DOPAGE
DOPAGE
Le dopage est l’utilisation de substances chimiques et autres moyens propres à augmenter artificiellement le rendement, en vue, ou à l’occasion, de la compétition sportive, au risque de porter préjudice à l’éthique et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète.
Cette définition a inspiré la plupart des lois qui interdisent actuellement la pratique du dopage lors des compétitions sportives. Autrefois, la pratique du dopage était le fait de sportifs professionnels, coureurs cyclistes en particulier. À partir de 1955, l’exemple des cyclistes professionnels fut suivi en France par une grande partie d’athlètes de toutes disciplines et notamment par les jeunes. La situation ainsi créée était telle qu’à la demande du corps médical les pouvoirs publics durent se saisir de la question, ce qui aboutit à faire promulguer (1er juin 1965) une législation interdisant le dopage, fixant les modalités de sa détection, les pénalités encourues non seulement par les utilisateurs de substances dopantes, mais aussi par les fournisseurs de ces substances.
Le dopage est condamnable parce qu’il peut être dangereux. S’il est presque toujours difficile, pour ne pas dire impossible, de prouver l’efficacité réelle d’une substance dopante, il est par contre facile de démontrer que le rôle essentiel du dopage est de masquer les signes naturels de fatigue provoqués par les activités physiques. Ces signes conduisent le sportif à diminuer son effort ou à l’arrêter. S’il est dopé, il ne perçoit plus l’avertissement et peut alors dépasser ses limites physiologiques. Pour peu que la substance employée ait une action susceptible de perturber les équilibres nerveux de l’individu, l’effet toxique de la drogue s’ajoutera aux effets toxiques de la fatigue.
Schématiquement, on peut distinguer trois grandes catégories de dopants: les substances chimiques, les substances hormonales et les autotransfusions.
Dopage chimique . Une liste des spécialités pharmaceutiques interdites au cours des compétitions sportives est établie et tenue à jour par le ministère des Sports. L’usage de ces spécialités tombe sous le coup de la loi. Elles sont classées en neuf groupes (A à I): les groupes A, B et C comprennent les spécialités à base d’amines sympathomimétiques à action psychostimulante, chimiquement dérivées de l’amphétamine ou s’en rapprochant, soit par leur structure chimique, soit par leur activité pharmacologique; les groupes D et E intitulés «alcaloïdes stimulants» se limitent pratiquement aux spécialités à base de strychnine; le groupe F est représenté par l’éphédrine et ses dérivés; les groupes G et H concernent l’Heptaminol et la Coramine, considérés comme tonicardiaques et stimulants vasculaires. Cette liste, qui vise près de deux cents produits, peut paraître étonnante si l’on ne sait pas que la méthode de détection utilisée à partir des urines des sportifs ne permet qu’un dépistage qualitatif. Il est donc facile au sportif d’alléguer qu’il a pris par erreur et en toute bonne foi un produit contenant des substances interdites: d’où la nécessité pour les pouvoirs publics d’éclairer les esprits. Mis à part la strychnine, peu utilisée en raison de son maniement délicat, l’Heptaminol et la Coramine, peu toxiques, les autres substances visées sont essentiellement les amphétamines et les éphédriniques. L’emploi de ces substances est dangereux en raison de leur effet sur le système cardio-vasculaire, et notamment sur la tension artérielle, sur les centres régulateurs de la température, en particulier dans le cas des amphétamines, et sur le psychisme. Non seulement leur emploi ponctuel lors d’une compétition peut être à l’origine d’hémorragies pouvant entraîner des hémiparésies et des hémiparesthésies, d’un accident brutal ventriculaire gauche avec œdème aigu du poumon, d’un coma hyperthermique entraînant la mort, mais leur utilisation prolongée peut également déclencher des psychoses paranoïdes pouvant persister plusieurs jours après la cessation de la médication. On conçoit donc que tout l’effort répressif se soit porté sur le dépistage des amphétamines, essentiellement responsables de tous ces accidents, et des éphédriniques, dont l’effet est cependant beaucoup moins pernicieux.
