Akademik

prévention

prévention [ prevɑ̃sjɔ̃ ] n. f.
• 1637; « action de devancer » 1374; lat. præventio
1Opinion, sentiment irraisonné d'attirance ou de répulsion antérieur à tout examen ( 1. parti [pris], préjugé) . Examiner les choses sans prévention ni précipitation. « Un juge doit écarter toute prévention » (d'Alembert). Avoir des préventions contre qqn. « Je suis arrivé au milieu de toutes les préventions suscitées contre moi, et j'ai tout vaincu » (Chateaubriand).
Spécialt Disposition d'esprit hostile. « Constantinople justifie toutes mes préventions » (A. Gide).
2(1792) Dr. Situation d'un prévenu (3o). Anciennt Détention préventive (remplacée par la détention provisoire). Faire six mois de prévention.
3Littér. Accusation. « Une vivacité d'innocent qui se débat contre une prévention honteuse » (Maupassant).
4(1883) Cour. Ensemble de mesures préventives contre certains risques; organisation chargée de les appliquer. Prévention des accidents du travail. Prévention routière. Prévention médicale. prophylaxie.

prévention nom féminin (bas latin praeventio, -onis) Opinion préconçue, en général défavorable, à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose : Se heurter aux préventions du public. Ensemble des dispositions prises pour prévenir un danger, un risque, un mal ; organisation chargée de mettre en place ces dispositions : Prévention routière. Prévention de la délinquance. État d'une personne poursuivie en justice comme présumée coupable d'une infraction ; autrefois, temps qu'un prévenu passait en prison avant d'être jugé. (Aujourd'hui Détention provisoire.) Ensemble de moyens médicaux et médico-sociaux mis en œuvre pour empêcher l'apparition, l'aggravation ou l'extension des maladies, ou leurs conséquences à long terme. ● prévention (expressions) nom féminin (bas latin praeventio, -onis) Prévention du cancer, ensemble des mesures qui visent à lutter contre l'exposition aux facteurs de risque de carcinogenèse (prévention primaire) et à traiter les états précancéreux (prévention secondaire). ● prévention (synonymes) nom féminin (bas latin praeventio, -onis) Opinion préconçue, en général défavorable, à l'égard de quelqu'un ou...
Synonymes :
- animosité
- antipathie
- aversion
- idée préconçue
- méfiance
- parti pris
- partialité
- passion
- préjugé

prévention
n. f.
d1./d Ensemble de mesures, organisation, destinées à prévenir certains risques. Prévention routière. Prévention du paludisme.
d2./d Opinion favorable ou (plus souvent) défavorable avant examen. Avoir des préventions contre qqn.
d3./d DR Temps passé en prison avant un jugement.

