il se précipita pour ramasser le papier soigneusement plié. « Ça doit être au moins une thune, dit Croquignol, car ça a fait du bruit en tombant. »
2 (…) le petit dada sur lequel il risquera deux thunes (…)
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 47.
♦ Par ext. Petite somme d'argent. || Il n'avait plus une thune.
3 (…) et il reste stupéfait devant le mensonge de ces gens, pas assassins du tout, mais qui désirent gagner facilement une « thune », et dont le père ou la mère ou la sœur ressuscitent et remeurent tour à tour, parce qu'ils se coupent dans la conversation qu'ils ont avec le client à qui ils cherchent à plaire.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 825.
2 Mod. Fam. (lang. des jeunes). || De la thune : de l'argent. ⇒ Blé, 3. maille, pèze. On écrit aussi tune. || « J'suis raide, t'as pas de la tune ? » (P. de Nussac, le Français des moins de 20 ans, in Signature, no 133, 1981).
Encyclopédie Universelle. 2012.