pensant, ante [ pɑ̃sɑ̃, ɑ̃t ] adj.
1 ♦ Qui a la faculté de penser. ⇒ intelligent. Un être pensant. L'homme « est un roseau pensant » (Pascal).
2 ♦ Qui exerce, en fait, sa faculté de penser. « Son salon était le centre naturel de l'Europe pensante » (Michelet). — Tête pensante : personne qui occupe une place centrale dans une organisation, un projet. Il « était la tête pensante de la révolte » (Druon).
3 ♦ Qui pense (bien ou mal). Des gens bien pensants. ⇒ bien-pensant. Personne mal pensante, qui a des idées subversives.
● pensant, pensante adjectif Se dit d'un être qui a la faculté de penser, de raisonner. ● pensant, pensante (synonymes) adjectif Se dit d'un être qui a la faculté de penser...
Synonymes :
pensant, ante
adj. (et n.)
d1./d Qui pense, qui est capable de penser.
d2./d Bien-pensant, mal-pensant: V. ces mots.
⇒PENSANT, -ANTE, part. prés. et adj.
I. —Part. prés. de penser1.
II. —Adjectif
A. —Qui possède la faculté de penser, l'intelligence. Être pensant; substance pensante. Qui de nous ne s'est jamais irrité contre une chose non pensante dont il éprouvait de la douleur ou seulement de la résistance, une pierre, une épine, une branche? (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.212). L'homme est au centre de la création, où il occupe une place privilégiée dans la chaîne des êtres, grâce à sa dignité de créature pensante et consciente, de miroir où l'univers se reflète et se connaît (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.50). V. collectif ex. 5:
• ♦ L'électron, l'atome, la molécule chimique ordinaire, la molécule protéique, la molécule géante, le gène, le chromosome, l'organisme: tels sont quelques-uns des termes de la grandiose progression qui nous mènerait depuis le grain d'énergie jusqu'à l'homme pensant.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.157.
— [P. allus. à Pascal, Pensées, I, 6] Roseau pensant.
— Empl. subst. masc. Il n'y a pas de syllogisme dans le Cogito (...). Il y a un coup de force, un acte réflexe de l'intellect, un vivant et pensant qui crie:J'en ai assez! Votre doute n'a point de racine en moi-même. Je m'en ferai un autre qui ne sert pas à rien, je l'appellerai un doute méthodique (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.229).
— [P. méton., en parlant des attributs de l'être humain, de ses caractères, de ses dimensions philos.] Conscience, faculté pensante; moi, sujet pensant. Qui a jamais douté que Dieu ne puisse unir le principe pensant à la matière organisée? (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.484). Le regard d'autrui ne me transforme en objet, et mon regard ne le transforme en objet, que si l'un et l'autre nous nous retirons dans le fond de notre nature pensante (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p.414). V. âme ex. 82.
B. —Qui met en oeuvre la faculté de penser.
1. —[En parlant d'une pers. ou, p.ext., d'une classe soc., d'un pays] Qui a ou qui construit des idées, émet des opinions. Élite, humanité pensante; Europe, France pensante. La critique universelle, l'un des premiers besoins de l'homme pensant (RENAN, Avenir sc., 1890, p.135). Il est banal de signaler combien, en France par exemple, chez la grande majorité de la jeunesse dite pensante, la dureté est aujourd'hui objet de respect (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p.176).
2. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui occupe une position centrale dans une organisation relativement à son idéologie de base et aux décisions à prendre. Adam Orleton, qui était la tête pensante de la révolte, en groupa la plupart [des fonctions administratives] (DRUON, Louve Fr., 1959, p.334). Mgr Guerry, qui, à 75 ans, avait été une des «têtes pensantes» du Concile (L'Express, 11-17 juill. 1966, p.15, col. 2). Quelques jours plus tard, Lebjaoui avait annoncé qu'un de ses parents Amar Ouzegane, un ancien marxiste, un intellectuel, était prêt lui aussi à «se mouiller». Abane se constituait par l'intermédiaire de H'Didouche l'embryon de l'équipe «pensante» qui à son avis manquait terriblement à l'organisation encore balbutiante (Y. COURRIÈRE, La Guerre d'Algérie, Le Temps des Léopards, 1969, p.131).