⇒PRÉVENTION, subst. fém.
A. —1. Ensemble de mesures destinées à éviter un événement qu'on peut prévoir et dont on pense qu'il entraînerait un dommage pour l'individu ou la collectivité; p.méton. organisme chargé de concevoir et d'appliquer ces mesures. Prévention de la délinquance, des accidents, des maladies; prévention médicale, sociale; mesures de prévention. La prévention soutient que les plans en question auraient été perdus chez elle par un individu faisant, à l'étranger, de l'espionnage (Affaire Dreyfus, 1896, p.23). La prévention, en matière de politique criminelle, c'est tout ce qui assainit le milieu social, afin d'empêcher que naisse l'idée criminelle (P. CANNAT, Réf. pénit., 1949, p.23).
Prévention des naissances. ,,Mesure tendant à empêcher une union sexuelle d'aboutir à une naissance`` (A. SAUVY, La Prévention des naissances, 1962, p.6).
Prévention routière. Ensemble de dispositions destinées à réduire le nombre et la gravité des accidents de la route; p.méton. organisme chargé de concevoir et d'appliquer ces dispositions. Campagne d'information de la prévention routière. Pour limiter le nombre d'accidents de la route la prévention routière intervient par un effort d'éducation et d'information, un renforcement de la réglementation, un contrôle des véhicules, une répression plus rigoureuse des infractions (BRANC. Écon. 1978).
2. DR. ANC.
a) ,,Droit pour une juridiction de connaître par préférence à une autre d'une affaire dont elle a été ou s'est saisie la première`` (LEP. 1948). Les baillis et sénéchaux avaient quelquefois le droit de prévention sur les juges subalternes (Ac. 1835, 1878).
b) DR. CANON. Prévention (en cour de Rome). ,,Droit pour la cour de Rome de conférer un bénéfice vacant en devançant le collateur ordinaire`` (LEP. 1948). Le patronage laïc n'est pas sujet à la prévention (Ac. 1798-1878).
B. —Fait de porter sur quelqu'un ou quelque chose un jugement hâtif où interviennent souvent des critères affectifs, et en tout cas préalable à tout examen; opinion qui en résulte. Synon. préjugé.
Le plus souvent au plur. [Le jugement porté est défavorable] Avoir, nourrir de fortes préventions contre qqn; faire tomber les préventions de qqn. Mon oncle Tom avait de grandes préventions contre la profession d'artiste (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.185). D'un seul coup, Jos-Mari sentit ses préventions tomber, ses seuls points d'appui lui manquer, sa timide expérience et ses mots se dérober sous lui (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.65). Nul besoin d'outrer. Il suffit de regarder les faits sans prévention (PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.347).
Rare. [Le jugement porté est favorable] Ma prévention en sa faveur me fait souhaiter qu'il se fût changé en Jean-Baptiste Thiers, curé de Champrond (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.529).
C.DROIT
1. Situation d'une personne prévenue d'une infraction. Il est en prévention, en état de prévention (Ac. 1835-1935).
Loc. prép. Sous la prévention de qqc. En étant prévenu de. Le négociant qui refuse de comparaître peut, pour ce seul fait, être traduit en police correctionnelle, sous la prévention de banqueroute simple (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.377). Entre temps, j'avais comparu deux ou trois fois chez le juge d'instruction, (...) qui n'avait aucun aveu à obtenir de moi (...) et me fit citer par le procureur du Roi en police correctionnelle sous la prévention de coups et blessures volontaires (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Prisons, 1893, p.384).
2. Détention d'un prévenu. Synon. préventive. Faire trois mois de prévention. (Dict. XIXe et XXes.).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: prevention; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1374 prevencion «action d'arriver le premier» (J. GOULAIN, Rational du devin office, BN fr. 437, f° 187 v° ds GDF.); 2. a) 1580 prevention «précaution» (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.473); b) 1883 prévention d'un accident (A. CHARPENTIER, Traité pratique des accouchements, II, 247 ds QUEM. DDL t.8); 3. a) 1590 estre en prevention de «être accusé de» (MONTAIGNE, op. cit., III, 12, p.1053); b) dr. ) 1792 prévention d'un délit (Moniteur univ., séance du 17 juin, Paris, H. Agasse, an IV [1795], n° 170, p.708b); ) 1848 «détention d'un prévenu» (CHATEAUBR., Mém., t.4, p.100); 4. 1637 [éd.] «opinion préconçue, antérieure à tout examen ou raisonnement» (DESCARTES, Discours de la Méthode, Leyde, J. Maire, p.20). Empr. au b. lat. praeventio «action de devancer, action de prévenir en avertissant» (BLAISE Lat. chrét.), dér. du lat. class. praeventum, supin de praevenire, v. prévenir. On note également dans l'anc. lang. prévention, comme terme d'astron. au sens de «opposition» (2e moit. du XIIIes. [ms.] (Introd. à l'astronomie, BN fr. 1353, f° 37c ds GDF.). Fréq. abs. littér.:466. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1245, b) 714; XXes.: a) 247, b) 387.
DÉR. Préventionnaire, subst. Personne qui fait ou a fait de la prison préventive. Un préventionnaire n'est jamais un bon soldat! s'il a été soupçonné, c'est qu'il méritait de l'être! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.62). []. 1re attest. 1934 id.; de prévention au sens de «emprisonnement», suff. -aire2. Fréq. abs. littér.: 12.
BBG. —BRUCKER (Ch.). Dat. nouv. Fr. mod. 1973, t.41, p.293. —HERB. 1961, p.103. —QUEM. DDL t.8, 9. —RANFT 1908, p.86.