Le groupe I comporte l’ensemble des produits anabolisants, et avec lui nous entrons dans le dopage par substances hormonales.
Dopage hormonal . Les glyco-corticoïdes (essentiellement le cortisol) sont des hormones de la dépense, du catabolisme, et à ce titre elles sont par définition des substances dopantes. L’effort provoque une élévation importante des glycocorticoïdes. La réaction surrénalienne ne paraît pas s’épuiser lors d’un effort prolongé de trois jours. Si, pour des efforts encore plus prolongés, la surrénale paraît ne plus répondre, c’est le signe certain que physiologiquement l’effort doit être arrêté. Non seulement inutile, mais aussi illogique, l’introduction dans l’organisme d’une cortisone exogène ne peut que freiner la sécrétion spontanée de l’ACTH hypophysaire qui provoque la sécrétion naturelle du cortisol surrénalien. De plus, l’emploi prolongé de corticoïdes est dangereux, car il accentue le déséquilibre endocrinien produit par l’effort au profit des hormones catabolisantes et aux dépens des hormones anabolisantes qui, elles, diminuent au cours de l’effort. La protection de la fibre musculaire n’est plus assurée, et des lésions musculaires peuvent apparaître. L’usage de corticoïdes vient seulement d’être interdit.
Les stéroïdes anabolisants dérivés de l’hormone mâle connaissent actuellement une grande faveur dans le monde sportif. Dans certaines spécialités, comme les lancers, près de 50 à 70 p. 100 des athlètes y ont recours. Sont surtout employés les anabolisants de synthèse à des doses impressionnantes, ce qui entraîne une augmentation du poids et de la masse musculaire. Mais cette augmentation morphologique ne s’accompagne d’une augmentation des performances qu’à la condition que le sujet augmente sa ration protidique et intensifie son entraînement. L’emploi prolongé de ces substances arrive à créer des êtres monstrueux. Par ailleurs, ces anabolisants de synthèse pris par voie buccale entraînent des perturbations du métabolisme glucido-lipidique et peuvent entraîner des altérations hépatiques pouvant être cancéreuses. Les anabolisants ayant été inscrits sur la liste des substances dopantes, les sportifs n’ont pas tardé à savoir que seuls les anabolisants de synthèse pouvaient être détectés par les dosages antidopages. Aussi se sont-ils adressés aux anabolisants hormonaux naturels (testostérone et dihydrotestostérone). Il est en effet très difficile de dire si un taux de testostérone sanguin est physiologique ou non en raison des grandes variations individuelles. D’autre part, il a été récemment démontré que les taux de testostérone et de dihydrotestostérone s’abaissaient d’un jour à l’autre lors des efforts prolongés, malgré l’élévation de l’hormone hypophysaire excitant la sécrétion testiculaire. Ce déficit androgénique apparaît donc comme un danger en regard de la sécrétion accrue des glycocorticoïdes. Il y a là un problème que la poursuite des recherches permettra d’élucider. La surveillance hormonale des athlètes de haut niveau s’impose du point de vue médical. Elle pourra amener à établir des périodes de travail et de repos alternées et en certains cas, peut-être, à tenter de compenser le déficit androgénique sans créer une augmentation du pool androgénique et sans bloquer la sécrétion de la gonadostimuline hypophysaire (LH).
Dopage par autotransfusion . Il consiste à prélever du sang à un athlète, à conserver ses globules et à le lui réinjecter avant une compétition, afin de créer une surcharge globulaire instantanée et, partant, une fixation plus grande d’oxygène. Une expérimentation faite aux États-Unis a montré l’inefficacité habituelle de cette pratique. Par contre, tout le monde est d’accord sur les dangers qu’elle comporte: en modifiant la viscosité sanguine, la tendance agrégante des plaquettes, elle favorise le risque de thrombose vasculaire.
dopage [ dɔpaʒ ] n. m.
• 1921; de doper, d'apr. l'angl. doping
1 ♦ Action de doper, de se doper. ⇒ doping. Le dopage d'un cheval de course.