C. —Bien-pensant; mal pensant (rem. s.v. mal2)
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.a) Fin XIIes. mal pensant «qui a de mauvais sentiments» (Raoul de Cambrai, 1264 ds T.-L.); av. 1662 «capable de penser» (PASCAL, Le Roseau pensant); b) ca 1210 «pensif» (HERBERT DE DAMMARTIN, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 10414). Part. prés. de penser1. Fréq. abs. littér.:2425. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 3483, b) 2969; XXes.: a) 3230, b) 3807.
pensant, ante [pɑ̃sɑ̃, ɑ̃t] adj.
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1 Qui a la faculté de penser (I., 1. et 2.). || L'homme (cit. 4), être pensant. ⇒ Intelligent. || L'homme (cit. 52 et 55) est un roseau pensant (Pascal), un atome (cit. 13), un automate (cit. 5) pensant.
♦ Qui forme les idées, les jugements. || Faculté pensante.
1 Il se peut que la maladie ait préparé Dostoïevski à ces états les plus rares de l'intuition, où l'élément pensant et l'élément sensible naissent l'un de l'autre, où l'on touche dans le sentiment la pensée à l'état naissant (…)
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV.
2 (…) cet enseignement de la métaphysique moderne exhortant l'homme à tenir en assez faible estime la région proprement pensante de son être et à honorer de tout son culte la partie agissante et voulante.
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 218.
3 La noblesse de tout être pensant réside dans le pouvoir de se vaincre par la réflexion.
F. Mauriac, Journal, III, p. 200.
2 Qui exerce, en fait, sa faculté de penser (I., 1.); spécialt, qui pense de manière active, personnelle. || Le petit nombre d'êtres pensants répandus dans le monde (→ Lettré, cit. 3). ⇒ Intelligence. || Les quelques têtes pensantes qui lisaient encore l'ancienne langue (→ Abrutissement, cit. 3). Par ext. || La substance pensante d'un pays (→ Capitale, cit. 3).
4 Son salon était le centre naturel de l'Europe pensante. Toute nation, comme toute science, avait là sa place.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, IV.
3 Qui pense (d'une certaine façon). || Bien pensant, mal pensant.
b ☑ (1798). Mod. Bien pensant : qui pense conformément à l'ordre établi, qui professe des opinions reçues, surtout dans le domaine social et religieux (généralt péj.). || Des gens bien pensants (→ Fréquenter, cit. 7). || Le juste milieu bien pensant et louis-philippard (cit. 1). || La bourgeoisie bien pensante. — Par ext. || Un journal, une revue bien pensants.
5 Le dégoût qu'inspira à Tolstoï la vue des gens riches et bien pensants, pour qui la foi n'était qu'une sorte de « consolation épicurienne de la vie », le rejeta décidément parmi les hommes simples, qui mettaient seuls d'accord leur vie avec leur foi.
R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 84.
6 Ces jeunes filles étaient « très pieuses et très bien élevées »; intellectuellement, elles étaient les produits de pensionnats très bien pensants (…)
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XIII.
7 Le Dr Brioude était le médecin bien pensant. Comme tel, il avait la clientèle de personnes âgées (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, VI.
♦ N. m. (Nom composé prenant un trait d'union). || Les bien-pensants. || À en croire les bien-pensants… (→ Bien-être, cit. 10). || « La Grande Peur des bien-pensants », ouvrage de Bernanos.
8 (…) ceux qui se prétendent amoureux de l'ordre, respectueux des choses établies, ceux que Tirésias appelle les bien-pensants (…)
Gide, Œdipe, II.
♦ Moins cour. || Mal pensant : dont les opinions s'opposent à l'ordre établi. ⇒ Mal-pensant.
Encyclopédie Universelle. 2012.