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refiler

refiler [ r(ə)file ] v. tr. <conjug. : 1>
rafiler 1740; de re- et filer
Fam. Donner, remettre à qqn, en le trompant, en profitant de son inattention. On lui a refilé une fausse pièce. On va lui refiler nos rossignols. fourguer. Par ext. Donner (en général). Il m'a refilé sa grippe. passer.

refiler verbe transitif Populaire. Donner quelque chose à quelqu'un, en particulier quelque chose de mauvais ou dont on fait peu de cas : Il m'a refilé un vieux pull.

⇒REFILER, verbe
Pop., fam.
I. — [Corresp. à filer I] Empl. trans.
A. — Donner, vendre quelque chose de défectueux ou d'incorrect à quelqu'un, en le trompant délibérément sur la valeur de la marchandise dont on veut se débarrasser. Refiler un faux billet. Un sinistre majordome Leur passait les fins morceaux, Tandis que ce diable d'homme Me refilait tous les os (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 121). Les pains rassis qu'ils [les boulangers] vous refilent en douce, après les avoir mouillés et saisis au four (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1032).
P. ext. Donner, céder quelque chose. Synon. filer (v. ce mot I B 4). Refiler des tuyaux; refiler un pourboire. Moi qui te « refilais » deux cents « balles » sous la table du petit bistrot pour que les copains ne sachent pas que tu étais trop fauché pour payer nos cafés (Fr.-R. BASTIDE, La Vie rêvée, 1962, p. 19).
B. — Vx. Refiler le borgnon.
II. — [Corresp. à filer II] Empl. intrans. Partir brusquement et retourner rapidement à un endroit que l'on avait quitté; se remettre en mouvement. C'était, par instants, le clapotis et l'éclair d'une carpe qui se retournait, en bondissant; par d'autres, c'étaient de grands faucheux qui patinaient, à la surface, traçant de petits cercles, se cognant les uns sur les autres, s'arrêtant, puis refilant, en dessinant de nouveaux ronds (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 134). Tous deux (...) remontèrent ensemble dans la chambrée. Un caporal leur tendit deux balais. — L'général arrive! Alignez la paille! Ils refilèrent dans la cour (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 117).
REM. Refile (aller au), loc. verb., arg. a) Vomir. Ils penchaient pour aller au refile, ça cascadait jusque sur nous (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 146). b) Payer une dette sous la contrainte. On descendait à Toulon pour (...) l'obliger à aller au refile (LE BRETON 1960).
Prononc.:[], (il) refile [-fil]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1740 rafiler « donner, passer, rendre » (Comédiens ds ESN.); 1790 refiler le bagou « faire la leçon » (Rat, ibid.); 1866 (DELVAU: Refiler. Rendre, restituer); 2. 1895 « repartir rapidement » (HUYSMANS, loc. cit.). Dér. de filer; préf. re-; cf. le fr. refiler « filer à nouveau (de la laine) » 1564 fig. (RONSARD, Nouvelles poésies, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 137, 250) — 1631, ROTROU, Hypocondriaque, V, 6, éd. Viollet-le-Duc, t. 1, p. 90, répertorié par la lexicogr. dep. LITTRÉ. Fréq. abs. littér.:54.

refiler [ʀ(ə)file] v. tr.
ÉTYM. 1790; « filer de nouveau (la laine) », mil. XVIe; rafiler, 1740; de re-, et filer.
Fam. Donner, remettre à un autre, en le trompant, en surprenant sa bonne foi, en profitant de son inattention. || On lui avait refilé une pièce fausse (→ Grogner, cit. 6). || Le marchand m'a refilé des poires trop mûres. || On va lui refiler nos rossignols. Fourrer.Par ext. Donner (en général). || Il m'a refilé sa grippe. Passer.
1 « Il (le général) s'est enfui, leur refilant, ayant laissé derrière lui avec sa défroque comme une malédiction, un legs empoisonné, un persistant potentiel de violence et de meurtre… », pensa-t-il.
Claude Simon, le Palace, p. 26.
2 Hier, j'ai fait deux cent soixante et un francs, plus une pièce fausse de cinq francs. C'est rare que je m'en fasse refiler une.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 172.
3 (…) je lui refilai une de mes anciennes copines dont il m'a dit, depuis, qu'il était satisfait.
Robert Pinget, Graal flibuste, p. 124.

Encyclopédie Universelle. 2012.