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méfiance

méfiance [ mefjɑ̃s ] n. f.
XVe; de méfier
Disposition à se méfier; état d'une personne qui se méfie. défiance, doute. Avoir, éprouver de la méfiance à l'égard de qqn. suspicion. Éveiller, apaiser, dissiper la méfiance de qqn. PROV. Méfiance est mère de sûreté. prudence. ⊗ CONTR. Confiance.

méfiance nom féminin État d'esprit de quelqu'un qui se tient sur ses gardes face à quelqu'un d'autre ou à propos de quelque chose : Éveiller la méfiance de quelqu'un.méfiance (citations) nom féminin Maurice Donnay Paris 1859-Paris 1945 Académie française, 1907 On peut, on doit abuser de la confiance d'une femme, mais jamais de sa méfiance… C'est dangereux. Georgette Lemeunier Fasquelle Joseph Joubert Montignac, Corrèze, 1754-Villeneuve-sur-Yonne 1824 Un jeune homme méfiant est en danger d'être un jour fourbe. Carnets Prosper Mérimée Paris 1803-Cannes 1870 Académie française, 1844 Souviens-toi de te méfier. Commentaire Mérimée avait fait graver cette devise — en grec — à l'intérieur du chaton d'une bague qu'il portait habituellement. Jacques Perret Trappes 1901-Paris 1992 Il faut se méfier des grandes gueules, bien sûr, et, par conséquent, se méfier aussi bien du préjugé contre les grandes gueules. Bande à part Gallimard Jean-François Paul de Gondi, cardinal de Retz Montmirail 1613-Paris 1679 L'un des plus grands défauts du cardinal Mazarin est qu'il n'a jamais pu croire que personne lui parlât avec une bonne intention. Mémoires Mateo Alemán Séville 1547-au Mexique vers 1614 À grande offrande, grande réflexion, et à politesse extrême, méfiance extrême ! ¡ A grande oferta, grande pensamiento, y a mucha cortesia, mayor cuidado ! Guzmán de Alfaracheméfiance (synonymes) nom féminin État d'esprit de quelqu'un qui se tient sur ses gardes...
Synonymes :
- défiance
- soupçon
- suspicion
Contraires :
- abandon
- confiance

méfiance
n. f. Disposition à être méfiant; état de la personne qui se méfie. Ses arguments ont éveillé ma méfiance.

