rouvrir [ ruvrir ] v. <conjug. : 18> I ♦ V. tr. Ouvrir de nouveau (ce qui a été fermé). « Pierre poussa la porte; mais dès qu'il se sentit enfermé avec les siens, il eut envie de la rouvrir » (Maupassant). Rouvrir son magasin. « rouvrant avec ses doigts goutteux le vieux bouquin à la marque de la veille » (Goncourt). — Rouvrir les yeux. Rouvrir une blessure. Pronom. La plaie s'est rouverte.
♢ Fig. Faire reprendre, relancer. « Il eût mal supporté que Denise rouvrît le débat » (Maurois).
II ♦ V. intr. Être de nouveau ouvert après une période de fermeture. La boulangerie rouvre demain. Elle a rouvert; elle est rouverte.
⊗ CONTR. Refermer.
● rouvrir verbe transitif Ouvrir de nouveau ce qui a été fermé, remettre en activité, ce qui a été interrompu : Rouvrir la fenêtre. Rouvrir un hôtel. Rouvrir un débat. ● rouvrir (difficultés) verbe transitif Conjugaison Comme ouvrir. Orthographe Attention, on dit rouvrir et non réouvrir : le magasin a rouvert. En revanche, on dit la réouverture : la réouverture du magasin (et non la rouverture). ● rouvrir (expressions) verbe transitif Rouvrir une blessure, faire renaître une douleur, une peine oubliées ou qui commençaient à s'apaiser. ● rouvrir (homonymes) verbe transitif ● rouvrir verbe intransitifêtre rouvert verbe passif Être de nouveau ouvert, reprendre son activité après une fermeture, une interruption : Le musée rouvrira prochainement. ● rouvrir (homonymes) verbe intransitifêtre rouvert verbe passif
rouvrir
v. tr. Ouvrir de nouveau. Rouvrir une valise.
— Fig. Rouvrir une discussion.
⇒ROUVRIR, verbe trans.
I. — [Corresp. à ouvrir I; les indices correspondent respectivement à: l'agent du procès (1), l'objet mobile séparant l'espace clos de l'extérieur (2), l'espace clos ou un de ses éléments (3), le moyen ou l'instrument (4), le bénéficiaire (5)]
A. — [Le compl. désigne la partie mobile qui ferme l'espace clos] Déplacer de nouveau ce qui ferme un espace de manière à ce que l'intérieur de cet espace communique avec l'extérieur. Anton. refermer, occlure.
1. Qqn1 rouvre qqc.2 Alban s'éclipsa. On rouvrait les volets (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 526). Qu'est-ce qu'il était? demanda Manuel, comme si, de parler à nouveau du blessé eût rouvert la porte refermée sur lui (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 511).
— Empl. pronom. Qqc.2 se rouvre (sur qqn). Il l'amenait chez lui. Et la porte se rouvrait sur l'homme, soucieux, tandis qu'il rentrait en se frottant les mains (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 92).
2. Qqn1 rouvre qqc.2 à qqn5. Le commandant Doyré fut forcé de leur rouvrir les portes (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 116).
— Empl. pronom. Qqc.2 se rouvre à qqn5. Cependant, les portes de l'Allemagne s'étaient rouvertes à lui (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1434). Elle ouvrira la porte qui jamais ne s'est rouverte sur aucune d'elles, et leur rendra la liberté (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 207).
B. — [P. méton.; le compl. désigne l'espace clos ou inaccessible] Faire qu'un espace clos ou inaccessible communique de nouveau avec l'extérieur. Anton. refermer.
1. a) Qqn1 rouvre qqc.3 En costume de bal, elle a rouvert, à onze heures, la chambre où nous étions à fumer, pour dire à son mari: « On ne mange pas d'œufs, demain? » (GONCOURT, Journal, 1865, p. 136). Mais j'ai un frère qui est désagréable dans une gare: il n'arrive qu'au dernier moment (il a des principes), alors il faut rouvrir une valise qu'un domestique n'avait pas encore apportée (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 93).
