monolithe [ mɔnɔlit ] adj. et n. m.
• 1532, rare av. XVIIIe; lat. d'o. gr. monolithus
1 ♦ Archit. Qui est d'un seul bloc de pierre (en parlant d'un ouvrage de grandes dimensions). ⇒ monolithique. Colonne, linteau monolithe.
2 ♦ N. m. Monument monolithe (⇒ mégalithe). Par ext. Très grosse pierre. Gibraltar, « c'est un monolithe monstrueux lancé du ciel » (Gautier).
● monolithe adjectif et nom masculin (latin monolithus, du grec monolithos) Se dit d'un élément de construction taillé dans un seul bloc de pierre ; d'un bâtiment rupestre, taillé dans la roche ; d'un ouvrage moulé en béton armé. ● monolithe nom masculin Ensemble rocheux de taille métrique à kilométrique, généralement constitué d'un même type de roche, et dégagé par l'érosion différentielle.
monolithe
adj. et n. m.
d1./d adj. Qui est formé d'une seule pierre. Colonne monolithe.
d2./d n. m. Monument fait d'une seule pierre.
⇒MONOLITHE, adj. et subst. masc.
A. — 1. ARCHIT., ART. (Élément architectural, monument, ouvrage) fait d'un seul bloc de pierre de grandes dimensions. Construction, jambage, panneau, statue monolithe. Des colonnes monolithes de granit ou de marbre (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1863, p.475). Cette porte c'est tout ce qu'il en reste [du temple]. Porte monolithe, dernier vestige d'une civilisation dont personne ne sait rien (MORAND, Air indien, 1932, p.140). Un barrage monolithe doit naturellement reposer sur un terrain résistant, c'est-à-dire sur le rocher (THALLER, Houille blanche, 1952, p.36). V. claveau2 ex.:
• 1. L'un des rampants monolithes du fronton de la colonnade s'étant rompu au montage on en fit un en aggloméré, et cet aggloméré est toujours là; on ne le distingue pas du rampant qui est en pierre naturelle.
Arts et litt., 1935, p.20-08.
♦Pierre monolithe. Pierre de grandes dimensions. Des galeries voûtées (...) formées de pierres monolithes d'une grandeur et d'un agencement extraordinaires (DU CAMP, Nil, 1854, p.299).
— Emploi subst. Il s'arrêta devant le Palais d'Hiver, traversa lentement la place où jaillit de son socle d'airain le prodigieux monolithe de la colonne Alexandrine (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p.73). À Samarcande, le mausolée de Tamerlan est un monolithe de néphrite (METTA, Pierres préc., 1960, p.93):
• 2. En mêlant, en noyant dans un mortier (...) de menus éclats de pierre (...), l'industrie humaine se crée de très-grandes pierres artificielles (...) Ces matériaux appelés bétons permettent à l'ingénieur (...) d'employer des monolithes plus effrayants que ceux de l'Égypte.
Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p.112.
♦Synon. de mégalithe. La pierre-qui-tourne, un monolithe druidique, autour duquel on pratiquait alors des fouilles (ZOLA, E.Rougon, 1876, p.167).
2. P. anal. C'est un bloc abrupt, d'apparence inaccessible (...). Le sol tout alentour est uniformément sablonneux. Les deux autres soulèvements sont granitiques. Énormes verrues monolithes (GIDE, Retour Tchad, 1928, p.944).
— Emploi subst. Voici qu'au-dessus des pentes boisées, dans la lumière d'un matin d'été, se dresse le gigantesque monolithe du «Mont Inaccessible», aujourd'hui mont Aiguille, la septième merveille du Dauphiné (Jeux et sports, 1967, p.1646).
B. — P. ext.
1. Qui est d'une seule pièce, d'un seul bloc, massif. À gauche, le trapèze monolithe, ferme, dense, serré, hérissé, de l'Université. À droite, le vaste demi-cercle de la ville beaucoup plus mêlé de jardins et de monuments (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.157). En acajou massif, sans aucune moulure ni vantail apparent, ce meuble est un de ceux qui méritent le mieux l'appellation de monolithe (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p.138).
2. Qui a l'homogénéité, la cohésion d'un monolithe. Le béton est un matériau monolithe obtenu par association de pierre, de sable et d'une pâte de ciment (CLÉRET DE LANGAVANT, Ciments et bétons, 1953, p.155).
C. — Au fig. Qui est tout d'une pièce, sans nuance, rigide, inébranlable. Une immense certitude monolithe (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p.145):
• 3. ... les premiers romans soviétiques (...) étaient à la fois sceptiques et pleins d'une conviction profonde; le relativisme propre à l'époque précédente s'y liait à la soif (...) de comprendre, la joie monolithe et parfois grossière des gens appelés pour la première fois à la création de la vie.
Arts et litt., 1936, p.54-06.
