maquis [ maki ] n. m.
• 1829; makis 1775; corse macchia « tache »
1 ♦ Formation végétale (arbrisseaux adaptés à l'aridité) issue de la dégradation de la forêt méditerranéenne d'yeuses et de chênes-lièges. Le maquis corse. « l'impénétrable maquis, formé de chênes verts, de genévriers, d'arbousiers » (Maupassant). — Prendre le maquis : se cacher dans le maquis.
2 ♦ Fig. Complication inextricable. Le maquis de la procédure. « On se perd dans ce maquis de mémoires et de libelles » (Barrès).
3 ♦ (1942) Sous l'occupation allemande, Lieu peu accessible où se regroupaient les résistants. Être dans le maquis. ⇒ maquisard. Le maquis du Vercors. Loc. Prendre le maquis : entrer dans la clandestinité, pour échapper aux autorités.
♢ Par ext. Organisation de résistance armée. « les maquis se multiplient et entament la guérilla » (de Gaulle).
4 ♦ Petit restaurant plus ou moins clandestin, en Afrique.
⊗ HOM. Maki.
● maquis nom masculin (corse macchia, tache) Formation d'arbustes et de buissons résultant de la dégradation de la forêt méditerranéenne de chênes-lièges sur sols siliceux, consécutive à l'action du feu et des hommes (abattage et pâturage). Lieu retiré où se réunissaient les résistants à l'occupation allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale ; groupe de ces résistants. Complication inextricable : Le maquis de la procédure. En Afrique, bar, dancing. ● maquis (expressions) nom masculin (corse macchia, tache) Prendre le maquis, échapper aux lois de l'autorité établie en passant dans la vie clandestine. ● maquis (homonymes) nom masculin (corse macchia, tache) maki nom masculin maqui nom masculin
maquis
n. m.
rI./r
d1./d Formation végétale dense des régions méditerranéennes, caractérisée par des plantes adaptées à la sécheresse.
— Gagner, prendre le maquis, s'y réfugier (selon la coutume des bandits corses).
d2./d Fig. Ce qui est ou paraît impénétrable, inextricable. Le maquis de la procédure.
rII./r HIST En France, pendant la guerre de 1939-1945, ensemble des régions où trouvaient refuge les résistants qui luttaient contre l'occupant; l'ensemble de ces résistants.
|| Organisation de lutte contre un état, etc., retranchée dans des lieux d'accès difficile.
rIII/r (Afr. subsah.)
d1./d Restaurant clandestin.
d2./d Bar mal famé.
|| Quartier mal famé. Les maquis de la capitale.
⇒MAQUIS, subst. masc.
A. — 1. Végétation dense et peu accessible des régions méditerranéennes (notamment de la Corse), se développant sur un sol siliceux et comprenant surtout des espèces arbustives, broussailleuses et épineuses. V. alaterne ex. 3:
• 1. Ce qui sent bon [en Corse], ce qui lance des effluves capiteux et salubres, ce sont les branches et les feuilles, c'est le maquis lui-même, un taillis presque impénétrable de toutes sortes d'arbres résineux.
COPPÉE, Franc-parler II, 1896, p. 232.
— P. méton. Étendue de terrain où se développe cette végétation. Maquis corse; se réfugier dans le maquis. Hop! la voilà partie [la chèvre], la tête en avant, à travers les maquis et les buissières (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 35). La Garonne a réintégré son lit, mais le maquis reste inondé entre le fleuve et les cultures (GIDE, Journal, 1910, p. 309).
— Gagner, prendre, tenir le maquis. En Corse, se réfugier dans le maquis pour échapper à la justice ou à la vendetta d'un ennemi. — Et qu'a-t-il fait enfin, ton bandit? Pour quel crime s'est-il jeté dans le mâquis? (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 75). Bellacoscia (...) le fameux bandit qui, durant quarante-sept ans, tint le maquis (...) est une des gloires de la Corse (LORRAIN, Heures Corse, 1905, p. 89).
2. P. anal. Fourré inextricable. Nous nous tenions en embuscade dans ce coin le plus abandonné de la propriété, un véritable maquis (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 115).