— En partic. Rendre accessible de nouveau un lieu, un établissement après une période de fermeture. Anton. refermer. Rouvrir une salle de spectacle. Pendant ce temps, au très grand jour, lui, et dans son besoin de vivre, Delaherche s'agitait, tâchait de rouvrir sa fabrique (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 544). Staline l'a bien compris, et a montré qu'il comprenait lorsqu'il a rouvert les églises (GIDE, Journal, 1945, p. 282). Part. passé adj. Anton. refermé. Les églises sont rouvertes. À son retour, il trouva le kiosque rouvert avec une nouvelle tenancière. Il n'entendit plus parler de Mariette (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 833).
— Au fig. Vauvenargues (...) rouvre un ordre d'idées et de sentiments qui est plein de fécondité et d'avenir (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 3, 1862, p. 233). Empl. pronom. L'avenir s'est rouvert. Un jour teint de rose l'accueillit au delà d'une porte, et il attendit, debout, que l'univers annoncé par cette aube se rouvrît enfin (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p. 115).
b) Qqn1 rouvre qqc.3 à qqc.5/qqn5. Le dilemme s'impose, formidable: ou maintenir notre régime de douanes, (...) ou rouvrir nos ports aux céréales à vil prix d'Amérique (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 40). Bernardin relut son plan de république, se fortifia dans l'idée qu'une colonie fondée sur l'Aral rouvrirait au commerce de l'Empire l'ancien canal des richesses de l'Inde (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 214).
— Empl. pronom. Qqc.3 se rouvre à qqn5. Anton. se fermer. Depuis trois ans, plus de cinquante musées partiellement ou totalement fermés se sont rouverts au public (Musées Fr., 1950, p. 6).
2. Empl. intrans. Qqc.3 rouvre. Devenir de nouveau accessible. Les théâtres rouvrent. La salle des Capucines rouvre, elle aussi (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 791).
II. — [Corresp. à ouvrir III; les indices correspondent respectivement à: l'agent du procès (1), le passage, l'évidement (2), l'espace plein (3), ce qui sert à fermer (4), le bénéficiaire (5)] Créer ou permettre de nouveau un passage, une trouée dans un espace. Anton. refermer, reboucher, boucher, occlure.
A. — 1. a) Qqn1 rouvre qqc.2 (dans qqc.3). Au passif. Alors les vieilles pistes furent rouvertes et de nouvelles furent tracées (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 78).
— En partic. [Le compl. désigne une blessure] La blessure avait été maintes fois rouverte et envenimée; à la fin tout cela s'était trouvé découvert à l'infirmerie (JOUVE, Paulina, 1925, p. 177). Part. passé adj. Anton. refermé. Durant les jours qui suivirent, le jeune bohémien, malade de sa blessure légèrement rouverte, ne parut pas (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 164).
b) Empl. pronom. Anton. se refermer, se fermer.
— Qqc.2 se rouvre. Il lui vint au sein un abcès qui se ferma et se rouvrit (A. FRANCE, Servien, 1882, p. 2). La ville était peuplée de dormeurs éveillés qui n'échappaient réellement à leur sort que ces rares fois où, dans la nuit, leur blessure apparemment fermée se rouvrait brusquement (CAMUS, Peste, 1947, p. 1366).
— Qqc.3 se rouvre. Son pied meurtri s'était rouvert, ses genoux secs s'ankylosaient (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 34).
♦ [Dans une tournure factitive] Et je n'aurais jamais avoué ma détresse, Ô mol printemps pernicieux, Si vous n'aviez pas fait se rouvrir ma jeunesse (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 137).
2. Qqn1 rouvre qqc.2 à qqn5. La beauté me ravit à ce monde et me donne à ceux qui sont faits pour m'en rouvrir le chemin (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 195).