prévention [pʀevɑ̃sjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe, « opposition » (en astronomie); « action d'arriver le premier », 1374, au sens jurid.; empr. au lat. præventio, du rad. de prævenire. → Prévenir.
1 (1594). Anc. dr. canon; → Prévenir, I., 2. || Prévention en cour de Rome : droit qu'avait le Saint-Siège de conférer un bénéfice (cit. 9) avant l'ordinaire.
2 (1637; → Prévenir, II., 1.). (La prévention). État d'esprit d'une personne prévenue ( Partialité, préoccupation, vx); (une, des préventions) opinion antérieure à tout examen ( Parti [pris], préjugé), sentiment irraisonné d'attirance ou de répulsion. || Avoir des préventions, de la prévention (plus rare) en faveur de, pour, contre qqn. || La prévention de qqn contre qqn. || Examiner les choses sans prévention ni précipitation (→ Douter, cit. 21; évidemment, cit. 1). || Un juge doit écarter (1. Écarter, cit. 5) toute prévention. || Réponse dictée par quelque prévention religieuse (→ Largeur, cit. 3). || Revenir de ses erreurs et de ses préventions. || Il en coûte aux esprits faibles d'abandonner leurs préventions (→ Plausible, cit. 2).La prévention du peuple en faveur des grands (→ Entêtement, cit. 1). || La prévention de Louis XIV contre le jansénisme (→ Apparent, cit. 3).Éprouver une prévention instinctive ( Défiance), subite. Grippe (prendre en). || Avoir des préventions contre qqn (→ Fixe, cit. 9; murer, cit. 4).
1 (…) je me roidis contre, pour cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne (…)
Pascal, Pensées, IX, 615.
2 Nous autres, personnes du commun, nous regardons les grands seigneurs avec une prévention qui leur prête souvent un air de grandeur que la nature leur a refusé.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, II.
3 (…) je suis arrivé au milieu de toutes les préventions suscitées contre moi, et j'ai tout vaincu; on paraît me regretter.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 151.
4 La précipitation n'est pas la seule cause d'erreur. Il y a aussi la prévention. Nous ne sommes pas des miroirs plans, mais des miroirs déformants. Nous arrivons devant les questions, non comme des surfaces vierges et transparentes, mais avec des opinions de famille, de clan; notre nature, notre hérédité, notre éducation, nous imposent des sentiments.
A. Maurois, Un art de vivre, Art de penser, V.
Spécialt. Disposition d'esprit hostile, malveillante; opinion préconçue défavorable. || Juger d'une pièce en n'ayant « ni prévention aveugle (cit. 19) ni complaisance affectée » (Molière). || Avoir conscience de la prévention dont on est l'objet. Antipathie (→ Indirectement, cit. 2).
5 Il est bon aussi et utile de faire tomber les barrières entre les esprits et les intelligences, de détruire le plus possible les préventions d'homme à homme quand ces hommes ont une valeur et qu'ils mériteraient de s'entendre et de s'apprécier, même en se combattant (…)
Sainte-Beuve, Proudhon, Vie et correspondance, p. 13.
6 Les gens composant la société réunie au château n'étaient pas très propres à le faire revenir des préventions qu'il avait décidément formées pendant son séjour à l'étranger.
A. de Gobineau, les Pléiades, III, VIII.
7 Constantinople justifie toutes mes préventions et rejoint dans l'enfer de mon cœur Venise.
Gide, Journal, 1er mai 1914.
3 (1706). Rhét. Figure par laquelle on répond d'avance à une objection prévue. Prévenir, supra cit. 10; et aussi prolepse.
4 (1792). Dr. Situation d'un prévenu.Anciennt. Détention préventive (remplacée par la détention provisoire). || Faire six mois de prévention. Abrév. (argot) : prévence [pʀevɑ̃s].
8 La cour des pairs est convoquée pour demain afin de mettre en prévention M. de Praslin.
Hugo, Choses vues, I.
Par ext. Accusation. || Innocent qui se défend contre une prévention honteuse (→ Animation, cit. 4).
5 (1883; de prévenir, I., 3.). Cour. Ensemble de mesures préventives contre certains risques; organisation chargée de les appliquer. || Prévention des accidents du travail. || Prévention routière. || Centre national de prévention et de protection (contre le feu).
CONTR. Amour, sympathie.
DÉR. Préventionnaire. V. Préventeur.
COMP. Vaccinoprévention. V. Préventologie, préventologue.

Encyclopédie Universelle. 2012.