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ouf

1. ouf [ 'uf ] interj.
• 1642; of 1579; onomat.
1Vx Interjection qui exprime la douleur soudaine, l'étouffement. Mod. Loc. Il n'a pas eu le temps de dire ouf, de réagir, de faire face à la situation. « Bon Dieu ! un homme ne peut pas crever comme un rat pour rien et sans faire ouf » (Sartre).
2Mod. Exprimant le soulagement. Ouf ! enfin, on respire. Ouf ! bon débarras. N. m. inv. Pousser un ouf, des ouf de soulagement.
ouf 2. ouf [ 'uf ] adj. inv.
• v. 1990; verlan de fou
Fam. Fou. T'es ouf, ou quoi ?

⇒OUF, onomat. et interj.
I.Onomat. [S'emploie pour transcrire le son étouffé produit par qqn venant d'effectuer un effort pénible ou de supporter une douleur, une gêne ayant entraîné chez lui une difficulté momentanée à respirer] Essayons de nous relever, allons! un bon coup de reins! ouf! Il se relève tout à coup sur son séant (FLAUB., Tentation, 1849, p.424). La pauvre femme marchait péniblement, tirait la jambe. Comme elle étouffait un peu, elle s'arrêta, posa son sac à terre et délaça son corset. —Ouf!... fit-elle en aspirant de larges bouffées d'air (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.323). Après la fumée de cet atelier, ouf! ça fait du bien de marcher un peu (GIDE, Geneviève, 1936, p.1372).
Locutions
Ne pas/sans (avoir le temps de) dire/crier/souffleraire ouf. Sans (avoir le temps de) prononcer un mot, réagir. —C'est que c'est si désert par ici! —(...) On serait assassiné avant d'avoir le temps de dire ouf! (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.130). Pan, pan, aussi sec, mon poing dans chaque oeil (...), total, voilà le gros par terre, sans dire ouf (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.19):
1. Ceux qui ne sont pas arrachés par les éclats sont assommés par le vent du machin, ou clabottent asphyxiés sans avoir le temps de souffler ouf.
BARBUSSE, Feu, 1916, p.232.
Au fig. Sans problèmes, sans difficultés:
2. Généralement, il est vrai, les nouveautés dont on s'alarme se passent fort bien. Les républicains les plus sages pensaient qu'il était fou de faire la séparation de l'Église. Elle a passé comme une lettre à la poste. Dreyfus a été réhabilité, Picquart ministre de la guerre, sans qu'on crie ouf.
PROUST, Temps retr., 1922, p.797.
Sans dire ouf. Sans piper mot. Est-ce-que Guillaume s'est jamais avisé de me cacher quelque chose, de rester des trois jours sans me dire ouf, et de babiller ensuite comme une pie borgne? (BALZAC, Mais. chat, 1830, p.58). —(...) Il faut le distraire. —Le distraire! Monsieur, vous ne le connaissez pas. Il a tué l'autre jour un homme sans dire ouf!... Rien ne le distrait (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.292).
Empl. subst. masc. Quand les cuivres crachent leur dernière salive, leur aboi satisfait, leur ouf tonal (ARNOUX, Renc. Wagner, 1927, p.24).
II.Interj. [S'emploie pour exprimer la satisfaction du locuteur après qu'un événement heureux (prévu ou non prévu) a soudainement mis fin à la situation pénible ou dangereuse qu'il vivait] Petypon: Nom d'un chien, cachons-la! (Il prend le tapis de table qui est sur la chaise du fond et en recouvre complètement sa femme. Paraît le général). Ouf! Il était temps! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 24, p.26):
3. Il nous en fallait une [une voiture]. L'homme au fouet (...) monta sur son siège et poussa son cheval en avant. Nous étions sauvés. —Ouf! m'écriai-je, en m'épongeant le front, car, malgré le froid, je suais à grosses gouttes.
A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.477.
Crieraire ouf! Manifester, exprimer son soulagement. La sagesse consiste à crier ouf! parce que rien n'est arrivé de ce que l'on pouvait craindre, et à profiter de nos chances (COCTEAU, Parents, 1938, III, 2, p.277).
Empl. subst. masc. Enfin il m'est permis de proférer l'irrésistible ouf! que lâche avec tant de bonheur tout simple mortel (...) condamné à une course forcée, quand il peut se jeter dans l'oasis de repos tant espérée (BAUDEL., Curios. esthét., Salon, 1859, p.285):
4. Il en poussait des «ouf!» discrets, pareillement un père de famille qui a enfin réussi à embarquer pour la Bolivie le fils prodigue de qui les honteuses débauches souillaient de fange les cheveux blancs.
COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., p.244.
Prononc. et Orth.:[uf]. WARN. 1968 ,,initiale aspirée``. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1548 hauf! (NOËL DU FAIL, Baliverneries, éd. G. Milin, p.19); 1579 of! (LARIVEY, Laquais, III, 5, Anc. théâtre fr., t.5, p.65); 1642 ouff! (OUDIN Fr.-Ital.). Onomatopée. Fréq. abs. littér.:206. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 139, b) 365; XXe s.: a) 466, b) 280.

1. ouf [uf] interj.
ÉTYM. 1642; of, 1579; onomatopée.
1 Vieilli. Interjection qui exprime la douleur soudaine, l'étouffement.
1 J'étouffe. Ouf, ouf, la peur m'empêche de parler.
J.-F. Regnard, le Légataire universel, IV, 8.
Il n'a pas eu le temps de dire, de faire ouf : il n'a pas eu le temps de prononcer un mot, de pousser une simple exclamation. || Sans dire, sans faire ouf.
1.1 Généralement, il est vrai, les nouveautés dont on s'alarme se passent fort bien. Les républicains les plus sages pensaient qu'il était fou de faire la séparation de l'Église. Elle a passé comme une lettre à la poste. Dreyfus a été réhabilité, Picquart ministre de la guerre, sans qu'on crie ouf. Pourtant que ne peut-on pas craindre d'un surmenage pareil à celui d'une guerre ininterrompue pendant plusieurs années !
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 797.
2 Bon Dieu ! un homme ne peut pas crever comme un rat, pour rien et sans faire ouf.
Sartre, Morts sans sépulture, I, 1.
2.1 (…) parlant vite, s'embrouillant et se débrouillant au hasard, sans faire ouf, avec une étourdissante facilité.
Kateb Yacine, Nedjma, p. 163-164.
2 Mod. Interjection exprimant le soulagement qui succède à un travail pénible, à un désagrément, à une impression d'étouffement ou d'oppression. || Ouf ! enfin, on respire. || Ouf ! bon débarras.N. m. || Pousser un ouf, des ouf de soulagement.
3 Enfin, il m'est permis de proférer l'irrésistible ouf ! que lâche avec tant de bonheur tout simple mortel, non privé de sa rate et condamné à une course forcée, quand il peut se jeter dans l'oasis de repos tant espérée depuis longtemps.
Baudelaire, les Curiosités esthétiques, IX, X.
4 La radio m'a informé que tous les oiseaux étaient foutus dans les îles sanctuaires et je me suis senti mieux, comme ça au moins il n'y avait plus rien à faire. On n'avait pas besoin de moi. Ouf. Ça faisait un souci de moins.
É. Ajar (R. Gary), l'Angoisse du roi Salomon, p. 153.
tableau Principales interjections.
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2. ouf ['uf] adj. invar.
ÉTYM. V. 1990; verlan de fou.
Fam. Fou, folle; qui se comporte de manière étrange, bizarre, peu sensée. || T'es ouf, ou quoi ? || Elle est ouf, cette meuf !

Encyclopédie Universelle. 2012.