2 ♦ (1962) Techn. Action de doper (2o); son résultat. Spécialt Action d'ajouter une impureté à un semi-conducteur pour modifier ses propriétés de conduction. — Recomm. offic. pour doping.
● dopage nom masculin Fait d'administrer, d'inciter à l'usage, de faciliter l'utilisation, en vue d'une compétition sportive, de substances ou de procédés de nature à accroître artificiellement les capacités physiques d'une personne ou d'un animal ou à masquer leur emploi en vue d'un contrôle. Action de se doper avec des excitants : Le dopage avant un examen. Action d'augmenter l'activité économique au moyen de stimulants (crédits, détaxation, etc.). Addition d'une quantité minime d'impuretés à un monocristal pour le transformer en semi-conducteur de type P ou de type N. ● dopage (synonymes) nom masculin Fait d'administrer, d'inciter à l'usage, de faciliter l'utilisation, en vue...
Synonymes :
- doping
dopage
n. m.
d1./d Utilisation d'une substance qui a pour effet d'augmenter les performances physiques d'un individu. (Les produits utilisés sont prohibés dans les compétitions sportives.)
d2./d CHIM Modification de certaines des propriétés (d'une substance) par addition d'un dope.
⇒DOPAGE, subst. masc.
A.— Action de doper (une personne, un animal), de se doper afin de fournir un effort, d'augmenter un rendement. Dopage d'un coureur cycliste, d'un cheval; un dopage puissant. C'était une recette à lui, un dopage comme un autre (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 113).
B.— CHIM. ,,Addition contrôlée d'une faible quantité d'impureté à un corps pur pour lui conférer des propriétés particulières`` (LESC. Gloss. 1973) :
• Les propriétés des cristaux dépendent fortement de la présence d'impuretés : aussi les opérations de purification et d'addition d'impuretés — cette dernière étant appelée « dopage » — jouent dans la technologie des semi-conducteurs un rôle analogue à celui de la technique du vide pour les tubes électroniques.
Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 304.
Prononc. :[]. Forme doppage ds DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 401. Étymol. et Hist. 1. 1934 « action de doper » (DANIEL-ROPS, loc. cit.); 2. 1936 « moyen employé pour doper » (VAN DER MEERSCH, loc. cit.). Dér. de doper; (suff. -age) mot équivalent à l'anglo-amér. doping. Fréq. abs. littér. : 2. Bbg. CRADDOCK (J. R.). Rom. Philol. 1972, t. 25, p. 91.
dopage [dɔpaʒ] n. m.
❖
1 Action de doper (1.) ou de se doper (dans l'intention d'un effort à fournir : physique, intellectuel). ⇒ Doping (anglic.). || Produit de dopage. ⇒ Dopant, excitant, stimulant. || Le dopage d'un cheval de course. || Dopage d'un étudiant à l'approche d'un concours, d'un coureur cycliste dans une étape de montagne. || Le dopage des coureurs (hommes, chevaux) est interdit (⇒ Antidopage) et ne se pratique que clandestinement.
1 Il y a une affreuse parodie du jump, c'est le dopage : doper le coureur est aussi criminel, aussi sacrilège que de vouloir imiter Dieu; c'est voler à Dieu le privilège de l'étincelle. Dieu d'ailleurs sait alors se venger : le pauvre Malléjac le sait, qu'un doping provocant a conduit aux portes de la folie (punition des voleurs de feu).
R. Barthes, Mythologies, p. 114.
2 (1962). Techn. Action de doper (2.); son résultat. — Spécialt. Action d'ajouter une impureté à un semi-conducteur pour modifier ses propriétés de conduction.
2 C'est à ce stade qu'intervient la véritable découverte, en 1978, du Japonais Shirakawa et des Américains du laboratoire de Heeger et Mac Diarmid à l'université de Pennsylvanie aux États-Unis. Par addition intentionnelle de certaines impuretés, opération couramment appelée « dopage », la conductivité électrique est multipliée un million de millions de fois.
la Recherche, oct. 1981, p. 1132 (volume 12).
❖
CONTR. et COMP. (Du sens 1) Antidopage.
Encyclopédie Universelle. 2012.