scission [ sisjɔ̃ ] n. f.
• 1486; lat. scissio, de scindere → scinder
1 ♦ Action, fait de se scinder (en parlant d'un groupe, d'un parti). ⇒ division, partage, schisme, séparation. Désaccord provoquant une scission. La scission du parti socialiste. Faire scission. ⇒ dissidence, sécession.
♢ Spécialt, dr. Opération par laquelle une société disparaît en faisant apport de tous ses biens à d'autres sociétés. La scission est une forme de fusion.
2 ♦ Phys., biol. Fission, division, séparation.
⊗ CONTR. Accord, association, coalition, concorde.
● scission nom féminin (bas latin scissio, du latin classique scindere, fendre) Fait de se diviser et, en particulier, pour une partie d'une association, de se retirer en formant une organisation nouvelle : Les désaccords provoquèrent une scission dans le parti. Partage des opinions et des votes dans un corps délibérant. Éclatement d'une société dont les actifs et les dettes sont répartis entre deux ou plusieurs sociétés préexistantes ou nouvelles. ● scission (difficultés) nom féminin (bas latin scissio, du latin classique scindere, fendre) Orthographe Attention au groupe sc- ; de même dans le dérivé scissionniste. ● scission (synonymes) nom féminin (bas latin scissio, du latin classique scindere, fendre) Fait de se diviser et, en particulier, pour une partie...
Synonymes :
scission
n. f.
d1./d Action, fait de se scinder (en parlant de groupes). Syn. division, schisme.
d2./d BIOL, PHYS Séparation, division, fission.
⇒SCISSION, subst. fém.
Action de (se) scinder; résultat de cette action. Scission arbitraire, artificielle, définitive, fratricide, funeste, irrémédiable; créer, engendrer, établir, opérer, produire une scission.
A. — 1. [Corresp. à scinder A] Division; éclatement. Un incident faillit amener la scission du groupe (ARLAND, Ordre, 1929, p. 193). Les premiers partis communistes occidentaux, nés de scissions à l'intérieur des partis socialistes, se constituèrent sur le modèle de ces derniers (Traité sociol., 1968, p. 28).
— Scission de... en. À la fin du Bas Empire, la scission de l'État en Orient et Occident est un fait accompli après la mort de Théodose, en 395 (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 371).
2. Spécialement
a) BIOL. Synon. de scissiparité. Vibrions septiques (...) en voie de génération par scission (PASTEUR ds Travaux, 1878, p. 186).
♦ Scission binaire, scission multiple. [Lorsque les cellules végétales] ont atteint une certaine dimension, typique pour chaque espèce, elles se divisent en deux. Cette forme de multiplication est appelée scission binaire, par opposition à la scission multiple qui se produit quand le contenu cellulaire se divise en quatre unités plus petites, ou davantage (E. J. H. CORNER, La Vie des plantes, trad. par L. Dilé, 1971 [1970], p. 23).
b) CHIMIE
) Dissociation. Le craquage, brusque scission des grosses molécules (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 311).
— Scission... en. Le catabolisme intermédiaire des protéines et des polypeptides provoque leur scission en un grand nombre d'acides aminés (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 682).
) Rupture. L'hydrolyse [de l'acide désoxyribonucléique] par l'acide chlorhydrique semble se faire en trois temps: 1. Scission des ponts reliant les bases puriques au sucre. 2. Scission des ponts reliant les bases pyrimidiques au sucre. 3. Scission des ponts reliant les nucléotides entre eux, ce qui aboutit à la dépolymérisation totale (HUSSON, GRAF, Biol. gén., 1965, p. 82).
c) DR. COMM. ,,Disparition d'une société par transmission de la totalité de son patrimoine social à des sociétés nouvelles ou préexistantes (« fusion-scission »), moyennant attribution aux associés de la société scindée de parts ou actions des sociétés issues de la scission`` (Jur. 1985).
B. — [Corresp. à scinder B]
1. Séparation, rupture. Il ne lui suffisait plus d'écarter Lulu petit à petit de sa vie; maintenant c'était une scission claire, précise, réalisée (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 192).
— Scission de... et de. Les gens comme il faut, les hommes bien gantés et bien cravatés, qui ne rougissent pas d'épouser une femme pour sa fortune, proclament (...) comme indispensable une complète scission des intérêts et des sentiments (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 598).
— Scission entre... et. La scission entre « légitimistes » et « orléanistes » (...) divisera profondément les monarchistes français et aidera à leur élimination au moment de l'élaboration de la Constitution de 1875 (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 77). Les bouleversements économiques de la Révolution, l'industrialisation du XIXe siècle ont eu, dans le domaine de la céramique, une grave répercussion: la scission entre les produits industriels et les produits artistiques, ceux-ci devenant généralement l'œuvre de quelques céramistes indépendants (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 12).
2. POL., RELIG. Dissidence, schisme, sécession. Le grand chef séparatiste est le docteur Georges Heim, ancien professeur de collège. Il vient de provoquer une scission du centre bavarois qui s'est détaché du centre de l'empire, et il veut constituer un grand parti paysan en Bavière (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 122). Les Jacobins se virent menacés de dissolution par la scission de presque tous les députés qui allèrent installer un nouveau club aux Feuillants (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 231).
