salamandre [ salamɑ̃dr ] n. f.
• 1125; lat. salamandra, mot gr.
1 ♦ Amphibien urodèle, petit animal noir taché de jaune, dont la peau sécrète une humeur très corrosive. Au Moyen Âge, on attribuait aux salamandres la faculté de vivre dans le feu. « une salamandre noire marbrée de taches orangées, une créature d'enfer » (Genevoix).
2 ♦ Alchim. Vapeur rouge qui se produit pendant la distillation de l'esprit de nitre. — Chim. anc. Amiante.
3 ♦ (1889; n. déposé) Poêle à combustion lente qui se place dans une cheminée. « la salamandre, d'où rayonne une chaleur insupportable » (Romains).
● salamandre nom féminin (grec salamandra, grand lézard) Amphibien urodèle vivipare, surtout insectivore, à peau luisante noire ou tachée de jaune vif, couverte d'un mucus venimeux. (Genre salamandra ; type de la famille des salamandridés.) Nom donné à quelques formes voisines. Nom déposé d'un poêle à combustion lente. Pour certains alchimistes, animal fabuleux, indestructibles par le feu.
salamandre
n. f.
d1./d Petit amphibien urodèle d'Europe terrestre, vivipare, dont la peau noire marbrée de jaune sécrète une humeur corrosive.
d2./d (Afr. subsah.) Nom donné improprement à divers sauriens.
⇒SALAMANDRE, subst. fém.
I. A. — ZOOL. Batracien amphibie de l'ordre des Urodèles, insectivore et ovovivipare, comprenant plusieurs espèces terrestres ou aquatiques dont la plus commune est de petite taille, de couleur noire tachée de jaune et dont la peau sécrète un mucus irritant; on prêtait autrefois à cet animal la faculté de vivre dans le feu. Salamandre commune, noire, terrestre; salamandre aquatique (synon. triton). Entre les pieds d'une haie vive, nous avons vu une belle salamandre noire et jaune qui s'avançait de ses pattes dentelées et traînait sur la poussière sa longue queue mince remuant aux ondulations de son corsage tacheté (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 326). Les stégocéphales amalgament des traits de salamandres et de crocodiles (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 163).
B. — 1. HÉRALD. Animal symbolisant l'ardeur amoureuse figurant dans de nombreux blasons et pris comme emblème par François Ier. Elle ouvrit le tiroir d'un vieux meuble en chêne, l'un des plus beaux ouvrages de l'époque nommée la Renaissance, et sur lequel se voyait encore, à demi effacée, la fameuse salamandre royale (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 157). La devise s'entend à la fois d'un emblème propre à une personnalité ou d'une courte sentence qui explique cet emblème. Ainsi, la salamandre de la maison d'Angoulême en général et de François Ier en particulier (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 742).
2. OCCULT. Esprit du feu vivant dans les entrailles de la terre. Les salamandres habitent la région du feu; les sylphes, le vague de l'air; les gnomes, l'intérieur de la terre; et les ondins ou nymphes, le fond des eaux (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p. 44).
3. ALCHIM. ,,Pour les alchimistes, elle est le symbole de la pierre fixée au rouge... ils ont donné son nom à leur soufre incombustible. La salamandre qui se nourrit du feu et le phénix qui renaît de ses cendres sont les deux symboles les plus communs de ce soufre. (TERS)`` (Symboles 1969).
4. CHIM. ANC. Salamandre, salamandre pierre ou pierreuse. Amiante. (Dict. XIXe et XXe s.).
II. — Poêle à combustion lente généralement placé dans ou devant une cheminée. Dans la salle à manger il y avait une salamandre, et (...) la bonne avait mis le café à réchauffer sur la plaquette ajourée (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 208). À longueur de journée, Henriette fourrait du charbon dans la vieille salamandre de dentelles noires, avec un long tuyau coudé, traversant la vaste pièce sans cheminée (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 126).