— Emploi subst. Je commence à être usé, je le sens. Ma colère d'hier en est une preuve. Il ne faut pas m'en vouloir (...). Si injustifiées fussent-elles, Noël Schoudler n'avait pas coutume de s'excuser de ses colères. François crut réellement que son père était fatigué. Cette marque d'affaiblissement, de vieillissement, cette fissure dans le monolithe lui furent pénibles (DRUON, Gdes fam., t.2, 1948, p.39).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. Adj. 1532 «fait d'une seule pierre» (Compt. de la gr. comm. de S.-Den., Arch. LL ds GDF.: hanap monolythe d'agate), rare av. 1803 (BOISTE). B. Subst. 1813 «ouvrage fait d'une seule pierre» (GATTEL). Empr. au b. lat. monolithus «d'une seule pierre» (cf. BLAISE Lat. chrét.); lui-même empr. au gr. «id.» de , v. mono- et de , v. -lithe. Fréq. abs. littér.:30.
DÉR. 1. Monolithique, adj. a) Synon. de monolithe (supra A). Une statue monolithique (CENDRARS, Dan Yack, Plan de l'aiguille, 1929, p.93). Est-il châssis plus rigide que celui qui se trouve intimement lié à la carrosserie lorsque celle-ci constitue une véritable construction «monolithique»? (TINARD, Automob., 1951, p.327). b) [Notamment en parlant d'une doctrine, d'un organisme] Synon. de monolithe (supra C). Gouvernement, parti, système monolithique. Éviter que, devant l'organisation de l'enseignement public, ne se créent des organisations monolithiques concurrentes (Encyclop. éduc., 1960, p.69). Le monde paysan français n'est pas un bloc monolithique. Il est au contraire extrêmement diversifié (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p.28). Dans la mesure où toutes les administrations sont nécessaires à l'exécution d'une politique économique, elle ne peut, de ce fait, prendre un caractère monolithique et c'est ce qui lui permet d'éviter les conséquences fâcheuses de l'esprit du système (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.205). — []. — 1res attest. a) 1868 «qui est d'une seule pierre» (SOUVIRON, Dict. des termes techniques, 344 ds QUEM. DDL t.12), b) 1946 fig. «où n'apparaissent pas les tendances variées (d'un parti)» (L. CLEYSSAC in Les Temps mod., n° 10, juill., 94 ds QUEM. DDL t.18); de monolithe, suff. -ique. 2. Monolithisme, subst. masc. a) Archit. [Correspond à monolithe A] Système de construction en pierres de grandes dimensions. Il y eut ce qu'on peut appeler un style hérodien, d'un aspect général ressemblant au dorique (...) caractérisé en Palestine par le monolithisme (...) ailleurs par l'emploi de colonnes de granit (...) de syénite, de marbres venus d'Égypte (RENAN, Hist. peuple Isr., t.5, 1892, pp.268-269). b) Caractère de ce qui est monolithe, monolithique. ) [Correspond à monolithe B 2] Le succès du béton de ciment armé vient de ses qualités: monolithisme, grande inertie, résistance à l'incendie, aux tremblements de terre, rapidité de construction (Arts et litt., 1935, p.20-09). ) [Correspond à monolithique b] Aménagements des vacances scolaires pour mettre fin à leur monolithisme, échelonnement renforcé des congés administratifs, organisation méthodique de «décrochages» entre les diverses branches de l'industrie, avec le concours des milieux professionnels (JOCARD, Tour. et action État, 1966, p.273). L'administration (...) n'a pas de doctrine propre. Elle n'appartient, dans sa masse, à aucun syndicat unique, à aucun parti totalitaire, et elle n'est marquée par aucun monolithisme (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.435). — []. — 1res attest. a) 1864 archit. (RENAN, Mission en Phénicie, Paris, Impr. impériale, p.822), b) 1935 SOUVARINE, Staline, 418 ds QUEM. DDL t.26; de monolithe, suff. -isme.
BBG. — Sculpt. 1978, p.585.
monolithe [monolit; mɔnɔlit] adj. et n. m.
ÉTYM. 1803; monolythe (d'un vase), 1532; lat. d'orig. grecque monolithus; → Mono-, et -lithe.
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1 Archit. Qui est d'un seul bloc de pierre (en parlant d'un ouvrage de grandes dimensions). ⇒ Monolithique. || Colonne, stèle, obélisque, linteau monolithe.
1 (…) au-dessus d'un épais linteau monolithe, a été pratiqué un vide pyramidal, masqué seulement par un bloc bien plus mince, dans lequel on a sculpté deux lionnes (la porte des lionnes à Mycènes)
G. Contenau et V. Chapot, l'Art antique, p. 152.
2 N. m. Monument monolithe.
♦ Par ext. Très grosse pierre.
2 L'aspect de Gibraltar dépayse tout à fait l'imagination (…) Figurez-vous un immense rocher, ou plutôt une montagne de quinze cents pieds de haut qui surgit subitement, brusquement, du milieu de la mer sur une terre si plate et si basse qu'à peine l'aperçoit-on (…) c'est un monolithe monstrueux lancé du ciel, un morceau de planète écornée tombé là pendant une bataille d'astres, un fragment du monde cassé.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 278.
♦ Abstrait. Ensemble rigide et inébranlable. || « L'énorme monolithe de l'injustice » (Maeterlinck, in G. L. L. F.).
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DÉR. Monolithique, monolithisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.