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CRÉDIT AGRICOLE
CRÉDIT AGRICOLE

CRÉDIT AGRICOLE

Le Crédit agricole — en réalité le Crédit agricole mutuel — doit son origine à une loi de 1894 qui autorisait la constitution, entre les membres des syndicats agricoles, de caisses locales ayant pour objet de faciliter l’octroi aux sociétaires de crédits nécessaires au financement de leur production. Ce dispositif s’inspire du schéma mis en place au XIXe siècle en Allemagne par un fonctionnaire municipal, Friedrich Wilhelm Raiffeisen. La caisse de crédit se veut la synthèse de l’organisation charitable et de la coopérative et doit faciliter le financement de l’agriculture. Jusqu’en 1920, ce système ne diffère pas fondamentalement d’un système mutualiste classique. C’est une loi de 1920 qui réalise la première codification des prêts d’investissement à moyen terme et greffe l’intervention durable de l’État dans le dispositif.

Le Crédit agricole est organisé en trois strates. Les caisses locales, qui sont des sociétés coopératives, sont réunies dans des caisses régionales, elles-mêmes à forme coopérative; à l’échelon national, la Fédération nationale du Crédit agricole (association, loi de 1901) constitue une sorte de club des caisses régionales, avec un rôle d’essence politique: elle est la chambre professionnelle des caisses régionales et l’instance de concertation du Crédit agricole. C’est la Caisse nationale de crédit agricole (C.N.C.A.), qui coordonne et contrôle l’action financière des caisses locales, émet les emprunts et distribue les prêts et les subventions de l’État: elle est la banque centrale du groupe, responsable des filiales nationales et du développement international. Légalement reconnue en décembre 1978 comme établissement public à caractère industriel et commercial, la C.N.C.A. est devenue, le 18 janvier 1988, une simple société anonyme que les caisses régionales ont rachetée dans le cadre de la loi de « mutualisation» votée à la fin de 1987, c’est-à-dire de privatisation. Son capital est détenu par les caisses régionales (pour plus de 90 p. 100) et par les salariés du groupe. Son directeur général n’est plus nommé par décret, mais les anciens ministères de tutelle, à savoir les Finances et l’Agriculture, conservent toutefois un pouvoir d’agrément.

Avec 68 caisses régionales, presque toutes départementales, auxquelles se rattachent 2 800 caisses locales et 8 300 guichets, le Crédit agricole est devenu la première banque des ménages et de collecte de l’épargne, avec 15 millions de clients. Tout en restant le vecteur privilégié du financement de l’agriculture et de l’agroalimentaire, il a considérablement élargi sa palette d’interventions: ses concours à ces secteurs ne représentent plus qu’un tiers de son activité de prêt.

En effet, après avoir bénéficié d’un essor extraordinaire après la Seconde Guerre mondiale grâce aux subventions de l’État et au monopole des prêts bonifiés consentis aux agriculteurs, les caisses régionales furent autorisées en 1948 à financer plus largement les investissements du monde rural. Elles furent autorisées, en 1959, à financer le logement et l’habitat dans les communes rurales. En 1971, une étape importante intervient avec l’extension des possibilités de prêts non bonifiés et de prêts aux logements. En 1982, c’est l’autorisation de financer les dépenses des ménages dans toutes les zones urbaines et rurales, cela en compensation de l’assujettissement des bénéfices du Crédit agricole à l’impôt sur les bénéfices. Enfin, en 1981, la «banque verte» bénéficie de l’extension de ses prêts aux P.M.E. et à l’agroalimentaire dans les communes de moins de douze mille habitants.

Banque quasi exclusive de l’agriculture (avec 80 p. 100 des parts de marché de l’ensemble des prêts bancaires, 90 p. 100 des prêts bonifiés et 22,5 milliards de concours en 1994), la «banque verte» s’affirme ainsi également comme la première banque des particuliers et la troisième banque des P.M.E.

Son activité se déploie également vers les entreprises à travers Unicrédit, banque commerciale nationale présente auprès de 57 des 100 premiers groupes français, et elle a aussi une activité internationale. Le développement à l’étranger du Crédit agricole est récent: l’ouverture de la première succursale hors des frontières, à Chicago, premier marché mondial de l’agroalimentaire, remonte à 1979. Le réseau international couvre aujourd’hui une vingtaine d’implantations dans seize pays.

Sa connaissance privilégiée de l’agroalimentaire donne à la «banque verte» une expertise dans le financement du négoce international. Elle développe ainsi des opérations sur les matières premières d’origine agricole ainsi que sur le pétrole et les métaux à partir des grandes places commerciales de Paris, New York, Londres et Genève. Enfin, le Crédit agricole a choisi de prendre des participations dans des banques de réseau bien implantées sur leurs marchés nationaux, en Europe et en Amérique latine. Crédit agricole Consultants a été créé en 1992 pour proposer des services de conseil, d’assistance technique ou de formation dans les pays de l’Est. Cette filiale intervient auprès de banques spécialisées dans le financement de l’agriculture dans la C.E.I., mais aussi, dans le domaine de la formation, en Pologne, au Kazakhstan, au Vietman, en Uruguay.

Le Crédit agricole est également très actif sur le marché des capitaux. Les activités de courtage sur les marchés à terme ont été développées sur les places de Paris, Londres et Chicago. Enfin, dans le domaine de l’assurance, la filiale d’assurance-vie Predica est le deuxième organisme de collecte des produits de capitalisation et le premier des «bancassureurs» français.

Encyclopédie Universelle. 2012.