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CYANA
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CYANA

Jadis, Hérodote a conté l’histoire de la jeune Grecque Cyana et de son père Scyllias: par une nuit de tempête qui battait le mouillage du mont Pélion, ils tranchèrent sous l’eau les câbles des navires de Xerxès qui, désemparés, s’éventrèrent sur les rochers de la côte. Aujourd’hui, Cyana est le nom donné à un sous-marin d’exploration, qui descend à 3 000 mètres et pèse moins de 9 tonnes. Contrairement aux bathyscaphes comme l’Archimède , dont la flottabilité est assurée par l’adjonction d’un imposant flotteur empli d’essence d’avion de densité 0,7 environ, le submersible Cyana utilise un matériau de flottabilité de seconde génération, constitué de microbilles de verre creuses enrobées dans une résine. Le principe reste le même: le poids apparent de la sphère résistante dans laquelle pilotes et observateur prennent place est exactement compensé par la poussée obtenue par le matériau de flottabilité; les mouvements ascensionnels sont obtenus à l’aide d’une faible surcharge pour la descente, et d’un lest largable lors de la remontée. En pratique, les caractéristiques de l’essence et de la mousse syntactique sont différentes: l’essence est compressible et se contracte en se refroidissant, alors que la mousse syntactique conserve un volume pratiquement constant au cours de la plongée. Ainsi, au cours de ses plongées dans la fosse des Kouriles en 1962, l’Archimède devait larguer une dizaine de tonnes de lest sous forme de grenaille de fer pour remonter de 9 500 mètres, alors que Cyana utilise un lest de 250 kilogrammes seulement.

Entré en service en 1973, le submersible Cyana atteint une profondeur maximale d’utilisation de 3 000 mètres. Sa sphère résistante en acier de 2,10 m de diamètre peut accueillir deux pilotes et un observateur scientifique avec une autonomie respiratoire de soixante-douze heures. La sphère est protégée par une coque extérieure qui abrite également le matériau de flottabilité, la source d’énergie (batteries au plomb), les silos à grenaille, et l’ensemble des équipements de navigation et d’exploration. Cyana mesure 5,70 m de longueur, 3,04 m de largeur et 2,10 m de hauteur. Son poids total, avec équipement et équipage, est légèrement inférieur à 9 tonnes. Cyana possède deux moteurs de propulsion latéraux, un moteur transversal arrière servant de gouvernail et un moteur vertical de sustentation. La vitesse de descente est de l’ordre de 0,4 m/s. La durée de plongée, qui est déterminée par l’autonomie électrique, est de huit à neuf heures.

En avant du sous-marin, dans le champ de vision de deux grands hublots utilisés par le pilote et l’observateur, sont groupés les différents équipements d’exploration: appareils photographiques, caméras vidéo noir et couleurs de prises de vue, bras télémanipulateur terminé par une pince préhensile, trémie de récolte d’échantillons.

Au cours de ses plongées, la soucoupe Cyana est guidée dans ses déplacements grâce à un système de balises acoustiques posées au fond, à partir du navire porteur en surface. Par rapport à cette référence, la navigation de Cyana est précise à une dizaine de mètres près.

Cyana a permis notamment la découverte d’une série de sites hydrothermaux actifs sur la dorsale du Pacifique oriental par 11 à 13 degrés de latitude Nord. Depuis lors, l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) a construit le Nautile , submersible plus performant qui plonge à 6 000 mètres de profondeur, donnant ainsi la possibilité d’étudier près de 98 p. 100 des fonds océaniques.

Encyclopédie Universelle. 2012.