paroisse [ parwas ] n. f.
• parosse 1090; lat. ecclés. parochia, gr. paroikia « groupe d'habitations voisines »
1 ♦ Circonscription ecclésiastique où s'exerce le ministère d'un curé, d'un pasteur. Pour les œuvres, pour les pauvres de la paroisse. Se marier dans sa paroisse. Loc. fig. vieilli Il n'est pas de la paroisse : c'est un étranger. Querelles de paroisse, de clocher. Prêcher pour sa paroisse.
2 ♦ Hist. Unité administrative rurale de l'Ancien Régime. La paroisse avait la plupart des fonctions de la commune. Cahiers de paroisse : cahiers de doléances des paroisses.
● paroisse nom féminin (latin ecclésiastique parochia, du grec paroikia) Division territoriale ecclésiastique, subdivision du diocèse, confiée en titre à un curé. Communauté chrétienne dont un curé a la charge. Dans la religion protestante, communauté chrétienne organisée, ayant la forme légale d'une association cultuelle. Au Québec, municipalité rurale administrée par un conseil municipal. ● paroisse (expressions) nom féminin (latin ecclésiastique parochia, du grec paroikia) Paroisse universitaire, groupement des professeurs, instituteurs et institutrices catholiques de l'enseignement public.
paroisse
n. f.
d1./d Territoire sur lequel un curé, un pasteur exerce son ministère; ensemble des habitants de ce territoire.
d2./d Au Québec, municipalité située en milieu rural et dont les limites coïncident généralement avec celles d'une paroisse ecclésiastique. Le maire de la paroisse.
d3./d En Louisiane, division administrative pouvant comprendre plusieurs villages et petites villes.
⇒PAROISSE, subst. fém.
A. — 1. Circonscription ecclésiastique dans laquelle s'exerce le ministère d'un curé. Territoire, église de la paroisse. La paroisse n'avait que trois chasubles: une violette, une noire et une d'étoffe d'or (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1216). À Paris, je fréquente quelques maisons excellentes de la paroisse Sainte-Clotilde (RENAN, Drames philos., Jour an, 1886, p.707):
• 1. Le samedi, le cérémoniaire affichait les noms de ceux qui seraient de service le lendemain à la cathédrale et dans les diverses paroisses de la ville. Aux dimanches ordinaires, on n'envoyait dans les paroisses qu'un diacre et un sous-diacre, mais aux jours de grande fête s'ajoutaient à eux un cérémoniaire, un thuriféraire et deux acolytes.
BILLY, Introïbo, 1939, p.82.
SYNT. Paroisse mondaine, pauvre, riche; clergé, curé, vicaire de la paroisse; les oeuvres, les pauvres de la paroisse.
— Proverbe. Il faut placer le clocher au milieu de la paroisse. V. clocher1 C.
— Expr. fam.
a) Vx. [En parlant d'éléments de la parure] De deux paroisses. Composé d'éléments disparates, mal assortis. (Dict.XIXes.).
♦[En parlant de pers.; p.allus. à l'habit bicolore des bedeaux desservant deux paroisses fusionnées] Porter habit de deux paroisses. Louvoyer entre deux attitudes, deux partis (Dict.XIXes.).
b) [En parlant de pers.]
♦Être de la même paroisse. Être du même avis:
• 2. Venir comparer celle-ci [Eugénie de Guérin] et Mme Swetchine, catholique à catholique, c'est trop proche et trop aisé; il n'y a pas assez d'intervalle ni d'ouverture pour les points de vue: elles sont de la même paroisse.
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.9, 1865, p.245.
♦Ne pas être de la paroisse. Être étranger (à quelque chose). Ce que femme veut, Dieu le veut. Voilà, en sept mots, toute la charte parisienne. Mais je ne suis pas de la paroisse (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.11).
♦Prêcher pour sa paroisse.
♦Fam., péj. Coq de (la) paroisse. Le plus riche habitant d'un bourg, d'un village. C'est le coq de sa paroisse. C'est un coq de paroisse (Ac. 1835-1935).
c) [En parlant de choses ou de pers.] De toutes les paroisses. De toute provenance. Sur la planche supérieure du grand meuble sont les grands livres, les grands manuscrits de toutes les paroisses, que leur format expulse des rayons de la bibliothèque (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t.2, 1881, p.108). Des mendiants, de toutes les paroisses, des vieilles qui avaient le gros-cou, des idiots jaunes comme de la chandelle, à longs cheveux raides, des estropiés couverts d'ulcères (POURRAT, Gaspard, 1922, p.108):
• 3. «Je n'ai, m'a-t-il dit, que cette chance de me rappeler à son souvenir (...)» —Et vous estimeriez une femme capable de garder des souvenirs de toutes les paroisses? dit Modeste.
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p.250.