♦P. métaph. [En parlant d'un lieu embrouillé] Synon. entrelacs, labyrinthe. La fuite des rayons dans le maquis des cheminées (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 7).
3. Au fig. Affaire très compliquée, obscure; situation quasi inextricable. (Se perdre dans) le maquis de la procédure; un maquis de formalités administratives. Dès qu'on sort du légal et des chemins battus, quel maquis! (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1033):
• 2. Si (...) vous ne vouliez pas de mon amour, il n'existerait qu'un seul moyen de rupture, ce serait de me convaincre que vous ne m'aimez pas. Mais, ce moyen, vous ne pourriez l'employer, puisque vous m'aimez. Vous voyez dans quel maquis inextricable vous vous êtes fourré!
MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1076.
B. — P. anal.
1. HIST. Région isolée et difficilement accessible (généralement montagneuse ou boisée) où se réfugièrent des résistants pour échapper à l'occupant et y organiser la lutte clandestine, au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Les gens du maquis; maquis du Jura, du Vercors:
• 3. En Espagne, il se savait aussi condamné à mort. À minuit, il alla frapper chez Fontan. Avant de rejoindre le maquis de B..., à cinq kilomètres de Pléchéous, il se mit à la recherche de Mazet pour le tuer; mais cet homme avait suivi les miliciens à Saint-Girons.
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 401.
♦Gagner, prendre le maquis. Se cacher dans un maquis pour fuir l'occupant et participer à la lutte clandestine:
• 4. ... puisque vous allez en Avignon, vous pourriez en même temps y porter des cartes d'alimentation en blanc: si les gars vont prendre le maquis, elles leur seront utiles...
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 41.
P. ext., fam. Disparaître, vivre dans la clandestinité pour échapper à l'autorité. À quelques kilomètres de la station officielle, Jean-François a «pris le maquis» avec sa radio libre (Le Monde dimanche, 6 sept. 1981, p. 4, col. 4).
2. P. méton.
a) Ensemble des combattants, des organisations de résistances groupés dans un maquis. Maquis du Vercors. Il aurait fallu passer à l'action, dès la formation des premiers maquis, sans attendre les Anglais, comme en Yougoslavie (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 127):
• 5. ... l'attaque de l'insouciante patrouille ou du poste mal gardé, la destruction des voitures au parc, (...) telles sont les escarmouches à quoi s'emploient les maquis, jusqu'au jour où le débarquement des armées alliées leur ouvrira un champ d'action plus large.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 251.
b) Fam. Résistant, membre d'un maquis. Synon. maquisard.
c) Le maquis. L'ensemble de la résistance intérieure. Il nous faut (...) réaliser le rêve des maladroits sublimes de Bir-Hakeim et du maquis, contre vents et marées, contre les ambitions, contre les manoeuvres tortueuses des malins (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 393).
3. P. anal. Ensemble des partisans dans certains pays; groupement de résistance armée quelconque. Synon. guérilla. Nombre des maquis opérant dans les montagnes helléniques (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 201).
Prononc. et Orth.:[maki]. Ac. 1878 maquis, makis, 1935 maquis. MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 75, supra: mâ-. Étymol. et Hist. 1. 1775 «ensemble touffu d'arbustes et de plantes diverses occupant de vastes étendues dans les régions méditerranéennes» (Causes célèbres, IX, 230 d'apr. G. ESNAULT ds Fr. mod. t. 19, p. 303: On appelle mackis en Corse, ce que nous appellons, en France, taillis ou broussailles); 1791 machies (BARÈRE, Ass. Nat., 5 sept., Arch. Parl., 1re Série, t. 30, p. 207, col. 1 ds BRUNOT t. 10, p. 107); 1829 mâquis (MÉRIMÉE, Mateo Falcone ds Mosaïque, p. 3); 1902 au fig. (BARRÈS, Scènes et doctr., t. 1, p. 186: les maquis de la syntaxe); 2. 1944 maquis «lieu boisé, montagneux, retiré, où se regroupaient les résistants pendant la Deuxième Guerre mondiale» (A. Montluc, prisonnier de la Gestapo, Souvenirs de Raymond Leculier (25 nov. 1943-25 août 1944), Lyon, 1945, p. 9: Au début de l'année 42 [...], on commença à parler de maquis). Empr., avec suff. -is, au corse macchia «ensemble touffu d'arbustes et de plantes diverses», proprement «tache», les maquis formant des sortes de taches sur les flancs des montagnes, du lat. macula «tache»; l'ital. macchia est att. dans les 2 sens dep. BOCCACE (v. BATT.). Fréq. abs. littér.:249. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 219, b) 55; XXe s.: a) 91, b) 787. Bbg. HOPE 1971, p. 363. — STÉFANINI (J.). B. Soc. Ling. 1976, t. 71, n° 2, p. 218.
