souille [ suj ] n. f.
• 1346; de l'a. fr. soil, souil→ souiller
♢ Soue. « Le pourceau grogne dans sa souille » (Hugo).
2 ♦ (1538) Mar. Enfoncement que forme un navire échoué dans la vase, le sable. ⇒ gîte.
3 ♦ (1933) Techn. Trace laissée sur le sol par un projectile qui a ricoché.
● souille ou souil nom féminin (de souiller) Flaque boueuse naturelle ou parfois creusée par le sanglier, où l'animal se vautre. Sillon tracé dans le sol par un obus qui ricoche. Approfondissement portuaire dragué afin d'augmenter le tirant d'eau accessible. Fosse creusée sur un fond marin pour y poser un câble ou un appareillage quelconque. Enfoncement qu'un bateau échoué forme dans le sable ou dans la vase. ● souille ou souil (synonymes) nom féminin (de souiller) Flaque boueuse naturelle ou parfois creusée par le sanglier, où...
Synonymes :
I.
⇒SOUILLE1, subst. fém.
A. — VÉN. Lieu bourbeux où le sanglier se vautre. Synon. souil (infra rem.). Prendre souille. (Dict. XIXe s.). Les souilles ne sont pas les mêmes l'été et l'hiver, ce sont là choses bien connues sur tout terroir de chasse. L'observatoire, établi à côté des meilleures souilles, se recommande davantage que l'affût debout ou assis, qui convient mieux pour l'affût du sanglier au gagnage (VIDRON, Chasse, 1945, p. 93).
— P. anal. Réduit servant de chambre, maison très petite où l'on se niche, ou s'isole. Je te tuerai ..., murmura le Bulgare en se levant pour aller s'allonger dans sa souille, auprès de sa chère barrique (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 176). La maison de San Michele est celle d'un solitaire, d'un aventurier, d'un conquérant, le nid d'aigle d'un nomade entre deux raids. La maison de Ralph et de Deborah est une souille d'amoureux (M. TOURNIER, Les Météores, Paris, Gallimard, 1979 [1975], p. 466).
— P. métaph. Paris savait confusément qu'il avait sous lui une cave terrible. On en parlait comme de cette monstrueuse souille de Thèbes où fourmillaient des scolopendres de quinze pieds de long et qui eût pu servir de baignoire à Béhémoth (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 515).
B. — MARINE
1. Empreinte que laisse l'étrave d'un bâtiment échoué dans le sable fin ou la vase. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Faire la souille. Creuser un lit dans la vase pour un bâtiment qui s'échoue. Le temps a vieilli avec les amarres des navires qui font la souille dans le sable, depuis que sous Ilios a été menée l'armée de la mer (CLAUDEL, Agamemnon, 1896, p. 891).
2. Fosse creusée et draguée au pied d'un quai permettant de recevoir des bâtiments de grande calaison. Ce résultat [les quais de marée] s'obtient, le plus souvent, au moyen des fosses ou souilles entretenues à profondeur par des dragages (QUINETTE DE ROCHEMONT, Trav. mar., t. 1, 1900, p. 150). On ménage alors à ces bâtiments une souille spéciale en un point déterminé de l'avant-port (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 266).
3. Puisard qui recueille l'eau infiltrée dans la cale au niveau de l'arbre d'hélice. Sous une ampoule électrique qui l'éclaire [le tunnel] et s'y reflète, on voit miroiter une eau lourde dans un puisard qui se remplit de l'eau de mer qui suinte à travers les joints et les presse-étoupe des hélices et de l'huile chaude qui dégouline goutte à goutte des arbres de couche, c'est la souille, où l'on jette les petits enfants pas sages, me disait Domenico avec un air de croque-mitaine (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 26).
C. — Tranchée, sillon creusé dans le sol.
1. TRAV. PUBL. Excavation allongée creusée sous l'eau pour recevoir une canalisation, des caissons, des blocs de béton lors de la construction d'une jetée. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. ARM. Sillon, trace que laisse dans le sol, un obus qui ricoche (Dict. XIXe et XXe s.).
D. — SYLVIC. ,,Taillis médiocre, clair, à sous-bois peu épais à cause des grands arbres de futaie qui l'étouffent`` (FÉN. 1970).
