sacrifié, iée [ sakrifje ] adj. et n.
• av. 1690; de sacrifier
1 ♦ (Personnes) Qui se sacrifie; qui est voué au sacrifice. Un peuple sacrifié. Mission, patrouille sacrifiée, qu'on envoie à la mort. — N. ⇒ victime. C'est toujours lui le sacrifié. Ma mère « sourit du sourire des sacrifiées heureuses » (Vallès).
2 ♦ (Choses) Abandonné; dont on fait le sacrifice. Marchandises sacrifiées, vendues à bas prix, à perte ou sans bénéfice. ⇒ soldé. Vente à prix sacrifiés (⇒ braderie, liquidation) .
● sacrifié, sacrifiée nom Personne négligée volontairement en faveur de quelqu'un, de quelque chose : Il se pose toujours en éternel sacrifié.
⇒SACRIFIÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de sacrifier.
II. — Adj. [Corresp. à sacrifier B]
A. — [En parlant d'un animé]
1. Domaine milit. Voué à la mort, perdu. Soldats sacrifiés; unités sacrifiées. V. sacrifice B 1 a ex. 1.
— [En parlant d'un animal] Abattu. Remugle de la boucherie (...) fade et terrible parfum des bêtes sacrifiées (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 92).
2. Qui se sacrifie, que l'on sacrifie. Elle fondit en larmes, prise d'un désespoir bruyant de femme sacrifiée (ZOLA, Nana, 1880, p. 1247). Je suis de la génération sacrifiée, de celle des jeunes filles dont les chances d'amour ont été décimées par la guerre tueuse de garçons (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 950).
B. — [En parlant d'un inanimé]
1. [abstr.] Perdu, détruit, négligé. Intérêts sacrifiés. Dévouements sacrifiés en pure perte (BECQUET, Organ. loisirs travaill., 1939, p. 52).
2. [concr.] Dont on a fait le sacrifice en le coupant, en le détruisant. Chiffons sacrifiés; vieux vêtements sacrifiés. Que j'étais donc timorée, que j'étais femme sous ma chevelure sacrifiée, quand je singeais le garçon (COLETTE, Ces plais., 1932, p. 97). J'admirais (...) sa circonspection avant de tailler [la vigne], au-dessus du courson utile, le bois sacrifié (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 102).
— COMM. Vendu à bas prix. Synon. soldé. Marchandises sacrifiées. Soldes Lady. 2.000 fourrures sacrifiées (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 10). Par hypallage. Soldes avant inventaire. 827 tapis d'Orient (...) vendus à des prix sacrifiés (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 6, col. 1-2).
III. — Substantif
A. — [Corresp. à sacrifier A]
— Subst. masc. [Dans le lang. relig.] Jésus-Christ. Et Jésus, et celui mort sur la croix? Le sacrifié! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 213).
— Subst. fém., HIST. DE LA MODE. Chevelure à la sacrifiée. Synon. à la victime. ,,Coiffure féminine adoptée sous la Révolution et consistant à couper les cheveux sur la nuque`` (LELOIR 1961). V. sacrifier ex. 3.
B. — [Corresp. à sacrifier B] Celui ou celle que l'on a sacrifié(e) ou qui s'est sacrifié(e). Cette femme-là, celle que tu me crois, même en te quittant et en te brisant le cœur, elle a l'air d'une sacrifiée (ACHARD, J. de la Lune, 1929, III, 4, p. 28). Si ces obscurs, ces modestes, ces sacrifiés connaissent les joies de la création (...) ils sont bien éloignés du dilettantisme salarié que paraît être le journalisme moderne (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 91).
♦ L'éternelle sacrifiée. La femme. Ces éternelles sacrifiées, les mères et les amoureuses (BARRÈS, Barbares, 1888, p. 110).
Encyclopédie Universelle. 2012.