REM. Salamandrin, -ine, adj. et subst. fém. a) Adj., hapax. Qui évoque la nature mythique de la salamandre qui vit dans le feu. Byron, loquacité, redondance (...). Mais, en revanche, ces sublimes défauts qui font le grand poëte: la mélancolie, toujours inséparable du sentiment du beau, et une personnalité ardente, diabolique, un esprit salamandrin (BAUDEL., Art romant., Lettre à J. Janin, 1867, p. 610). b) Subst. fém. ,,Alcaloïde toxique extrait de la peau de certaines salamandres`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694: ,,Quelques-uns disent salemandre``. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 zool. salamandre (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1353); 2. ca 1298 « amiante » (MARCO POLO, Il milione, éd. L. F. Benedetto, p. 47: toaille de salamandre); 3. 1670 « esprit du feu » (MONTFAUCON DE VILLARS, Le Comte de Gabalis, p. 54: les Sylphes, les Gnomes, les Nymphes et les Salamandres); 4. 1890 « poêle à combustion lente » (HAVARD, s.v. poêle: les poêles qui nous semblent les plus nouveaux, les Choubersky, les salamandres). Empr. au lat. salamandra « salamandre (reptile) » et celui-ci au gr. . Au Moy. Âge, on attribuait à cet animal la faculté de vivre dans le feu, d'où les sens dér. Au sens 3, cf. lat. salamandra (1re moit. XVIe s., PARACELSE d'apr. NED, s.v. salamander). Au sens 4, cf. anglo-amér. salamander-stove (1852 ds NED), salamander (1873 ds Americanisms 1966). Fréq. abs. littér.:168.
salamandre [salamɑ̃dʀ] n. f.
ÉTYM. 1125; lat. salamandra, mot grec.
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1 Batracien urodèle (Salamandrines), petit animal à la peau noire tachée de jaune, au corps massif, dont la peau sécrète une humeur très corrosive. — Syn. : sourd. || Les salamandres, insectivores et vivipares, sont inoffensives. || Au moyen âge, on attribuait aux salamandres la faculté de vivre dans le feu. ⇒ Esprit (III., 2. : esprit du feu). || La salamandre, figure de blason, symbole de l'ardeur amoureuse (→ Monstre, cit. 6).
1 Je suis la salemandre (sic), et ne suis à mon aise
Si mon cœur n'est toujours au milieu d'une braise :
Le feu de vos beaux yeux tant seulement me plaît,
Et mon cœur en brûlant se nourrit et se pait.
Ronsard, Élégies, IX.
2 (…) ce fut bien un beau prince dont les amours s'y cachèrent; mais il était roi, et se nommait François Ier. Sa salamandre y jette ses flammes partout; elle étincelle mille fois sur les voûtes, comme feraient les étoiles d'un ciel (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XIX.
3 (…) une salamandre noire marbrée de taches orangées, une créature d'enfer dont la vue seule donne la mort, restait prise dans ses poils par les petites boules de ses pattes. Il la cueillait aussi, sans marquer de frayeur, et la mettait dans sa musette.
M. Genevoix, Forêt voisine, XI.
3.1 La salamandre surprise s'immobilise
Et feint la mort
Tel est le premier pas de la conscience dans les pierres,
Le mythe le plus pur,
Un grand feu traversé, qui est esprit
Yves Bonnefoy, Poèmes, « Lieu de la Salamandre », p. 89.
➪ tableau Termes de blason.
2 Alchim. Vapeur rouge qui se produit pendant la distillation de l'esprit de nitre et qui se condense dans la sublimation.
♦ Chim. anc. || Salamandre pierreuse; salamandre pierre : amiante.
3 (1889, in Année sc. et industr. 1890, p. 291). Poêle à combustion lente qui se place dans une cheminée (marque déposée). → Digérer, cit. 3; grille, cit. 18.
4 Elle murmure d'une voix malheureuse : — J'ai froid. Il désigne en souriant la salamandre, d'où rayonne une chaleur insupportable.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 135.
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DÉR. Salamandridés, salamandrines.
Encyclopédie Universelle. 2012.