REM. 1. Souil, subst. masc., synon. de souille. C'est un groupe de pins comme saignés à mort, que la bête a déchirés en y aiguisant ses défenses, c'est un boutis dans la terre limoneuse, et, au passage d'un ruisseau, un « souil » profond qui garde l'empreinte du corps rude (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 7). 2. Souillat, subst. masc., hapax, synon. de souille. Les sangliers dans leurs bauges, rêvant à la glace étoilée qu'ils avaient léchée à la lumière du soir. Dans les souillats récents l'eau se congelait de nouveau, et la boue durcissait (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 903).
Prononc. et Orth.:[suj]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1547 souille « bourbier, marécage » (HAUDENT, tr. Ésope, I, 186 ds HUG.); 1655 « bourbier où le sanglier aime à se vautrer » (SALNOVE, La Venerie royale, p. 298); 2. 1538 « enfoncement qu'un bateau échoué forme dans le sable » (Etat de payement, publ. par JAL, Annales mar. et col., 1842, III, 8 ds Fr. mod. t. 26, p. 57); 3. 1900 « excavation, fosse creusée sous l'eau » (QUINETTE DE ROCHEMONT, loc. cit.); 1948 mar. « puisard » (CENDRARS, op. cit., p. 176); 4. 1933 « trace laissée dans le sol par un projectile qui a ricoché avant d'éclater » (Lar. 20e). De l'a. fr. soil, suil « abîme de l'enfer » (ca 1175, Chronique ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 25946), seul, sueil « bourbier où le sanglier aime à se vautrer » (1376, Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 2, 30; 42, 19), qui représente le lat. solium « siège, trône », « baignoire, cuve, baquet de cuisine ».
II.
⇒SOUILLE2, subst. fém.
Vieilli, région. (Ouest de la France). Enveloppe d'oreiller, de traversin ou de matelas. Synon. taie. Autrefois, on faisait usage de souilles, non seulement pour les oreillers, mais encore pour les traversins, les lits de plumes et les matelas (HAVARD 1890). [Tincé] fit basculer à terre des piles de linge, les tassa comme le sanglier se fait une bauge avec des branchages; couvre-lits de dentelles (...) souilles de matelas, fonds de bain, draps de saignée s'amoncelaient sur les rayons (MORAND, P. de Saligny, 1947, p. 182).
— Pop., région. Blouse. V. souillard A ex. de Giono.
Prononc.:[suj]. Étymol. et Hist. 1471 « taie d'oreiller » (Inv. du château de La Ménitré ds HAVARD). Mot dial. des régions de l'Ouest de la France (cf. FEW t. 12, p. 63b), de même orig. que souille1. Bbg. THOMAS (A.). Nouv. Essais. 1904, p. 332.
souille [suj] n. f.
ÉTYM. V. 1354, seul; de soil « abîme de l'enfer »; du lat. solium « cuve ».
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1 Vén. Bourbier où le sanglier aime à se vautrer (on trouve aussi souil, n. m.).
1 Regardez un peu ma basse-cour (…) Le pourceau grogne dans sa souille (…) Le canard, ce porc de la gent volatile, se goberge hideusement dans la mare.
Hugo, Choses vues, II, III, VI.
2 Techn. Empreinte laissée dans la terre, la vase, par qqch. qui s'y est enfoncé. a (1538). Mar. Enfoncement que forme dans la vase, dans le sable, un navire échoué. ⇒ Gîte. || Le chalutier a fait sa souille en venant à l'échouage. || Les pêcheurs cherchent des vers de vase à marée basse dans les souilles.
♦ (Mil. XXe). Par ext. Excavation allongée, tranchée creusée sous l'eau (pour recevoir une canalisation, un câble électrique ou téléphonique, etc.). || Enfouir un oléoduc dans une souille. ⇒ Ensouiller.
3 (Par ext. du sens 2., a., « trou rempli d'eau vaseuse, trouble »). Mar. Puisard qui recueille l'eau infiltrée par le presse-étoupe de l'arbre d'hélice.
2 (…) on voit miroiter une eau lourde dans un puisard qui se remplit de l'eau de mer qui suinte à travers les joints et les presse-étoupe des hélices et de l'huile chaude (…) c'est la souille (…)
B. Cendrars, Bourlinguer, 2, p. 26.
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Encyclopédie Universelle. 2012.