ESTAMPIE
ESTAMPIE
Avec l’estampie apparaît, aux XIIIe et XIVe siècles, la première musique instrumentale indépendante de paroles préexistantes; il s’agit probablement d’un genre inspiré par les musiques à danser, nées en France, et qui se développa tout particulièrement en Angleterre; l’estampie passa également en Italie (istanpida ou balletto ). Jean de Grouchy (alias Johannes de Grocheo) énumère, au début du XIVe siècle, les trois formes instrumentales suivantes: l’estampie (stampites ), la ductia et la nota . Comme danse, l’estampie aurait été, selon lui, difficile à exécuter, «ce qui suffi[sait] à éloigner de la jeunesse les pensées mauvaises». L’estampie a inauguré la théorie et la pratique d’une notion musicale très féconde: celle de l’ouvert et du clos . On répète une même phrase, mais en concluant différemment, d’abord par une cadence suspensive (a ), ensuite par une cadence conclusive (a’ ). La section aa’ est appelée punctum . L’estampie différait de la ductia et de la nota par un plus grand nombre de sections, ou puncta (de 4 à 7 au lieu de 3 ou 4); dans la ductia , en outre, on scandait la mesure avec une percussion. Une telle forme (aa’ , bb’ , cc’ ...) dérive directement de la séquence. Par ailleurs, comme les lais étaient soit chantés, soit uniquement joués, chaque fois qu’on en jouait un, on avait affaire à une estampie (avec la différence que le texte sous-entendu avait été composé avant la musique). Enfin, sur la musique préexistant à une estampie, il était toujours possible d’écrire des paroles. Ce fut le cas notamment du Kalenda Maya , une des plus anciennes estampies connues, dont le texte fut improvisé en chantant par le troubadour provençal Raimbaut de Vaqueiras (1150 env.-1207) qui venait d’entendre la mélodie d’une estampie instrumentale interprétée par deux jongleurs s’accompagnant sur une vielle.
● estampie nom féminin (ancien français estampie) Chanson à danser ou danse instrumentale en usage, du XIIe au XVe s.
Encyclopédie Universelle. 2012.