joueur, joueuse [ ʒwɶr, ʒwøz ] n.
• 1170; de jouer
1 ♦ Personne qui joue (actuellement ou habituellement) à un jeu. JOUEUR DE... Joueur de boules, de football, de tennis. Les joueurs de l'équipe. ⇒ équipier. Joueur de cartes. Un grand joueur d'échecs. — Adj. Qui aime jouer. Un enfant, un chaton joueur.
2 ♦ Spécialt Personne qui joue à des jeux d'argent, qui a la passion du jeu (⇒ flambeur). Un joueur heureux, malchanceux. Les joueurs du casino. — Adj. Il est très joueur. « Je suis joueur et je n'ai jamais touché une carte » (Flaubert).
3 ♦ Loc. BEAU JOUEUR (au propre et au fig.) :personne qui s'incline loyalement devant la victoire, la supériorité de l'adversaire. Se montrer beau joueur. ⇒ fair-play. Mauvais joueur, qui refuse d'accepter sa défaite.
4 ♦ Personne qui joue d'un instrument (lorsque le mot particulier n'est pas très courant : on ne dit pas joueur de piano, de violon). Joueur de flûte, de cornemuse, de balafon.
● joueur, joueuse nom Personne qui pratique un jeu, un sport : Un joueur d'échecs, de tennis. Personne qui joue d'un instrument de musique : Un joueur de guitare. Personne qui a la passion des jeux d'argent : Un joueur malheureux. Personne qui aime prendre des risques pour obtenir un gain important : C'est un rude joueur dans la vie. ● joueur, joueuse (expressions) nom Beau joueur, personne qui reste impassible devant une perte, qui accepte loyalement un revers. Mauvais joueur, personne qui accepte mal une défaite, qui s'en irrite. ● joueur, joueuse adjectif Qui aime jouer, s'amuser : Avoir un tempérament joueur. Qui aime à pratiquer les jeux d'argent, qui aime le risque : Je ne suis pas joueur, j'ai horreur de perdre. ● joueur, joueuse (synonymes) adjectif Qui aime jouer , s'amuser
Synonymes :
- enjoué
- folâtre
- joyeux
joueur, euse
n. et adj.
d1./d Personne qui joue à un jeu (de façon occasionnelle ou régulière). Joueur de boules, d'échecs. Joueur de basket.
|| adj. Qui aime à jouer. Enfant joueur.
d2./d Personne qui a la passion des jeux d'argent. Un joueur incorrigible.
d3./d Loc. Beau joueur, qui sait accepter sereinement une éventuelle défaite (au jeu ou, fig., dans la vie). Mauvais joueur, qui n'aime pas perdre.
d4./d Personne qui joue d'un instrument de musique. Joueur de guitare.
⇒JOUEUR, -EUSE, subst.
I. A. — Celui, celle qui joue pour se divertir, seul(e) ou avec d'autres personnes. Cet enfant est un bon joueur (Ac. 1935).
— Emploi adj.
1. Qui aime à s'amuser, à rire.
a) [En parlant d'un être hum. ou d'un animal] Ma fenêtre ouverte Apportait du jardin à mon esprit heureux Un bruit d'enfants joueurs et d'oiseaux amoureux (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 771). C'était lui qui avait raison d'être un grand garçon bien portant et joueur, fait pour les camaraderies garçonnières ou les aventures faciles (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 976) :
• 1. C'était un très bon petit chat
Joueur à la prunelle bleue
Il n'en voulait pas, qu'on marchât
Un peu brusquement sur sa queue.
MALLARMÉ, Vers circonst., 1898, p. 162.
b) P. anal. [En parlant d'un phénomène météor.] Vent joueur qui abrase tout ce qui est pour construire ailleurs des dunes avec ce qui n'est plus (MORAND, Route Indes, 1936, p. 279).
2. Qui dénote ce penchant. Humeur joueuse. Elle est régulièrement belle avec un visage très expressif et tout animé d'une gaîté enfantine et joueuse où la lumière s'étend comme la douceur d'une eau dormante (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 14) :
• 2. L'eau dormante, ces glaces blanches où ils contemplaient leur image, donnaient à leurs entrevues un charme infini qui suffit longtemps à leur imagination joueuse d'enfants.
ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 181.
B. — En partic.
1. Celui, celle qui pratique avec d'autres personnes, un jeu où l'on peut perdre ou gagner. Joueur de belote, de bridge, de cartes, de dominos; bon, fameux joueur, joueur médiocre. Des joueurs d'échecs qui ne voient que le premier coup, et qui n'ont pas assez de force de tête pour calculer la série des coups renfermés dans le mouvement qu'ils font (CHATEAUBR., Polém., 1818-27, pp. 46-47). Que diriez-vous d'un joueur assez généreux pour prévenir les autres qu'il a brelan carré (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 717). J'avais en face de moi, fermé, désinvolte et tendu, le joueur de poker décidé à mener jusqu'au bout ses chances (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 136).
