mouture [ mutyr ] n. f.
1 ♦ Opération de meunerie qui consiste à réduire en farine des grains de céréales, et spécialt du blé. Mouture haute (par cylindre); mouture basse (par meules).— Par ext. Mouture du café.
2 ♦ Produit résultant de cette opération. Bluter la mouture. Résidus des moutures (issues, son), de la mouture de gruau (remoulage).
3 ♦ Fig. et péj. Reprise, sous une forme plus ou moins différente, d'un sujet déjà traité. C'est au moins la troisième mouture du même ouvrage.
♢ Première mouture : premier état d'une œuvre. Voici la dernière mouture de mon article. ⇒ version.
● mouture nom féminin (latin populaire molitura, du latin classique molere, moudre) Action ou manière de moudre, des céréales, du café ; produit ainsi obtenu. Nouvelle présentation d'un sujet que l'on a déjà traité, d'un ouvrage antérieur : C'est une autre mouture d'un article déjà publié. ● mouture (expressions) nom féminin (latin populaire molitura, du latin classique molere, moudre) Première mouture, premier état d'une œuvre littéraire, d'un projet, etc. ● mouture (synonymes) nom féminin (latin populaire molitura, du latin classique molere, moudre) Nouvelle présentation d'un sujet que l'on a déjà traité, d'un...
Synonymes :
- version
mouture
n. f.
d1./d Action de moudre le grain.
d2./d Produit qui en résulte. Une excellente mouture.
d3./d (Souvent péjor.) Fig. Version remaniée d'un sujet déjà traité. Faire paraître une nouvelle mouture d'une oeuvre ancienne.
⇒MOUTURE, subst. fém.
A.— 1. MEUN. Action, manière de moudre les grains de céréales, en particulier, du blé, par cylindres ou par meules.
♦ Mouture haute. La mouture progressive automatique par cylindres est le procédé qui donne les meilleurs résultats : on emploie un procédé de mouture haute consistant à « croquer » progressivement le grain entre des cylindres cannelés pour libérer l'amande farineuse (BRUNERIE, Indust. alim., 1949, p. 8).
♦ Mouture basse. ,,Mouture effectuée en rapprochant les deux meules du moulin et permettant d'obtenir le maximum de farine`` (Lar. encyclop.).
♦ Mouture en grosse, à la grosse. ,,Mouture qui livre au boulanger la farine brute, et l'oblige à bluter pour séparer de la fleur le son et le gruau`` (CHESN. t. 1 1858).
♦ Mouture rustique. Mouture ,,blutée par un seul bluteau`` (CHESN. t. 1 1858).
2. P. méton.
a) Produit qui en résulte. Mouture épaisse, fine; mouture de gruau. Quand le maître meunier rentra, Madge était couchée sur le dos la tête dans la mouture (SCHWOB, Monelle, 1894, p. 50). Lise eût voulu du blé. (...) Et Lise n'avait pas d'argent. Elle dut, pour recevoir des déchets de mouture, travailler dans les fermes, pétrir le pain (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 382).
— Mélange de froment, de seigle et d'orge, en proportions égales. Pain de mouture. Vous savez ce que j'ai fait; je le rappellerai cependant, afin que vous ne m'accusiez pas de donner de la mouture pour de la farine de blé (CLAUDEL, Tête d'or, 1890, 2e part., p. 93).
— P. anal. Les super-ciments doivent leurs qualités à leur cuisson à haute température et à leur grande finesse de mouture (Arts et litt., t. 1, 1935, p. 20-9). Les cendres, le poussier, la mouture de briques ont souillé même le gilet (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 237).
— P. métaph. Car il arrive (...) que les nuages s'ouvrent et versent leur blanche mouture (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 135).
b) HIST. Taxe prélevée par un seigneur propriétaire d'un moulin; vx salaire du meunier pour son travail. Qu'est-ce ça te fait? dit M. Bricolin, puisqu'il vient chercher les sacs et qu'il les rapporte sans prendre un grain de blé de plus que la mouture? (SAND, Meunier d'Angib., 1845, p. 105). Le conquérant se fit une position formidable (...) commode (...) pour veiller aux droits de mouture frappés sur les moulins (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 326).
B.— Au fig.
1. Fam., parfois péj. Nouvelle version, présentée sous une forme plus ou moins différente d'un sujet déjà traité. À force de raffiner sur sa manière, de compliquer les choses, il [Pierre Corneille]arrive à composer un pastiche de pastiche, comme si Héraclius n'était qu'une seconde mouture de Rodogune (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 253).