B. — Qqc.4 rouvre qqc.2 Anton. obturer. L'écoulement de l'air frais vers les soupapes d'échappement produit un effet de balayage, qui chasse les gaz brûlés et laisse les cylindres pleins d'air pur, lorsque le piston commence de nouveau à rouvrir les lumières d'admission (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p. 263).
III. — [Corresp. à ouvrir IV; les indices correspondent respectivement à : l'agent (1), l'objet du processus (2)] Écarter, déployer de nouveau (les parties de) quelque chose. Anton. fermer, refermer, replier.
A. — 1. Qqn1 rouvre qqc.2 Rouvrir un livre. Tiens, assieds-toi là. Il lui avançait une chaise, et rouvrait le clavecin d'un air de satisfaction extraordinaire (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 95). Assis dans le salon jaune d'Offranville (...) je rouvrais des albums aux fermoirs de cuivre oxydé d'où surgissaient les images pâlies (BLANCHE, Modèles, 1928, p. V).
— Part. passé adj. Anton. fermé, refermé. L'escamoteur lui donnait à tenir dans la main le fichu écarlate qui, la main rouverte, paraissait un chiffon bleu en loques (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 109).
— En partic. Rouvrir les draps. Ouvrir les draps de nouveau (v. ouvrir IV A 1 a). Il (...) n'hésitait pas à se relever et à rouvrir les draps lorsque l'intérieur du lit ne répondait pas exactement à son idéal de confort (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 85).
2. Empl. pronom. Qqc.2 se rouvre. Anton. se fermer, se refermer, se clore. Ils hurlent. Le rideau quatre fois se rouvre (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 215).
B. — [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] Anton. clore, fermer. Pauline serra soudain les dents, rouvrit les yeux, et Laforgue épia avec rage cet air d'égarement (NIZAN, Conspir., 1938, p. 30).
— Empl. pronom. Anton. se clore. Il faut que leurs lèvres se taisent pour ne se rouvrir, comme accusatrices, que devant le trône de Dieu! (DUMAS père, Tour Nesle, 1832, I, 2e tabl., 1, p. 15).
IV. — [Corresp. à ouvrir V; les indices correspondent respectivement à: l'agent du processus (1), le processus (2)] Mettre de nouveau en train un processus. Synon. recommencer; anton. clore, finir, terminer.
A. — 1. Qqn1 rouvre qqc.2 Rouvrir un procès. Après lui [Goya] viennent les Aparicio, les Lopez; la décadence est complète, le cycle de l'art est fermé. Qui le rouvrira? (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 115). J'étais soulagé par le fait qu'aucune question épineuse n'avait été rouverte, que mon système nerveux hier matin n'eût pas été en état de supporter (DU BOS, Journal, 1927, p. 233):
• Tandis que la voix sifflante de Lénine incitait à rouvrir la lutte, à passer sans délai de la guerre étrangère, à la guerre civile, Wilson prodiguait les consolations, les engagements solennels...
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 96.
— DR. Rouvrir les débats. ,,Autoriser la poursuite des débats alors que leur clôture avait été précédemment prononcée`` (ROLAND-BOYER 1983).
2. Qqc.1 rouvre qqc.2 Il a paru récemment deux ouvrages qui rouvrent la question (RUDLER, Techn. crit. et hist. littér., 1923, p. 35).
B. — Empl. pronom. Qqc.2 se rouvre. Sacrifice en pure perte, d'ailleurs, parce que la crise polonaise se rouvrit (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 311).
