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DRESDE
DRESDE

DRESDE

Ville de la république fédérale d’Allemagne (488 000 hab. en 1990), capitale du Land de Saxe. Située sur l’Elbe, à 106 mètres d’altitude, dans une dépression, Dresde (en allemand Dresden) jouit d’un climat réputé pour sa douceur. Le nom vient du slave et aurait désigné une région marécageuse et boisée. Dresde aurait d’abord été un village de pêcheurs d’une tribu slave, situé sur la rive droite de l’Elbe, avant que des colons allemands ne viennent s’établir sur la rive gauche, sur l’emplacement de ce qui est aujourd’hui la vieille ville (Altstadt ). Un château du margrave Dietrich de Meissen est mentionné pour la première fois en 1206; la ville elle-même apparaît dix ans plus tard dans les documents. En dehors d’une période troublée, pendant laquelle sa possession fut revendiquée par le roi de Bohême, elle est toujours restée sous la domination des margraves de Meissen, plus tard ducs, puis rois de Saxe. En 1485, lors du «partage de Leipzig», elle revint à la branche albertine de la maison de Saxe, qui reçut en 1547 la dignité électorale enlevée à la branche ernestine après la bataille de Mühlberg. Dès 1539, la Réforme avait pénétré à Dresde, qui devint résidence des ducs de Saxe dans le courant du XVIe siècle. Les embellissements que ceux-ci lui ont apportés, surtout Auguste le Fort, qui régna de 1694 à 1733, lui ont valu le surnom de Florence ou d’Athènes du Nord. Pendant la guerre de Sept Ans, les armées prussiennes lui firent subir de sévères dommages. En 1806, elle devint capitale du nouveau royaume de Saxe; les 26 et 27 août 1813, elle fut l’objet d’une bataille qui porte son nom entre les armées napoléoniennes et les Autrichiens. Ses remparts furent abattus dès 1817. Elle fut en 1830 et en 1849 le théâtre de soulèvements, contrecoups des révolutions françaises; le second fut durement réprimé le 9 mai avec l’appui de la Prusse; parmi les prisonniers se trouvait Bakounine, parmi les fugitifs Richard Wagner. Le 10 novembre 1918, la République y fut proclamée, ce qui entraîna trois jours plus tard l’abdication du roi Frédéric-Auguste III. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus exactement le 13 février 1945, la ville, remplie de réfugiés des régions voisines, fut bombardée par les forces aériennes anglo-américaines et en partie rasée; on estime à quatre cent mille le nombre des victimes.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle tranquille résidence princière, dont l’activité tenait à la vie de la cour et aux bureaux du gouvernement, la ville de Dresde connut ensuite un rapide essor dû à une industrialisation accélérée, favorisée par la facilité des communications: outre le port sur l’Elbe, voie navigable reliant Prague à Hambourg, elle est aussi devenue un nœud ferroviaire important. Malgré les ravages de la Seconde Guerre mondiale et les démontages d’usines qui ont suivi, la ville a repris son activité économique (principalement mécanique et optique de précision, matériel électrique et électronique, chimie, construction de machines), mais son importance et sa réputation tiennent surtout à son rôle de centre artistique et touristique.

Si Dresde n’a pas d’ancienne tradition universitaire (elle possède depuis le XIXe siècle une École supérieure technique, aujourd’hui université), la présence de la cour y a favorisé une vie musicale et théâtrale. Toutefois, le célèbre Kreuzchor (chœur de l’église de la Croix) existait déjà au XIIIe siècle, bien avant que les margraves de Meissen n’y établissent leur résidence; mais ce fut l’un d’eux, Maurice de Saxe, qui créa une cantoria en 1548; Heinrich Schütz fut maître de chapelle de ses successeurs de 1615 à sa mort, en 1672, et Carl Maria von Weber vécut également à Dresde. Amateurs de musique, les Électeurs de Saxe furent aussi des collectionneurs passionnés, grâce auxquels la galerie de peinture des maîtres anciens compte aujourd’hui parmi les plus célèbres du monde. Le premier inventaire connu date de 1587; en 1753-1754 fut acquis le tableau qui fit la gloire de la collection, la Madone sixtine de Raphaël. Emportées en 1945 en U.R.S.S., les œuvres qui la composent ont depuis été restituées à l’Allemagne.

La création d’une Académie des beaux-arts valut à la ville de connaître une certaine activité artistique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle; avec Caspar David Friedrich et ses disciples, elle devint le haut lieu de la peinture romantique en Allemagne, comme elle fut un haut lieu de la littérature romantique grâce à Ludwig Tieck. Ce rayonnement ne dura pas: en 1836, le jeune Friedrich Pecht trouve la ville complètement assoupie. En 1905, la communauté artistique de la Brücke y fut fondée par un groupe de jeunes étudiants, parmi lesquels Kirchner et Schmidt-Rottluff, à l’Académie des beaux-arts.

La ville de Dresde offre un des plus beaux ensembles d’architecture du XVIIIe siècle en Allemagne. Les plus célèbres réalisations sont le Zwinger, ensemble de galeries richement ornées entourant un jardin, construit de 1711 à 1722 sur les plans de l’architecte Pöppelmann et décoré de statues de Permoser, l’église Notre-Dame (Frauenkirche), dont la construction fut confiée en 1722 à l’architecte Bähr (détruite en 1945, elle est en cours de reconstruction), et l’église de la Cour (Hofkirche), due à l’Italien Gaetano Chiaveri (1738-1746). L’aspect de la ville au XVIIIe siècle a été fixé par le peintre Bernardo Bellotto, neveu de Canaletto, qui y résida une douzaine d’années.

Le centre monumental de Dresde s’est enrichi au milieu du XIXe siècle d’édifices construits par Gottfried Semper, l’un des architectes les plus importants de son époque: la Galerie de peinture, qui ferme le Zwinger et l’Opéra; ce dernier, détruit en 1945, a été reconstitué jusque dans le détail de sa décoration.

Dresde
(en all. Dresden) v. d'Allemagne, sur l'Elbe, cap. de la Saxe, anc. cap. du royaume de Saxe; 521 000 hab.
Quasiment rasée par les bombardements anglais de février 1945 (env. 40 000 morts), la ville, reconstruite, est devenue un centre industriel.
Université tech. Palais du Zwinger (restauré), abritant une riche pinacothèque.

Encyclopédie Universelle. 2012.