lapider [ lapide ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 980; lat. lapidare, de lapis, lapidis « pierre »
1 ♦ Tuer à coups de pierres, en jetant des pierres. La loi de Moïse ordonne de lapider les adultères.
2 ♦ Attaquer, poursuivre en lançant des pierres. « Les ouvriers se mirent à ramasser des pierres et à lapider les gardes » (Nizan). — N. m. LAPIDEUR , 1990 .
● lapider verbe transitif (latin lapidare) Tuer quelqu'un à coups de pierres. Poursuivre, attaquer quelqu'un, un animal à coups de pierres : Enfants qui lapident un chien. ● lapider (homonymes) verbe transitif (latin lapidare)
lapider
v. tr.
d1./d Tuer à coups de pierres.
d2./d Poursuivre, attaquer à coups de pierres.
⇒LAPIDER, verbe trans.
A. — Tuer à coups de pierres. Lapider l'adultère, le coupable. Un homme est arrêté par les juifs; la loi juive Le condamne; les juifs peuvent le lapider, C'est leur droit; cela dit, qu'ont-ils à demander? La lapidation leur paraît trop rapide (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 868). Fannie, morte de peur, restait là, immobile comme la femme adultère qu'on s'apprête à lapider (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 267) :
• 1. Nous observerons de plus que leurs vallées sont couvertes de roches et de pierres détachées, qui, pour le dire en passant, ont introduit dans les mêmes pays où l'on avait l'usage de précipiter les criminels, celui de les lapider. C'est aussi dans les contrées pierreuses que l'on a inventé les frondes.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 206.
♦ Emploi abs. Il tenait compte en tout des faits accidentels. Au peuple qui lapide il disait des mots tels Que nul n'osait toucher à la première pierre (HUGO, Fin Satan, 1885p. 816).
— P. anal. Attaquer quelqu'un ou quelque chose à coups de pierres ou avec un autre projectile. Ils cessèrent de lapider le cercueil, et le convoi put arriver jusqu'à la vallée du Cédron (THARAUD, An prochain, 1924, p. 225). Le 29 octobre, allant ouvrir la session parlementaire, Georges III vit lapider son carrosse (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 463) :
• 2. Trahie, vendue, outragée et goujatement lapidée d'ordures par celui même à qui elle avait sacrifié son unique fleur, quel châtiment rigoureux pour la folie d'un seul jour!
BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 36.
— Rare. Représenter dans la pierre. Vous avez entrepris véritablement mes compagnons [de constructions de cathédrales] de pétrifier l'Éternel, de le lapider avec beaucoup d'art (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 148).
B. — Au fig. Maltraiter quelqu'un verbalement, être plusieurs à se déchaîner contre quelqu'un, porter atteinte à quelque chose. Synon. jeter la pierre. Se faire lapider. Vivre est l'essentiel La vie est un caillou que le sage ramasse Pour lapider le ciel (HUGO, Contempl., t. 3, 1856, p. 243). Je me figure que Louys en causant me lapide (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1893, p. 181) :
• 3. Une ruse commune du détracteur, c'est de lapider le bien par le mieux, d'entre-détruire les uns par les autres les hommes qui blessent sa vue, les œuvres d'un même auteur, les actes d'une même personne, etc.
AMIEL, Journal, 1866, p. 95.
Rem. Le suj. peut désigner une chose. Je vais imiter cet exemple. Oh! Il en est de toute nature, de ces lettres. Les unes nous flattent, les autres nous lapident (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Lettre, 1885, p. 579).
— P. hyperb. Quant à elle, elle te lapide d'attentions, de soins, de tendresses, de marques irrécusables d'amour (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Vains conseils, 1884, p. 931).
— Emploi abs. Cet autre, faux orateur, ne sachant que lapider avec des grossièretés (HUGO, Actes et par., 1, 1875, p. 37).
— Emploi pronom. Les hommes se lapident mutuellement tous les jours avec des paroles, comme Étienne le fut avec des pierres (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 101).