— Loc. Faire scission. La nation avait fait scission avec la couronne: le roi n'était plus l'État (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1837, p. 159).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1486 [éd.] « action de scinder et son résultat » (Mer des hyst., t. I, f ° 193 ds GDF. Compl.); 1531 [éd.] fig. « division, déchirement » (J. DE VIGNAY, Miroir hist. ds DELB. Notes mss); en partic. 1. 1517 [éd.] « séparation, division dans une assemblée, un parti, un État » la scicion des deux empires ([GUILLAUME FILLASTRE], Hist. de la Tois. d'Or, I, f. 45 ds LA CURNE); 1789 faire scission (SIEYÈS, Tiers état, p. 83); 2. 1739 « schisme » (Mém. de Trévoux, Mai ds Trév. 1752); 3. 1762 « partage des opinions ou des voix dans les votes » (Ac.); 4. 1845 biol. « fissiparité » (J. MÜLLER, Manuel de Physiol., trad. de l'all. par A.-J.-L. Jourdan, Paris, J.-B. Baillière, t. 2, p. 567). Empr. au b. lat. scissio « coupure, division », formé sur le supin scissum, de scindere, v. scinder. Fréq. abs. littér.:105.
DÉR. 1. Scissionnaire, adj. et subst., rare. [Corresp. à supra B 2] a) Adj. et subst. (Celui, celle) qui fait scission. Synon. scissionniste. La loi du 22 floréal an VI (11 mai 1798) écarta les députés de 8 départements où il n'y avait pas eu de scission, en sorte que leurs sièges restèrent vacants; dans 19 circonscriptions, on valida les scissionnaires (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 504). Il s'était trouvé (...) des électeurs pour former des assemblées électorales scissionnaires; mais leurs élus furent systématiquement écartés au profit de ceux des « assemblées-mères » (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 539). b) Adj. Relatif à une scission. Crise scissionnaire. (Ds LITTRÉ, Lar. Lang. fr., ROB. 1985). — []. Att. ds Ac. 1835, 1878. — 1res attest. 1792 subst. (La Société des Jacobins, III, 391 [20 févr.] ds RANFT, p. 42), 1799 adj. l'Assemblée Électorale Scissionnaire (Dict. néol., article Antonelle, ibid.); de scission, suff. -aire. 2. Scissionnisme, subst. masc., rare. [Corresp. à supra B 2] Politique scissionniste. Le parti japonais (...) ne veut pas une rupture « organisationnelle » avec l'Union soviétique, qui serait du scissionnisme » (Le Monde, 17 nov. 1966, p. 2, col. 6). — []. — 1re attest. 1935 pol. (B. SOUVARINE, Staline, p. 375 [Plon] ds QUEM. DDL t. 26, s.v. fractionnisme); de scission, suff. -isme. 3. Scissionniste, adj. et subst., rare. [Corresp. à supra B 2] Synon. de scissionnaire (supra dér. 1). a) Adj. et subst. On avait de bonnes raisons de supposer que les bandes inconnues qui croisaient dans la savane provenaient de la tribu du groupe scissionniste auquel appartenait le sorcier (LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 187). Contacts entre plusieurs des « scissionnistes » et les milieux d'affaires (MEYNAUD, Groupes pression Fr., 1958, p. 314). b) Adj. Activités scissionnistes (ROB.). — []. — 1re attest. 1935 pol. (B. SOUVARINE, Staline, p. 405 et passim [Plon] ds QUEM. DDL t. 26); de scission, suff. -iste.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 416 (s.v. scissionnaire). — QUEM. DDL t. 11, 21, 31.
scission [sisjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1495; lat. scissio, de scindere. → Scinder.
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1 Action de scinder, de se scinder, d'être scindé (en parlant d'un groupe, d'un parti). ⇒ Division, partage, schisme, séparation. || Désaccord provoquant une scission. || La scission du parti socialiste au congrès de Tours en 1920. || Faire scission. ⇒ Dissidence.
1 Ce malheureux livre a eu tout le succès que je pouvais espérer (…) Mme de Broglie a daigné trouver que c'était immoral; M. Guizot, que c'était du Werther jacobin et carabin. Il y a eu là-dessus scission et débats au Globe (…)
Sainte-Beuve, Correspondance, 67, 23 avr. 1829.
♦ Par métaphore. ⇒ Rupture.
2 (…) nous n'admettons pas les scissions entre la connaissance et la poésie, pas plus qu'entre la science et l'action, entre l'abstrait et le concret, entre l'immédiat et les médiations, entre le positif et le négatif, entre l'affirmation et la critique, entre les faits et les appréciations, entre l'objet et le sujet.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 146.
2 Dr. Séparation du patrimoine (d'une société) en plusieurs patrimoines de nouvelles sociétés (opposé à fusion). En appos. || Fusion-scission.
3 (1855). Phys., biol. Fission, division, séparation. — Chim. Vx. Hydrolyse.
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CONTR. Accord, association, coalition, concorde.
DÉR. Scissionnaire, scissionnisme, scissionniste.
Encyclopédie Universelle. 2012.