morfondu, ue [ mɔrfɔ̃dy ] adj. ♦ Ennuyé d'une vaine attente, d'une déception. ⇒ dépité. « très morfondue à la pensée qu'elle ne le verrait pas » (Montherlant). — Un air morfondu.
⇒MORFONDU, -UE, part. passé, adj. et subst. masc.
I. —Part. passé de morfondre ou emploi adj.
A. —Qui est pénétré d'humidité, de froid. Vainement me suppliait-il, enroué et morfondu, de lui permettre au moins de rallumer son rat de cave à ma bougie pour chercher sa route (BERTRAND, Gaspard, 1841, p.97). Il promenait un regard indulgent sur ces rangs de vieux messieurs décrépits, morfondus, l'œil larmoyant de froid (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, 1360).
B. —Qui a attendu longuement dans l'ennui et, p. méton. qui est tourmenté, insatisfait, dépité. Elle était entrée la dernière dans la grange, très morfondue à la pensée qu'elle ne le verrait pas (MONTHERL., Songe, 1922, p.86). Imaginez ensuite vos déjeuners, vos soirées en face de cet époux morfondu, morose, rancuneux, sevré de toute illusion conjugale? (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p.304).
— Morfondu de. Je m'en vais avec un coeur tout transpercé et morfondu d'angoisse, en songeant que je ne vous laisse pas heureuse (SAND, F. le Champi, 1848, p.87). Morfondu de honte, il vint vers le milieu de la pièce en haussant les épaules (AYMÉ, Mais. basse, 1934, p.27).
II. —Adj., vx. [En parlant d'un cheval] Catarrheux:
• ♦ Mais trois coups de marteau font retentir la porte:
C'est la poste du soir; le courrier qui l'apporte,
Ainsi que son cheval, bien morfondu, bien las,
Revient glacé de givre et poudré de frimas...
DELILLE, Homme champs, Paris, Michaud, 1824 [1805], p.221.
III. —Subst. masc. Allons-nous croupir ici jusqu'à la mort? Donnez des ordres, je vous en conjure; commandez votre équipage de morfondus, de spectres. Qu'on pare et oriente la voilure (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p.193).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.: 27. Bbg. ORR (J.). Qq. mises au point étymol. Mél. Dauzat (A.) 1951, p.255. — QUEM. DDL t.5.
Encyclopédie Universelle. 2012.