2. Division territoriale dans laquelle s'exerce le ministère d'un pasteur protestant ou, p.ext., d'un chef spirituel d'une religion quelconque. Ce que vous me dites des paroisses de Londres m'a d'autant plus intéressé que j'y ai vu la confirmation entière de mes idées en cette matière (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Reeve], 1836, p.29):
• 4. ... l'iman, toujours souriant, s'excusa du piètre tapis sur lequel nous marchions: ce tapis n'était guère qu'une loque. Mais les tapis de mosquée coûtent cher, et la paroisse de Mehmed Sokoli n'est point riche.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.260.
3. P. méton.
a) Église de la paroisse. Aller à la messe à sa paroisse; clocher de la paroisse. L'église des Minimes, notre paroisse, où j'allais, tous les quinze jours, m'agenouiller et parler à voix basse, le coeur battant, de ce qui se passait en moi (BOURGET, Disciple, 1889, p.84):
• 5. C'est toujours le personnel obligé de ces peintures mystiques: la Vierge (...) et le donateur qui a commandé au peintre l'ex-voto pour sa chapelle ou sa paroisse.
GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p.83.
b) Ensemble des habitants ou des fidèles de la paroisse. Curé estimé de sa paroisse. Après l'évangile, le curé monta en chaire, demanda la bénédiction au P. abbé, fit l'éloge des moines et exprima, au nom de la paroisse, le regret de les voir partir (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.231). Les vertus de Noémi que M. le curé a choisie entre toutes et qui édifie la paroisse (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p.161):
• 6. Thomas Gourvennec gagna le choeur (...) et se signa comme un prêtre. Tous se signaient à leur tour. «Mes chers frères», leur dit-il, et il entama un discours véhément contre les mauvais chrétiens. La paroisse l'écoutait sans surprise, avec une attention fidèle.
QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.26.
B. —HISTOIRE
1. [Sous l'Ancien Régime] Circonscription administrative rurale correspondant à la paroisse. Assemblée, conseil de paroisse; députés de paroisses. J'ai revu le tombeau de M. de Longaunay (...). Son titre de noble est seulement effacé. Tous les noms des paroisses dont il était seigneur y sont encore (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1803, p.1). Dans nos pays, plus les paroisses sont pauvres, de maigre sol, plus les communaux sont grands (POURRAT, Gaspard, 1930, p.89):
• 7. ... nous tous, ouvriers, bourgeois, paysans, nous irions nous assembler à l'hôtel de ville, pour dresser un cahier de nos plaintes et doléances, et nommer des députés qui porteraient ce cahier à l'endroit qu'on nous dirait plus tard (...). Dieu merci, nous avions des plaintes à mettre dans les cahiers de chaque paroisse.
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.1, 1870, p.120.
2. [Au Canada] ,,Municipalité rurale administrée par un conseil municipal et qui n'est ni une municipalité de village, ni une municipalité de canton, ni une municipalité de partie de canton, ni une municipalité de comté`` (Canada 1930). Le maire de la paroisse (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.55).
Prononc. et Orth.:[], [-]. ,,Les Parisiens âgés disent parwas (...), avec un a fermé. C'est la prononciation la plus commune en province`` (ROUSS.-LACL. 1927, p.121). MARTINET-WALTER 1973 [-as], [-] (11/6). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1155 «circonscription ecclésiastique où s'exerce le ministère d'un curé» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 5244); 1174-76 (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 3312); 2. 1174-87 barroche «église de la paroisse» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 6231: Se tu es an leu ou il ait Mostier, chapele ne barroche); 1287 l'uis de la barroche (doc. ds GDF. Compl.); 3. fig. a) 1376 estre paroissien de la grant paroisse aus chiens «être du nombre de ceux qui se laissent mener à la baguette [comme des chiens]» (Modus et Ratio, 118, 779-80, éd. G. Tilander; v. le gloss.); b) av. 1520 [estre] de deux paroisses «être faux, trahir» (Rec. Trepperel, I, Sotties, éd. E. Droz, XV, 405, p.334); 4. 1636 «l'ensemble des paroissiens» (MONET: Parroisse, cors des parroissiens). B. 1283 «circonscription rurale» (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1387). Du lat. chrét. parochia désignant le territoire d'un ressort eccl., spéc. le ressort d'une église épiscopale, un diocèse (employé dans ce sens, concurremment avec diocesis jusqu'à la fin du XIes., ca 1076 ds NIERM.); fin IVe-début Ves. ST JÉRÔME, PAULIN DE NOLE ds BLAISE Lat. chrét.; —au plur. des paroisses, d'abord communautés chrétiennes situées hors de la cité épiscopale: début Ves., ibid.; —de là des églises de campagne: Ves., SIDOINE APOLLINAIRE, ibid.; —fin VIIIes. le ressort d'une église paroissiale, NIERM.; puis au Moy. Âge l'ensemble des paroissiens: XIIes. ds BLAISE Latin. Med. Aev. Le lat. parochia est une altération d'une forme ant. paroecia (HIER., Ep., 82, 8 et passim ds BLAISE Lat. chrét.; transcr. du gr. eccl. «séjour dans un pays étranger» Septante Sagesse, XIX, 10; Actes, XIII, 17 [désigne le séjour en Égypte]; puis «communauté, église particulière» début IVes.; «diocèse» 2e moitié IVes. ds Archéol. chrét. t.13, 2e partie, col. 2199) sous l'infl. du lat. class. parochus «régisseur des magistrats en voyage» (transc. du gr. de «fournir, offrir, présenter»). est dér. de proprement «celui qui habite à côté, près» désignant les étrangers, ceux qui n'ont pas droit de cité (Septante Gen. XV, 3), de «demeurer auprès de; séjourner dans un pays comme étranger» (Septante Gen. XII, 10 [à propos d'Abraham séjournant en Égypte]), les chrétiens se considérant comme citoyens de l'au-delà, de passage dans la cité terrestre. Fréq. abs. littér.:1059. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1270, b) 1508; XXes.: a) 2092, b) 1352. Bbg. HÉLIN (M.). Christianitas. Arch. Lat. Med. Aev. 1959, t.29, p.229. —HERBILLON (J.). Paroisse et sart «division administrative». R. belge Philol. Hist. 1969, t.47, pp.480-481. —RICHARD (W.) 1959, p.98.