⇒MÉFIANCE, subst. fém.
Disposition d'esprit qui conduit à se méfier de quelqu'un ou de quelque chose; état d'une personne qui se méfie. Synon. défiance; anton. confiance. Méfiance maladive; méfiance à l'égard, à l'endroit, contre, envers qqn/qqc.; avoir, éprouver de la méfiance; dissiper, éveiller, exciter la méfiance de qqn. La présence de notre hôte semblait le gêner, et une certaine méfiance les éloignait l'un de l'autre sans que j'en devinasse positivement la cause (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p.8). Elle avait pour le papier noirci une méfiance de paysan: tout cela n'était bon qu'à vous faire perdre votre temps et à vous attirer des ennuis (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.508):
♦ L'imagination d'une jeune fille n'étant glacée par aucune expérience désagréable, et le feu de la première jeunesse se trouvant dans toute sa force, il est possible qu'à propos d'un homme quelconque, elle se crée une image ravissante. (...) Plus tard, détrompée de cet amant et de tous les hommes, l'expérience de la triste réalité a diminué chez elle le pouvoir de la cristallisation, la méfiance a coupé les ailes à l'imagination.
STENDHAL, Amour, 1882, p.21.
[Constr. avec un compl. prép. de indiquant l'objet de la méfiance] Rare. Le «tu est malheureusement laide» de ma mère m'obsédait, malgré les démentis qui lui avaient été donnés pendant ma vie d'infirmière. Ma méfiance de moi demeurait profonde (MAUROIS, Climats, 1928, p.161). En Allemagne, dès qu'on s'écarte des milieux militaires, on constate une méfiance assez générale de l'armée et du nationalisme (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.342).
[En fonction de déterminant] Air, atmosphère de méfiance. La biologie, qu'ils ne savent pas, (dont ils se méfient tout de même, d'instinct, le seul instinct qu'ils aient, l'instinct de méfiance) (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p.815). Cette hostilité [au suffrage universel] est attribuée à un esprit de méfiance et de crainte à l'égard des masses populaires, à l'idée que des électeurs bourgeois, des «citoyens qui possèdent», sont plus conservateurs que les autres (BAINVILLE, Hist. Fr., t.2, 1924, p.165).
Loc. adv.
Avec méfiance. Agir avec méfiance. Il la regardait d'un air joyeux, d'un air de bonne humeur. La vieille le considérait avec méfiance, cherchant le piège (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Petit fût, 1884, p.147). Il regarde avec méfiance le confessionnal vide, si proche. La porte close au rideau vert l'invite (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.305).
En méfiance. Induire, mettre qqn en méfiance. Pécuchet également conçut des doutes, et ils prirent en méfiance les historiens. La révolution est, pour les uns, un événement satanique. D'autres la proclament une exception sublime. Les vaincus de chaque côté, naturellement, sont des martyrs (FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.122). [M. Mentré]: «J'ai toujours été en méfiance vis-à-vis des modernes philosophes du sentiment et de la vie. Je ne puis croire qu'ils soient convaincus (...)» (THIBAUDET, Réflex. Litt., 1936, p.121).
Par méfiance. Il ne fit aucune attention à moi (...). D'ailleurs, les premiers jours, il se comporta de la sorte envers tous; mais c'était sans doute par méfiance et non par timidité (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p.26).
Sans méfiance. Être sans méfiance. Le véhicule arrive donc dans les pattes du costaud qui pérorait sans méfiance (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.30).
Rem. On relève qq. emplois rares au plur. avec une valeur de résultatif. Considérez que chacun de ces tyrans connaissait personnellement chacun des républicains dont il savait être exécré (...), que plusieurs de ces tyrans périrent par l'assassinat, et vous comprendrez les haines profondes, les méfiances éternelles qui donnèrent tant d'esprit et de courage aux Italiens du XVIe siècle (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p.141). Les deux époux se rendaient-ils compte que leur seule présence (...) pouvait suggérer aux malveillants des ironies, pire encore, et aux fidèles, comme moi, des tristesses, des craintes, des méfiances? (BOURGET, Sens mort, 1915, p.31).
Proverbe. Méfiance est mère de sûreté. Il faut se méfier pour n'être pas trompé.
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694, 1718: meffiance; dep. 1740: méfiance. Étymol. et Hist. XVe s. (Chronique rimée ds BOUTEILLER, La Guerre de Metz, 392). Dér. de méfier; suff. -ance. Fréq. abs. littér.: 830. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 667, b) 666; XXe s.: a) 897, b) 2063.

méfiance [mefjɑ̃s] n. f.
ÉTYM. XVe; de méfier.
Disposition à se méfier; état de celui qui se méfie. Défiance (cit. 1), doute. || Méfiance d'un peureux, d'un jaloux. || Éveiller la méfiance de qqn (→ Éveil, cit. 6). || Avoir, éprouver de la méfiance à l'égard de qqn. Suspicion; soupçonner. || Précautions inspirées par la méfiance. || Méfiance maladive (→ Démêlé, cit. 2). || Apaiser, dissiper la méfiance de qqn.Vivre sans méfiance (→ Jouer, cit. 61).
Loc. prov. || « Méfiance est mère de sûreté » (→ Expérimenté, cit. 3, La Fontaine) : il faut montrer de la méfiance pour n'être point trompé.
1 Dans l'amour, la tromperie va presque toujours plus loin que la méfiance.
La Rochefoucauld, Maximes, 335.
2 (…) Jacques avait trop de sens pour abuser de celle dont il voulait faire sa femme, et se préparer une méfiance qui aurait pu empoisonner le reste de sa vie.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 740.
3 Mais nous n'inspirons pas de méfiance, et on nous recommande seulement de ne pas faire de bruit en entrant dans cette chambre du premier (…)
Loti, Mon frère Yves, X.
4 Démarche motivée, non par des raisons claires, mais par une trouble méfiance. Crainte des commérages, soit; mais aussi précaution instinctive devant la réserve de Clotilde, prudence obscure envers soi-même, inexplicable et sûr pressentiment. Cet homme était doué pour entendre les présages.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 305.
CONTR. Abandon, assurance, confiance, créance, foi.

Encyclopédie Universelle. 2012.