maquis [maki] n. m.
ÉTYM. 1829; mackis, 1775, var. makis; corse macchia « tache », « ces sortes de buissons épais formant comme des taches sur les pentes des montagnes » (Bloch).
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1 Formation végétale (arbustes, buissons touffus) provenant d'une dégradation de la forêt méditerranéenne sur les sols siliceux. — Sol qui porte cette végétation. ⇒ Garrigue. || Le maquis, lande broussailleuse, caractéristique de la Corse, des Maures, de l'Estérel. — ☑ Prendre le maquis. || Les bandits corses prennent le maquis pour échapper à la police, se cachent dans le maquis.
1 En sortant de Porto-Vecchio (…) après trois heures de marche (…) on se trouve sur le bord d'un maquis très étendu. Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s'est brouillé avec la justice (…) C'est cette manière de taillis fourré que l'on nomme maquis. Différentes espèces d'arbres et d'arbrisseaux le composent (…) Ce n'est que la hache à la main que l'homme s'y ouvrirait un passage, et l'on voit des maquis si épais et si touffus, que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer.
Si vous avez tué un homme, allez dans le maquis de Porto-Vecchio, et vous y vivrez en sûreté (…)
Mérimée, Mosaïque, « Mateo Falcone ».
♦ Par anal. Couvert, taillis inextricable. || Ce jardin est un véritable maquis.
1.1 Après une heure de course en pleins bois, les deux enfants se trouvèrent devant un inextricable fouillis d'arbres, marquant le début d'une vaste futaie inexplorée que les gens du pays appelaient le « Maquis ». Cette désignation était justifiée par un extraordinaire enchevêtrement de branches et de lianes; nul ne pouvait s'aventurer dans le Maquis sans risquer de s'y perdre à jamais.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 232-233.
2 (1902, Larousse). Fig. Complication inextricable. || Le maquis du réel (→ Avenue, cit. 9), de la connaissance (→ Fur, cit. 3). || Un maquis de formalités (cit. 6) administratives. || Le maquis de la procédure.
2 On se perd dans ce maquis de mémoires et de répliques, d'apologies et de libelles.
M. Barrès, la Colline inspirée, II.
3 (1942; de prendre le maquis, en Corse). Sous l'occupation allemande, Lieu boisé, montagneux, peu accessible, où se réfugiaient et se regroupaient les résistants pour échapper à l'occupant et le harceler. || Prendre le maquis.
♦ Par ext. Organisation de résistance armée qui avait pris le maquis (⇒ Maquisard). || Le maquis du Vercors (Dauphiné).
3 Dans tous les regards où je plongeais les miens, je lisais la fierté des armes. Tant est vivace la plante militaire française !
Les maquis le prouvent, de leur côté. Jusqu'à la fin de 1942, ils étaient rares et de faible effectif. Mais, depuis, l'espoir a grandi (…) En outre, le service obligatoire du travail… (pousse) beaucoup de réfractaires dans la clandestinité. Par groupes plus ou moins importants, les maquis se multiplient et entament la guérilla qui va jouer un rôle de premier ordre dans l'usure de l'ennemi (…)
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. II, p. 249-250.
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HOM. Maki.
DÉR. Maquisard.
Encyclopédie Universelle. 2012.