philtre [ filtr ] n. m.
• filtre 1381; lat. philtrum, gr. philtron
♦ Breuvage magique destiné à inspirer l'amour. Le philtre de Tristan et Iseut. ⇒ 2. charme. — Fig. « Tes baisers sont un philtre » (Baudelaire).
⊗ HOM. Filtre.
● philtre nom masculin (latin philtrum, du grec philtron) Breuvage préparé selon les règles de la magie ou de la sorcellerie, destiné à inspirer l'amour. ● philtre (difficultés) nom masculin (latin philtrum, du grec philtron) Orthographe Ne pas confondre ces deux homonymes. 1. Filtre = dispositif qui sert à filtrer (un liquide, un gaz, des particules, un rayonnement). Avec un f : un filtre à café ; cigarettes sans filtre. 2. Philtre = breuvage magique propre à inspirer l'amour. Avec ph- : « Ce serait lui qui aurait fourni à Florian les philtres nécessaires pour séduire Idelette au profit de Cyprien »(M. Yourcenar). ● philtre (homonymes) nom masculin (latin philtrum, du grec philtron) filtre nom masculin filtre forme conjuguée du verbe filtrer filtrent forme conjuguée du verbe filtrer filtres forme conjuguée du verbe filtrer
philtre
n. m. Breuvage magique propre à inspirer l'amour.
⇒PHILTRE, subst. masc.
Mixture, breuvage auquel on attribue des vertus magiques et que l'on utilise notamment pour inspirer l'amour. Tu ne sais composer ni philtres noirs ni charmes Pour parler aux absents ou réveiller les morts (A. FRANCE, Poés., Idylles et lég., 1896, p.103). Elle but quelques gorgées [de vin chaud] avec recueillement comme si elle eût interrogé un philtre de vérité (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.176). V. aimant2 ex. 2, diabolique B 2 a ex. de Beauvoir, érotogène ex. de Louys rem. s.v. érogène:
• 1. ... [la courtisane antique] connaît les philtres qui font aimer et les boissons qui font mourir; les mères en épouvantent leurs fils et les rois languissent pour elle d'amour.
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p.155.
SYNT. Philtre d'amour, de mort; le philtre de Tristan et Isolde; philtre magique, subtil; philtre bienfaisant, malfaisant; philtre empoisonneur, guérisseur; philtre affaiblissant, aphrodisiaque, léthargique, narcotique; recourir aux philtres; préparer, donner, verser, faire boire un philtre à qqn; boire un philtre.
♦P. plaisant. Cette laide servante apporte, sur le petit plateau, écaillé, dans la tasse fumante, «le philtre qui abolit les années!...» Il sent le chocolat, ce philtre (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p.261).
— P. ext. Breuvage ayant certains effets, drogue. Grantaire (...) dormait depuis la veille dans la salle haute du cabaret, assis sur une chaise, affaissé sur une table. Il réalisait, dans toute son énergie, la vieille métaphore: ivre mort. Le hideux philtre absinthe-stout-alcool l'avait jeté en léthargie (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.500). Le docteur aux philtres, qui avait chez lui toute la pharmacopée thessalienne, composa une drogue, écrivit dessus pour l'usage externe, et tendit le flacon au marquis. —«Dans un verre d'eau sucrée, sommeil de six heures.» (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p.272).
— P. métaph. Philtre d'exaltation, de fierté, d'insensibilité; le philtre des regrets. Rien de l'Occident ne m'a donné cela; il n'y a que là-bas [à Alger], où j'ai bu cet air de paradis, ce philtre d'oubli magique, ce Léthé de la patrie parisienne qui coule si doucement de toutes choses! (GONCOURT, Journal, 1854, p.131). Ambitieux et rebelle, agressif et charmant, brutal et tendre, (...) [Lloyd George] excellait à mêler en ses philtres oratoires l'âpreté et la séduction (MAUROIS, Édouard VII, 1933, p.261):
• 2. [Aux esprits que tant d'austérités effrayaient], Barrès offrit ses philtres précieux, ses charmes de traverse, (...) sa tactique des batailles engagées sans conviction, par hygiène et dandysme.
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.108.
Prononc. et Orth.:[]. Homon. filtre. Ac. 1694, 1718: philtre; 1740-1878: philtre, filtre; 1935: philtre. Étymol. et Hist. 1381 (Pénalités anciennes, éd. Ch. Desmaze, p.333); 1523 phyltre (Parthenice Mariane, trad. J. de Mortieres, 33a ds Rom. Forsch. t.32, p.126). Empr. au lat. philtrum, -i «id.», du gr. «id.» dér. de «aimer». Fréq. abs. littér.:153. Bbg. QUEM. DDL t.7.
philtre [filtʀ] n. m.
ÉTYM. 1381, var. filtre par confusion avec l'hom. filtre; lat. philtrum, grec philtron.
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1 Breuvage magique, destiné à provoquer un effet psychologique, et, spécialt, à inspirer l'amour. || Le philtre de Tristan et Yseut (→ Breuvage, cit. 5). || Des enchantements, des philtres et des maléfices (→ Essentiel, cit. 6). ⇒ 2. Charme; magie, sorcellerie. — Philtre d'amour. ⇒ Aphrodisiaque.
1 (Apulée) fut accusé par un chrétien, dont il avait épousé la fille, de l'avoir ensorcelée par des philtres.
Voltaire, Dict. philosophique, Enchantement.
2 Ensuite, avec le vin, il versait aux héros
Le puissant népenthès, oubli de tous les maux;
Il cueillait le moly, fleur qui rend l'homme sage;
Du paisible lotos il mêlait le breuvage.
Des mortels oubliaient, à ce philtre charmés,
Et la douce patrie et les parents aimés.
André Chénier, Bucoliques, IV.
3 (…) la grande pluie des étoiles au début d'août, est propice aux sorcières de Provence qui préparent les philtres d'amour (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVII.
♦ (1738). Par ext. Boisson dangereuse (→ Ivre, cit. 3).
2 (1764). Fig. Ce qui peut inspirer de l'amour ou susciter un sentiment hors du commun.
4 Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », XXI.
5 La jeunesse est le plus puissant des philtres. « Avec ce breuvage-là, dit Gœthe, tu verras Hélène en toute femme ».
A. Maurois, Un art de vivre, II, 1.
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HOM. Filtre.
Encyclopédie Universelle. 2012.