— Joueur acharné, enragé, passionné. Je les revois, ces doigts qu'on eût dit crispés, fiévreux dans leur immobilité (...) d'effréné joueur (VERLAINE, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 336).
2. Celui, celle qui pratique un sport, de façon professionnelle ou non. Joueur de billard, de foot-ball, de golf; joueuse de basket-ball. Jeu de croquet (...) pour 8 joueurs (Catal. jouets [Trois-Quartiers], Suppl. Madelios, 1936). Mme Zaraguirre, tout en gardant son âme provinciale, son air de jeune fille et de joueuse de tennis (...) devint bientôt un objet de snobisme (L. DE VILMORIN, Belles am., 1954, p. 76) :
• 3. Une autre fois, on le vit [Turenne] sur le boulevard (...) servant d'arbitre à des joueurs de boule, à qui il prêtait sa canne pour mesurer les distances...
DELACROIX, Journal, 1849, p. 268.
3. Expressions
a) Être, se montrer beau, bon joueur. Jouer loyalement et s'incliner devant un adversaire supérieur ou chanceux. On trouve peu de bons joueurs, j'entends qui sachent perdre sans prendre de l'humeur (ALAIN, Propos, 1931, p. 992) :
• 4. Il fallait que ma mère prît des cartes et fît la partie des grands-parents, ce qui ne l'amusait pas non plus, mon oncle étant beau joueur et ne se fâchant pas comme Deschartres, et la mère La Marlière gagnant toujours parce qu'elle trichait.
SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 317.
— Au fig. N'aie pas l'air neurasthénique. Il faut être beau joueur et sourire, même dans les pires moments (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 258).
b) Être, se montrer mauvais joueur. Ne pas reconnaître la supériorité de l'adversaire, ne pas accepter sa victoire. Il était joueur et mauvais joueur, se mettant en colère quand il perdait, à en devenir « hors de sens » (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 150).
c) Vieilli, au fig. C'est un rude joueur. C'est quelqu'un avec qui il est difficile de lutter, à qui il est redoutable de s'attaquer. (Dict. XIXe s.).
C. — Celui, celle qui se livre, de façon occasionnelle ou habituelle, à des jeux d'argent, des paris, des spéculations financières. Joueur à la baisse, à la hausse; joueur de baccara. Un moyen, qui chez nous ne tromperait pas un joueur à la rente pour une affaire de deux cents louis, abuse sans difficulté des hommes tels qu'Orosmane, Tancrède, Othello (STENDHAL, Rossini, 1823, p. 282). Un joueur qui se ruine et saisit un pistolet pour finir sa peine (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 139). Le calme d'un joueur de profession qui sait quel est l'enjeu de la partie qu'il entame (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 108) :
• 5. Le regard d'un homme accoutumé à tirer de ses capitaux un intérêt énorme contracte nécessairement, comme celui du voluptueux, du joueur ou du courtisan, certaines habitudes indéfinissables, des mouvements furtifs, avides, mystérieux, qui n'échappent point à ses coreligionnaires.
BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 14.
— Au fig. Celui, celle qui aime prendre des risques. Ce fut un joueur et, comme tous les joueurs, il [Napoléon] finit misérablement (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 343).
— Emploi adj. Qui a la passion de jeux d'argent. En voilà une famille! un père joueur qui nous fiche tous dedans, et un beau-frère voleur qui colle la succession dans sa poche! (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 329).
II. A. — Vx., subst. masc. Joueur de gobelets, de marionnettes. Celui qui se produit en public en faisant des tours, en montrant des marionnettes. Dans le même moment, un joueur de marionnettes partageait la curiosité publique avec un corbillard qui attendait un pauvre libraire (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 136). Les jongleurs qui jouoient aussi d'un instrument, étoient une sorte de baladins ou joueurs de gobelets, qui, habiles dans l'escamotage, conduisoient les animaux dressés (GRILLET, Ancêtres violon, 1901, p. 73).
B. — Celui, celle qui joue d'un instrument de musique. La joueuse de harpe chantait une mélopée plaintive (GAUTIER, Roman momie, 1858, p. 199). Il se mit à jouer de la flûte et tous les rats vinrent se presser autour de lui (...). Et puis tout d'un coup ils se précipitèrent sur ses traces. Et le joueur de flûte avec ses rats disparut pour toujours (SARTRE, Mouches, 1943, III, 6, p. 109).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [1155 joeresse « danseuse, musicienne ambulante » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10554)]; ca 1170 « danseur (en parlant d'un cheval) » le bel Joëor (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret, 3997); ca 1210 joëor « jongleur, ménétrier » (Dolopathos, 36 ds T.-L.); XIIIe s. [ms.] joeresses et joeors (WACE, op. et loc. cit., var. ms. K); 2. a) ca 1165 subst. jüere as dés (G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 990); b) 1690 adj. (FUR. [qui ne cite dans l'article que des emplois subst.]); 1792 (BEAUMARCHAIS, Mère coupable, II, 22). Dér. du rad. de jouer; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. : 1 170. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 425, b) 1 897; XXe s. : a) 1 547, b) 1 812. Bbg. BÄCKER 1975, p. 132, 144.
joueur, euse [ʒuœʀ, øz; ʒwœʀ, øz] n.
