mésallier (se) [ mezalje ] v. pron. <conjug. : 7>
• 1510; de mé- et allier
♦ Faire une mésalliance.
mésallier (se)
v. Pron. épouser une personne d'une condition considérée comme inférieure.
⇒MÉSALLIER, verbe trans.
[Le compl. désigne une pers.]
A. — Rare. Mésallier qqn. Allier, marier, unir par mariage une personne à une autre jugée de condition inférieure. Ce tuteur refuse un parti fort riche, pour ne point mésallier sa pupille (Ac. 1798-1935).
— [P. méton.] Jeanne (...) avait songé à son père, mort en soldat et en gentilhomme, à ce noble nom qu'il lui avait laissé et qu'elle ne devait point mésallier, elle s'était demandé si les distinctions sociales n'avaient point creusé un abîme entre elle et cet homme qu'elle avait aperçu sous l'humble bourgeron d'un ouvrier; et si, tout honorable et loyal qu'il pût être, elle aurait le droit de lui tendre la main (PONSON DU TERR., Rocambole, t.1, 1859, p.303).
B. — Emploi pronom. Songez donc que je m'appelle de Sévigné, que les Sévigné sont une souche bretonne vieille de neuf siècles, et que mes grands-pères, par entêtement de noblesse, ne se sont pas mésalliés trois fois en neuf cents ans. J'ai donc, bon gré mal gré, la cervelle d'un Celte de l'an mille (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.208). «... la Maison de France n'avait plus assez de quartiers depuis qu'elle s'était mésalliée.» L'étonnement de Bloch allait grandissant. «Mésalliée, la Maison de France? Comment ça? — Mais en s'alliant aux Médicis, répondit Mme de Villeparisis...» (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.199):
• ♦ [Les indigènes des Philippines, de Formose, de la nouvelle Guinée] se mêlèrent avec les peuples conquérans, et il en est résulté une race d'hommes très-noirs dont la couleur conserve encore quelques nuances de plus que celle de certaines familles du pays, qui, vraisemblablement, se sont fait un point d'honneur de ne pas se mésallier. Ces deux races, très-distinctes, ont frappé nos yeux aux îles des Navigateurs, et je ne leur attribue pas d'autre origine.
Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.230.
— Au fig. Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier, Prendre à la prose un peu de son air familier (HUGO, Contempl., t.1, 1856, p.33).
Prononc. et Orth.:[mezalje]. Ac. 1694-1740 mesallier, dep. 1762 mé-. Étymol. et Hist. 1. 1510 pronom. «faire une mésalliance» (Coutumes d'Auvergne, 12, 36 ds Z. rom. Philol. t.67, 1951, p.31); 2. trans. a) 1690 (BOURSAULT, Fables d'Esope, I, 6 ds LITTRÉ: J'aime mieux être seule et dans l'inaction Que de mésallier ma conversation); b) 1694 «faire une mésalliance» (Ac.). Dér. de allier; préf. mé-. Fréq. abs. littér.:25.
mésallier [mezalje] v. tr.
ÉTYM. 1610; de més-, et allier.
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♦ (Rare à l'actif). Allier par le mariage à une personne de naissance, de condition inférieure. || Il a mésallié sa fille.
♦ V. pron. (1651). || Se mésallier : se marier avec une personne de naissance, de condition inférieure. — Par extension :
1 Un malheur qui leur arrivait parfois était de se mésallier; non dans le mariage, ce qui eût été de mauvais goût. Il ne s'agissait que de mésalliances d'amants. Une grande dame oubliait son rang dans les bras d'un roturier d'une suprême distinction personnelle (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII, p. 243.
♦ Figuré :
2 Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,
Prendre à la prose un peu de son air familier.
Hugo, les Contemplations, I, V.
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mésallié, ée p. p. adj.
♦ || Une baronne mésalliée. — N. || Des mésalliés.
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DÉR. Mésalliance.
Encyclopédie Universelle. 2012.