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retiré

retiré, ée [ r(ə)tire ] adj.
XVIe; de retirer
1 (Personnes) Qui s'est retiré. Retiré dans un lieu, quelque part. — RETIRÉ DE. « le désir d'être de plus en plus retiré du monde et dans un cloître d'études et d'oubli » (Sainte-Beuve).
Absolt Qui vit, qui est dans une retraite et loin des hommes. Vivre solitaire et retiré, comme un ermite. Vie retirée. Qui n'a plus d'activité professionnelle, s'est retiré des affaires. retraité. Négociants retirés.
2(Choses) Éloigné, situé dans un lieu isolé. Coin retiré, à l'écart. ⇒ 2. écarté, isolé, solitaire. Un quartier retiré et calme. Les Charmettes, une terre « à la porte de Chambéry, mais retirée et solitaire comme si l'on était à cent lieues » (Rousseau).

retiré, ée
adj.
d1./d Situé à l'écart, peu fréquenté (lieux). Petit village retiré.
d2./d (Personnes) Qui vit loin du monde. Vivre retiré de la société.
Par ext. Mener une vie retirée.
|| Qui a abandonné ses occupations professionnelles. être retiré des affaires.

⇒RETIRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de retirer.
A. — Que l'on a, qui s'est, qui est rentré sous, dans. Synon. ramené, replié, renfoncé. Le bistre de Fragonard est dominé par une sensuelle académie de femme couchée, vue de dos, une jambe allongée, l'autre retirée sous elle (GONCOURT, Journal, 1894, p. 688).
B. — Qui a pris sa retraite. Anton. en activité. Des parcs grands comme des mouchoirs, des jardins qui ont l'air de sortir d'une boîte de joujoux, des maisons qui ont toujours le nez à la fenêtre sur la route (...); en un mot, des Folies-Prudhomme d'agents de change en exercice ou de quincailliers retirés (GONCOURT, Journal, 1860, p. 769). Il paraît qu'elle vit maintenant à Paris avec un industriel retiré des affaires (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 33).
Pop. Être retiré des voitures. Avoir cessé ses activités. Synon. être rangé des voitures (v. ranger1 C 3 b). Encore aujourd'hui que je suis, comme on dit dans le bon peuple, retiré des voitures, je voudrais deviner au moins ce que les femmes signifient au juste par ce terme à la fois si clair et si indéfinissable (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 130).
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'une chose concr.] Qui est décalé, en retrait. Synon. renfoncé; anton. saillant. La double arcade [de la fenêtre] avait pour enjolivement trois rangées de briques qui s'avançaient l'une sur l'autre, et dont chaque brique était alternativement saillante ou retirée d'un pouce environ, de manière à dessiner une grecque (BALZAC, Rech. absolu, 1834, p. 119). Son œil retiré sous la grotte sourcilière brillait bleu et jaune (COLETTE, Ces plais., 1932, p. 60).
Au fig. Enfoui, caché. Par pudeur, au début de leur mariage, Frédéric avait évité de parler à Marie de la vénération tendre qu'il ressentait pour son père. Quand Marie lui dit ce qu'elle aimait chez M. Devermont, il reconnut en elle sa propre pensée, la plus retirée et inexprimable (CHARDONNE, Varais, 1929, p. 157).
2. [En parlant d'un lieu] Qui est à l'écart, éloigné. Synon. écarté.
a) Qui est éloigné des zones urbaines ou du centre des villes. J'habite l'hôtel familial des Brettinoro, situé dans un quartier paisible et retiré (MILOSZ, Amour init., 1910, p. 18). Il y a dans certaines vallées retirées des patois qui n'ont pour ainsi dire jamais admis un seul terme artificiel venu du dehors (SAUSS. 1916, p. 42).
b) Qui est à l'écart des regards. Je courus donc le long de la rue, cherchant un point d'où je puisse encore voir la fête. Mais aussi un endroit retiré dans lequel je changerais d'habit (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 48).
3. Vivre retiré. Vivre à l'écart de la société mondaine, des activités urbaines. Au nombre des amis qui se réunirent aux Trembles cette année-là (...) se trouvait un de ses plus anciens camarades, fort riche, et qui vivait retiré, disait-on, sans famille, dans un château éloigné d'une douzaine de lieues (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 35). Bourg-du-Mont, où Mgr Duberville vivait retiré depuis sa démission (BILLY, Introïbo, 1939, p. 172).
Mener une vie retirée. Suspect au gouvernement à cause de ses opinions, il [G. de Humboldt] menait une vie retirée; pour tuer le temps, il apprenait toutes les langues et même tous les patois de la terre (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 58).
B. — [En parlant d'une pers., de son caractère] Synon. de renfermé, réservé. Anton. communicatif, ouvert. Mon caractère retiré et simple me rend les démarches pour me pousser en avant excessivement pénibles (RENAN, Lettres, 1845, pp. 385-386). Ma petite nature retirée et peu communicative me rend insupportables ces masses où disparaît l'individualité personnelle (MASSIS, Jugements, 1923, p. 95).
Prononc.:[]. Fréq. abs. littér.:2 404. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 415, b) 3 739; XXe s.: a) 2 961, b) 2 671.

Encyclopédie Universelle. 2012.