REM. 1. Lapidable, adj., hapax. Qui est susceptible d'entraîner la lapidation. Mais l'épouse est elle-même l'engin, compagne, complice de mort, et que le chœur inassouvi de cette race s'écrie sur l'acte lapidable! (CLAUDEL, Agamemnon, 1896, p. 894). 2. Lapidé, -ée, part. passé et subst. Celui, celle qui a été lapidé(e). Je ne vois pas pourquoi les prophètes seraient Dispensés de donner leur chair pour nourriture À l'affamée immense et sombre, la nature. Et puis ce lapidé sert encore à ceci : C'est qu'il te fait songer (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 185). Au fig. Il semblerait que le roi Léopold fût à peu près le seul de son peuple à deviner la grandeur de cet adolescent de génie, copieusement insulté par la multitude, hideusement renié par quelques-uns et contraint de se réfugier à Paris, qui est l'éternel pavillon de ces lapidés sublimes (BLOY, Journal, 1892, p. 20).
Prononc. et Orth. : [lapide], (il) lapide [lapid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. « tuer à coups de pierres » (La Passion, éd. d'A. S. Avalle, 496); 2. ca 1380 « dévaster » (JEH. DES PREIS, Geste de Liège, 27682, Scheler, Gloss. philol. ds GDF.); 3. XVe s. « torturer » (La Fille du Comte de Pontieu, éd. C. Brunel, p. 103); 4. 1549 « maltraiter en paroles » (MARG. DE NAVARRE, Nouv. X, éd. M. François, p. 66); 5. 1670, 6 août « attaquer, critiquer » (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. La Pleiade, I, p. 130). Empr. au lat. lapidare « attaquer à coups de pierres ». Fréq. abs. littér. : 55.
lapider [lapide] v. tr.
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1 Tuer à coups de pierres, en jetant des pierres. || La loi de Moïse ordonne de lapider les adultères (cit. 3).
0.1 Après la légende de Phéior, le moine Valdivieso décrivait deux martyrs fameux, celui de Jérémie lapidé par ses compatriotes à l'aide de nombreux silex tranchants et pointus (…)
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 315.
1 La bigamie, dans ces tribus-là, c'est un crime inouï. Alors on l'a lapidée (…) il paraît qu'on avait creusé un trou, une fosse très profonde (…) Et elle s'y est couchée d'elle-même, sans dire un mot (…) C'est leur grand-prêtre qui a commencé. Il a d'abord lu la sentence (…) Et puis, le premier, il a pris un énorme moellon, et il l'a lancé de toutes ses forces dans le trou (…) ça a déchaîné la foule. Il y avait de gros tas tout préparés, chacun puisait dedans et lançait des blocs de pierre dans le trou.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 25.
2 Frapper avec des pierres; jeter des pierres sur (qqch.). — Au participe passé :
1.1 Après les derniers coups de goupillon sur la fosse béante, sur le cercueil descendu avec des bruits de caisse cognée et lapidée de petites pierres au rappel des cordes, Marcel et Solange (…) prennent une décision surprenante.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 58.
3 Par ext. Attaquer, maltraiter en jetant des pierres sur (qqn). || Foule qui lapide un malfaiteur tombé entre ses mains. || Se faire lapider.
2 (…) il arrive jusqu'à sa voiture à travers une grêle de cailloux, blessé à la tête, en plusieurs endroits du corps, et il n'est sauvé que parce que ses chevaux, lapidés eux-mêmes, prennent le mors aux dents.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, III, p. 29.
3 Les ouvriers se mirent à ramasser des pierres et à lapider les gardes qui regardaient ce violent remue-ménage avec des figures qui ne bougeaient pas (…) Un garde reçut une brique en plein visage et tomba sur le dos (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, II, X.
4 (1549). Fig. et vieilli (ou stylistique). Maltraiter, critiquer durement, injurier. ⇒ Pierre (jeter la pierre à quelqu'un).
4 Madame, c'est bien tôt commencer de tourmenter un serviteur et le lapider.
5 Voilà mon ancienne thèse, qui me fera lapider un jour : c'est que le public n'est ni fou ni injuste (…)
Mme de Sévigné, 112, 6 août 1670.
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lapidé, ée p. p.
♦ || Femme adultère lapidée. — N. || Le cadavre d'un lapidé.
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DÉR. Lapideur. V. Lapidateur, lapidation.
Encyclopédie Universelle. 2012.