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1 (V. 1165, juëre as dés). Personne qui joue (actuellement ou habituellement) à un jeu (II., 3.). || Joueur de… || Joueur de boules (cit. 11), de football (cit. 2), de golf (→ Éphèbe, cit. 4). ⇒ Bouliste, footballeur, golfeur. || Joueur, joueuse de tennis (→ Baigneur, cit. 3; étoile, cit. 29). ⇒ (vx) Tennisman. || Joueur de rugby. ⇒ Rugbyman. — Joueur, joueuse de cartes, de dominos (→ Estaminet, cit. 3). || Un grand joueur d'échecs. || Les joueurs d'une équipe sportive. ⇒ Équipier (cit. 1). || Bon, médiocre joueur. || Joueurs de force inégale (cit. 3). || Un fameux joueur, un fort joueur. || Un joueur acharné, passionné. || Un rude joueur, un joueur très habile (au propre et au fig.).
1 Que vous êtes, Madame, une rude joueuse en critique (…)
Molière, Critique de l'École des femmes, III.
2 Il ferma le livre; et, d'un geste précis de joueur de boule, pliant les jarrets, balançant le bras, il lança le volume jusque sur la table.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 57.
♦ Personne qui aime à jouer. || Une joueuse enragée, passionnée. || Ce sont des joueurs infatigables.
♦ Adj. (1792, Beaumarchais; 1690, in Furetière, mais sans exemple). || Un enfant joueur. — L'humeur joueuse d'un jeune animal (→ Gorge, cit. 24). || Un chaton joueur.
3 Je suis joueur et je n'ai jamais touché une carte.
Flaubert, Correspondance, 320, 9 mai 1852.
2 (V. 1400). Absolt. Personne qui joue (actuellement ou habituellement) à des jeux d'argent, qui a la passion du jeu. ⇒ Jouer (II., B., 1.). || Un joueur heureux (→ Angoisse, cit. 10), malchanceux (→ Déveine, cit. 1), malheureux. || Joueur qui se ruine. || Joueur invétéré, incorrigible. || Les joueurs du casino. — Adj. (→ ci-dessous, cit. 5). || Avoir un mari joueur. || Il est très joueur. || Un tempérament joueur (→ Invétérer, cit. 1).
4 Qu'un joueur est heureux ! Sa poche est un trésor !
Sous ses heureuses mains le cuivre devient or.
J.-F. Regnard, le Joueur, III, 6.
5 Un jeune homme assez libertin, joueur, prodigue et querelleur (…)
Beaumarchais, la Mère coupable, II, 22.
6 (…) vous pourrez admirer un véritable joueur, un joueur qui n'a pas mangé, dormi, vécu, pensé, tant il était rudement flagellé par le fouet de sa martingale, tant il souffrait travaillé par le prurit d'un coup de trente et quarante.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 13.
7 Autour d'une vaste table ovale sont réunis des joueurs de différents caractères et de différents âges. Il n'y manque pas les filles indispensables, avides et épiant les chances, courtisanes éternelles de joueurs en veine.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, VII, I.
♦ Par anal. || Joueur à la hausse, à la baisse : personne qui joue à la hausse (⇒ Haussier), à la baisse (⇒ Baissier), en Bourse.
3 Loc. || Beau, mauvais joueur. (Au propre et au fig.). ☑ Beau joueur : celui qui s'incline loyalement devant la victoire, la supériorité de l'adversaire. || Se montrer beau joueur (→ Inspirer, cit. 12). || Il faut être beau joueur. — ☑ Mauvais joueur : celui qui se fâche de ses pertes, refuse d'accepter sa défaite.
7.1 Beau joueur, en un mot, est celui qui possède assez d'équanimité pour ne pas confondre les domaines du jeu et de la vie; celui qui montre, même quand il perd, que pour lui le jeu reste jeu, c'est-à-dire un délassement auquel il n'accorde pas une importance indigne d'un cœur bien né et par les hasards duquel il tient pour indécent de se laisser abattre.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 209.
4 (XIIIe). Personne qui joue d'un instrument en vue de divertir le public. — ☑ Loc., vx. Joueur de gobelets : jongleur. — Joueur de marionnettes. ⇒ Montreur. — Spécialt, mod. (en parlant de certains instruments de musique). || Joueur de flûte (→ 1. Flèche, cit. 4), de cornemuse (→ Highlander, cit.). — REM. On dit joueur de… lorsque le mot particulier n'est pas très courant : on ne dit pas joueur de piano, de violon. Le fém. semble rare.
8 Le comte fit longuement une moue de scepticisme, qui creusait ses joues grasses et portait ses lèvres en avant, comme chez un joueur d'ocarina.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 155.
5 N. m. Techn. Instrument qui met le lecteur (d'une machine sonore) en action. || Joueur manuel, automatique (Science et Vie, no 105, p. 42).
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COMP. Multijoueurs.
Encyclopédie Universelle. 2012.