litanie [ litani ] n. f.
• letanie 1155, jusqu'au XVIIe; lat. ecclés. litania, mot gr. « prière »
1 ♦ Prière liturgique où toutes les invocations sont suivies d'une formule brève récitée ou chantée par les assistants. Litanies des saints. Réciter, chanter des litanies.
2 ♦ Fig. Longue énumération. Répétition ennuyeuse et monotone (de plaintes, de reproches, de demandes). « C'est la litanie éternelle. Pourquoi l'as-tu épousé ! Pourquoi l'as-tu aimé ! » (Giraudoux).
● litanie nom féminin (latin ecclésiastique litania, du grec litaneia, prière) Familier Énumération longue et ennuyeuse : Faire une longue litanie de ses prouesses. ● litanie (expressions) nom féminin (latin ecclésiastique litania, du grec litaneia, prière) Familier C'est toujours la même litanie, c'est toujours la même répétition ennuyeuse.
litanie
n. f.
d1./d LITURG Prière consistant en une suite de brèves invocations.
d2./d Fig. énumération monotone (souvent de griefs, de plaintes).
⇒LITANIE, subst. fém.
A. — Au plur., LITURG. Prière formée d'une longue suite d'invocations à Dieu, à Jésus-Christ, à la Vierge, aux saints, dites par le célébrant, ses assistants ou les chantres et suivies d'une formule récitée ou chantée par l'assemblée. Les litanies de la Vierge, des saints, du Sacré-Cœur; chanter des litanies. Dans la chapelle voisine, les litanies de la prière du soir retentissaient en un chant plaintif, et (...) la voix grave et sonore de l'évêque murmurait les pieuses oraisons à son troupeau (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 163). Après le salve nous sommes descendus de la tribune, les moines se sont mis à genoux, nous sommes au milieu d'eux pour réciter des litanies à la Vierge (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 190) :
• 1. Il appela deux ou trois fois (...) un porte-clefs (...) pour l'envoyer voir si le prêtre était encore à la porte de la prison. — Monsieur, il est à deux genoux dans la boue, lui disait toujours le porte-clefs; il prie à haute voix et dit les litanies pour votre âme... L'impertinent! pensa Julien. En ce moment, en effet, il entendit un bourdonnement sourd, c'était le peuple répondant aux litanies.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 493.
— P. métaph. J'ai jadis récité dévotement, en bon parnassien, les litanies de Sainte-Beuve à Notre Dame la Rime (FRANCE, Vie littér., t. 4, 1892, p. 150).
— Loc., vx. Mettre qqn dans ses litanies. Souhaiter du bien à quelqu'un. P. iron. Vouloir du mal à quelqu'un. (Dict. XIXe et XXe s.).
— P. compar. Les mots : « bœuf sauce piquante... bœuf sauce piquante... », se suivaient comme des litanies (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 544). Le besoin qu'il éprouvait, ce soir, de retremper sa confiance en répétant, comme une litanie, ces déclarations réconfortantes, était visible et émouvant (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 393).
B. — P. anal., au sing. ou au plur.
1. Suite monotone et répétitive de paroles. Le copain était déjà couché sous les arbres, à la même place, qu'on entendait encore sa litanie pâteuse : « Oh! madame, madame, madame... » (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 397) :
• 2. Il s'était pris la tête entre les mains, il répétait : la malheureuse! la malheureuse! avec le balancement de cou d'un idiot qui n'aurait trouvé que cette parole au fond de son crâne vide. Il n'y avait, en effet, rien que cette plainte dans son pauvre être endolori. Il ne savait plus même pourquoi il souffrait; il se berçait de ces litanies lamentables, de ce mot dont le sens avait fini par lui échapper.
ZOLA, M. Férat, 1868, p. 149.
— En partic. Répétition monotone et ennuyeuse (de plaintes, de doléances, de reproches). Tôtier, qui était saoul tous les samedis et qui, alors, dévidait les litanies de sa rancœur (VIALAR, Faux-fuyants, 1953, p. 70) :
• 3. ... elle s'est mis en tête d'entrer à l'asile. (...) elle avait cette idée fixe : l'asile... tous les jours, à la fin du déjeuner, elle croisait sur la table ses mains de squelette, et elle commençait sa litanie, en branlant son petit front : « Je te l'ai déjà dit, Antoine... dans l'état où je suis... je ne veux pas être à charge, moi... à soixante-huit ans, dans l'état où je suis... »
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 150.