paroisse [paʀwas] n. f.
ÉTYM. V. 1155; lat. ecclés. parochia, du lat. paroecia, grec paroikia, de para- « à côté », et oikia « maison », proprt « groupe d'habitations voisines ».
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1 Circonscription ecclésiastique où s'exerce le ministère d'un curé (cit. 2). || Territoire, église de la paroisse. || Érection d'une commune en paroisse (→ Fonds, cit. 8). || Ville qui possède plusieurs paroisses. || Paroisse mondaine (→ Curé, cit. 4), paroisse riche, pauvre. || Le clergé de la paroisse. || Le curé, chef ecclésiastique (cit. 2) de la paroisse (→ Église, cit. 12). || Desservant, marguillier (cit. 1), vicaire de la paroisse (→ Champion, cit. 2). || Registres de la paroisse (→ Ascendance, cit. 1; enterrer, cit. 10). || Pour les œuvres, pour les pauvres de la paroisse. || Se marier dans sa paroisse. — (1636). L'ensemble des fidèles de la paroisse. || L'abbé X est estimé de toute la paroisse.
1 Jour anniversaire de ma nomination au poste d'Ambricourt. Trois mois déjà ! J'ai bien prié ce matin pour ma paroisse, ma pauvre paroisse — ma première et dernière paroisse peut-être, car je souhaiterais d'y mourir. Ma paroisse ! Un mot qu'on ne peut prononcer sans émotion, — que dis-je ! sans un élan d'amour (…) Je sais (…) que nous sommes l'un à l'autre pour l'éternité, car elle est une cellule vivante de l'Église impérissable et non pas une fiction administrative.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 38.
♦ Division territoriale où s'exerce le ministère d'un pasteur protestant.
2 Lorsque le pasteur Théophile Sabatier fut nommé au temple de l'Oratoire, il désira habiter sa nouvelle paroisse.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 463.
♦ ☑ Fam. Il n'est pas de la paroisse : c'est un étranger. — ☑ (Av. 1850). Des gens de toutes les paroisses, de toute espèce ou provenance (péj.). — ☑ (1875). Être de la même paroisse, du même avis, de la même opinion. ☑ Querelles de paroisse. ⇒ Clocher. ☑ Coq de paroisse. — ☑ Prov. Il faut placer le clocher au milieu de la paroisse.
3 Je ne comprends pas (…) que Marie-Gilbert nous invite avec toute cette lie. On peut dire qu'il y en a ici de toutes les paroisses.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 96.
2 (V. 1283). Hist. Unité administrative rurale de l'Ancien Régime, qui était une paroisse (au sens 1). || Les villes et les paroisses. || Assemblée de paroisse. || La paroisse avait la plupart des fonctions de la commune. || Louvois exigea que chaque paroisse lui fournît des miliciens (→ Milice, cit. 3). || Cahiers de paroisses ou de doléances (cit. 5).
4 La paroisse est obligée de s'imposer elle-même pour faire face à ces dépenses (d'intérêt communal), c'est l'assemblée qui y pourvoit et le seigneur en profite pour lui confier l'assiette et la perception de sa taille. Le roi, à l'exemple du seigneur, utilise le cadre paroissial. Il invite le curé à publier ses ordonnances au prône et il utilise l'assemblée générale pour organiser ses finances et son armée : (…)
P.-C. Timbal, Hist. des institutions, t. II, no 391.
♦ En Angleterre. District administratif correspondant souvent à une paroisse (1.).
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DÉR. Paroissial, paroissien.
Encyclopédie Universelle. 2012.