— Première mouture. [À propos d'une œuvre littéraire et rare, d'une pers.] ,,Première version`` (Lar. Lang. fr.).
♦ [P. anal.] Certains grands hommes semblent avoir été les précurseurs similaires, ou les premières moutures d'autres grands hommes, venus bien après eux (L. DAUDET, Universaux, 1935, p. 66).
2. Loc. verb. fig., vx. Tirer deux moutures d'un sac, d'un même sac. Tirer double profit d'une même affaire, double parti d'une même chose. Le mystérieux rapport qui existait entre l'observation menaçante du Chouan et l'offre de l'hôte, assez commune chez les aubergistes qui cherchent toujours à tirer deux moutures du sac, piqua sa curiosité (BALZAC, Chouans, 1829, p. 88).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1240 « salaire du meunier » (Mai, Petit reg. de cuir noir, f° 79 r°, A. Tournai ds GDF. Compl.); 1542 tirer d'un sac deux moustures « tirer double profit, double utilité d'une chose » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, chap. 20, p. 80, var. E); 2. 1254 Molture « action de moudre le blé » (NOV., Cart. de Cambron, p. 437 ds GDF. Compl.); 1339 blef de muiture « mélange par tiers de froment, seigle et orge » (Lettr. de Confirm., A.N. JJ 72, f° 224 r° ds GDF. Compl.); 3. 1935 seconde mouture « nouvelle présentation un peu différente d'un sujet déjà traité » (Ac.). D'un lat. molitura « céréales amenées au moulin », « salaire du meunier », « blé de mouture », attesté dans les lang. rom. : ital., gallo-rom., rhéto-rom. et ibéro-rom. (v. FEW t. 6, 3, pp. 42b-43), cf. aussi le lat. médiév. molitura (ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :21.
mouture [mutyʀ] n. f.
ÉTYM. 1214 au sens 3; 1254. molture au sens 1; du lat. pop. molitura, de molere « moudre ».
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1 Opération de meunerie qui consiste à réduire en farine des grains de céréales, et, spécialt, du blé. || Procédés de mouture, mouture haute (par cylindres), pratiquée dans tous les grands moulins modernes; mouture basse (par meules). || Classement des produits de la mouture par grosseur (blutage) et densité (sassage).
♦ (1690). Par ext. Produit résultant de cette opération. || Bluter la mouture. || Résidus des moutures (⇒ Issues, son), de la mouture de gruau (⇒ Remoulage).
1 Ce n'est que lorsque le système de la mouture « haute » par cylindres, pratiquée dès 1873 en Hongrie, permit, en agissant progressivement sur le blé, d'obtenir des farines très blanches (…) que la boulangerie s'enorgueillit de livrer enfin aux consommateurs, un pain léger et très blanc (…)
Georges Ray, les Industries de l'alimentation, p. 45.
2 (1561). Techn. Mélange par tiers de froment, de seigle et d'orge. || Pain de mouture.
3 Rare. Prix dû ou payé au meunier pour son travail. || Meunier qui réclame sa mouture. — Par métaphore :
2 Tirer de soi toute la mouture qu'on en peut tirer, voilà qui devient la règle du monde. L'idée que le noble est celui qui ne gagne pas d'argent, et que toute exploitation commerciale ou industrielle, quelque honnête qu'elle soit, ravale celui qui l'exerce et l'empêche d'être du premier cercle humain, cette idée s'en va de jour en jour.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, IV.
4 Rare. Grains moulus en une fois. — ☑ Loc. cour. (1784). Tirer deux moutures d'un sac, du même sac : tirer double profit d'une même affaire, double parti d'une même chose.
3 Cette femme possédait au suprême degré l'art de tirer d'un sac dix moutures, de cacher à l'un ce qu'elle recevait de l'autre, et à moi ce qu'elle recevait de tous.
Rousseau, les Confessions, IX.
5 (XXe). Fig. (Souvent péj.). Reprise d'un sujet déjà traité, d'un thème connu, qui sera présenté sous une forme plus ou moins différente des précédentes. || Les multiples moutures de Dom Juan, d' Amphitryon…
♦ (Déb. XXe). || Première mouture : premier état d'une œuvre. || Je vais vous montrer la dernière mouture de mon article. ⇒ Version.
Encyclopédie Universelle. 2012.