Prononc. et Orth.:[], (il) rouvre []. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 intrans. « s'ouvrir à nouveau; se dilater (en parlant du cœur sous l'effet de la joie) » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. ducs de Normandie, 32390 ds T.-L.); 2. 1547 trans. r'ouvrir [des muys] (Archit. de Vitruve, 109 d'apr. R. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 156); 3. 1575 réfl. en parlant d'une cicatrice (PARÉ, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, t. 2, p. 310b); 1667 trans. au fig. (RACINE, Andromaque, II, 2: Je sçay que vos regards vont rouvrir mes blessures); 4. 1874 intrans. forme pop. r'ouvrir en parlant d'un établissement fermé (Le J. amusant, 21 nov., 6c ds QUEM. DDL t. 17). Dér. de ouvrir; préf. re-. Fréq. abs. littér.:1 347. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 598, b) 2 150; XXe s.: a) 2 324, b) 1 815.
rouvrir [ʀuvʀiʀ] v. [CONJUG. couvrir.]
ÉTYM. 1395; de re-, et ouvrir.
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I V. tr. Ouvrir de nouveau (ce qui a été fermé).
♦ (Au sens de ouvrir I., 1.). || Rouvrir une porte (1. Porte, cit. 22), les rideaux, un robinet…
1 Pierre poussa la porte; mais dès qu'il se sentit enfermé avec les siens, il eut envie de la rouvrir, car l'agitation du navire trompait leur gêne et leur silence.
Maupassant, Pierre et Jean, IX.
♦ (Ouvrir I., 2.). || Rouvrir un coffre, une armoire, une salle.
2 Des bonheurs disparus se rappeler la place,
C'est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas !
Lamartine, Poésies diverses, « La vigne et la maison ».
♦ Rouvrir son magasin. Ellipt. || Nous rouvrirons le lundi 3 septembre.
♦ (Ouvrir I., 3.). || Rouvrir les mâchoires, les bras (→ Passer, cit. 149). || Rouvrir les yeux (→ Nonchalant, cit. 4; plaisir, cit. 17; pointe, cit. 20). Subst. (→ infra, cit. 3.1).
3 Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes (…)
(…) Comme si, dans sa nuit, rouvrant ses yeux célestes,
Cet ange m'écoutait !
Hugo, les Contemplations, VI, XV.
3.1 Et c'est à cette Parole — dont la sévérité démodée confondit l'enjouement conciliateur de ses heureuses reparties, — que nous devons le rouvrir des yeux de notre illustre ami, — dont le mieux, d'ailleurs, s'accentue.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 186.
♦ Rouvrir son parapluie. || Rouvrir un livre (→ Entendre, cit. 82).
4 La vieille femme lui en lisait tous les soirs quelques pages, rouvrant avec ses doigts goutteux le vieux bouquin à la marque de la veille.
Ed. et J. de Goncourt, Sœur Philomène, II.
♦ Fam. || Rouvrir le gaz, l'électricité.
♦ (Ouvrir I., 6.). || Rouvrir une voie à la circulation. || Rouvrir sa demeure à quelqu'un.
♦ (Ouvrir I., 8.). || Rouvrir les hostilités, un débat (cit. 2).
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II V. intr. (1875). Être de nouveau ouvert après une période de fermeture. || Les magasins X… rouvrent la semaine prochaine.
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se rouvrir v. pron.
ÉTYM. (V. 1160, le cœur se rouvre; concret, v. 1560).
♦ Être ouvert, s'ouvrir de nouveau. || Blessure (cit. 1) en danger de se rouvrir. || La grande crise (cit. 10) se rouvrait.
5 (…) j'avais refermé la portière, avec l'espérance de rester seul, quand elle se rouvrit brusquement (…)
Maupassant, l'Inutile Beauté, « L'infirme ».
6 Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert (…)
C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,
Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.
Nerval, Poésies, Les chimères, « Myrtho ».
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rouvert, erte p. p. adj.
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7 Dans ces grands horizons subitement rouverts,
Il faut de strophe en strophe, il faut de vers en vers
S'en aller devant soi, pensif, ivre de l'ombre.
Hugo, les Contemplations, III, XX.
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CONTR. Fermer, refermer.
Encyclopédie Universelle. 2012.