— Loc. fam. C'est toujours la même litanie. C'est toujours la même chose répétée. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Énumération longue (souvent ennuyeuse). Quels chagrins puis-je avoir?... Hélas c'est une longue litanie que l'on ne peut pas entamer un jour de fête (BALZAC, Corresp., 1821, p. 111). J'ignore si tu prendras grand intérêt aux pérégrinations d'un touriste parti de Paris en plein novembre. C'est une assez triste litanie de mésaventures (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 1). Il continuait à dévider l'effrayante litanie de ses crimes (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 140).
— Loc. En litanie. La main à la taille, elle [une poissonnière] avale une bonne goulée d'air, puis elle se met à chanter en litanie tous les noms de ses poissons (GIONO, Manosque, 1930, p. 99).
3. Suite, file ininterrompue (d'êtres ou de choses). On vit de petites portes s'ouvrir dans les cours et des litanies d'enfants, roides comme des soldats de bois, défiler deux par deux sous les arbres (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 102). Avaler les œufs frits dans l'huile verte, suivis de cette litanie culinaire que mon estomac, après plus d'un an d'Espagne, pourrait réciter par cœur : Huevos a elegir, merluza frita, etc., etc., etc. (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 330).
Prononc. et Orth. : [litani]. Ac. 1694 : litanie, dep. 1718 au pluriel. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 Letaine major « litanies majeures, i.e. le 25 avril, fête de saint Marc » (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5145); 1160-74 letanies plur. liturg. (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 876); 1622 litanie (Les Caquets de l'accouchée, éd. E. Fournier, p. 625); 2. ca 1200 « longue énumération » (Récits 1re croisade, I, 171 ds T.-L.). Empr. au lat. eccl. litania « prière », lui-même empr. au gr. « id. ». Fréq. abs. littér. : 232. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 229, b) 333; XXe s. : a) 473, b) 268. Bbg. PAULI 1921, p. 57.
litanie [litani] n. f.
ÉTYM. 1155, letanie, jusqu'au XVIIe; lat. ecclés. litania, mot grec, « prière ».
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1 « Prière liturgique de forme populaire, où toutes les invocations sont suivies d'une formule brève récitée ou chantée par les assistants » (R. Lesage, Dict. de liturgie). — REM. S'emploie le plus souvent au pluriel. || Litanies des saints (→ Consacrer, cit. 1), litanies du Sacré-Cœur, du Saint Nom de Jésus… || Réciter, chanter des litanies (→ Chœur, cit. 14; psalmiste, cit.). ⇒ Chant. — Compar. || Il répète cela comme une litanie, inlassablement.
1 (…) le seul délassement de la famille était de dire ensemble le chapelet et de psalmodier à demi-chant les litanies jusqu'à ce que les voix affaissées par le sommeil s'éteignissent dans un vague et monotone murmure (…)
Lamartine, Graziella, I, III.
1.1 Bouvard dans un fauteuil, à ses côtés, lui prit son Eucologe, et s'arrêta aux litanies de la Vierge.
— « Très pure, très chaste, vénérable, aimable — puissante, clémente — tour d'ivoire, maison d'or, porte du matin » ces mots d'adoration, ces hyperboles l'emportèrent vers celle qui est célébrée par tant d'hommages.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, Folio, p. 335.
2 C'était une litanie, une supplication, de plus en plus pressante, impérieuse, comme si la Mère de Dieu résistait et qu'il fallût la vaincre à force de prières et d'objurgations.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 110.
2 (V. 1200). Fig. Longue énumération. Répétition ennuyeuse et monotone (de plaintes, de reproches, de demandes…). || Les litanies de leurs récriminations (→ 1. Grief, cit. 4). || D'interminables litanies. || C'est toujours la même litanie.
3 Soupe, en effet, entêté à obtenir une réponse, insistait, le lardait tout vif d'une obsession de litanies (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, I.
4 — C'est la litanie éternelle. Pourquoi l'as-tu épousé ! Pourquoi l'as-tu aimé !
Giraudoux, Électre, II, 2.
♦ Littér. || Une longue litanie de mésaventures, d'ennuis, de chagrins, de crimes… (Balzac, Nerval, Huysmans, in T. L. F.).
3 (1690). Fig. Vx. Longue file incessante. ⇒ Théorie. || On voyait passer des litanies de vieillards.
Encyclopédie Universelle. 2012.