Akademik

intendant

intendant, ante [ ɛ̃tɑ̃dɑ̃, ɑ̃t ] n.
• 1565; de superintendant; cf. intendance
1 N. m. Anciennt Agent du pouvoir royal, investi d'attributions illimitées dans une ou plusieurs provinces. Turgot, intendant du Limousin.
N. f. Épouse d'un intendant de province. Supérieure de certains couvents de femmes. Intendante d'un monastère.
2Mod. Intendant militaire : fonctionnaire du service de l'Intendance. — Intendant universitaire. économe. Intendante d'un lycée.
3Personne chargée d'administrer la maison, les affaires et les biens d'un riche particulier. domestique, factotum, régisseur. « Je devins l'intendant de la maison. C'était moi qui réglais tout » (Lesage). « leur vieille intendante, une métisse » (Larbaud).

intendant nom masculin Fonctionnaire de l'intendance militaire. Sous l'Ancien Régime, commissaire royal établi dans une généralité. (On disait aussi intendant de justice, police et finances.) ● intendant (expressions) nom masculin Intendant de marine, officier chargé, aux XVIIe et XVIIIe s., de l'administration de la marine de guerre (il appartenait au corps dit « de la Plume »). ● intendant, intendante nom (moyen français superintendant, chef, du latin médiéval superintendens, -entis) Personne chargée d'administrer les affaires, le patrimoine d'une collectivité ou d'un particulier. Fonctionnaire chargé de l'intendance d'un établissement scolaire.

intendant, ante
n.
d1./d Personne qui administre les affaires, le patrimoine d'une collectivité, d'un particulier.
d2./d n. m. Fonctionnaire de l'intendance militaire.
d3./d Fonctionnaire responsable de l'administration matérielle et financière d'un établissement public. Intendant d'un lycée.

⇒INTENDANT, subst. masc.
A. — HIST. MOD.
1. Intendant de province. Magistrat révocable créé au XVIe siècle, placé à la tête d'une circonscription correspondant le plus souvent à une généralité, dans laquelle il représentait le pouvoir royal et avait des attributions administratives, financières et judiciaires. Le vicomte de Saint-Priest, intendant de Languedoc (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 107). Des intendants étaient nommés par le roi pour gouverner les trente-deux généralités du royaume (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 66) :
1. Dans ses mains sont accumulés presque tous les pouvoirs que le conseil lui-même possède; il les exerce tous en premier ressort. Comme ce conseil, il est tout à la fois administrateur et juge. L'intendant correspond avec tous les ministres; il est l'agent unique, dans la province, de toutes les volontés du gouvernement.
TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 102.
Rem. Le titre officiel des intendants était : Intendant de justice, police, finances; Commissaire départi dans les généralités du royaume pour l'exécution des ordres du roi.
2. Haut fonctionnaire royal ayant des attributions administratives et contentieuses, recevant un office ou une charge du pouvoir royal correspondant à un service public ou à un grand établissement. Intendant des finances; intendant de la marine; intendant des bâtiments du roi. On veut, dit-on, nommer un intendant général de police (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 70) :
2. En 1617, Jacques Olier (...) est nommé intendant de justice à Lyon, charge qu'il occupera pendant sept ans, avec intelligence et fermeté (...). Le roi l'ayant envoyé, disait-il, « pour rendre la justice et empêcher les émotions qui troublaient la ville », il n'était ni gouverneur ni lieutenant qui pussent l'empêcher de remplir sa mission...
BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 428.
Intendant des menus plaisirs.
Au fig. Le comte de Montesquiou (...). Fut-il seulement cet intendant des menus plaisirs, cet ancêtre tapissier de tous les maniaques qui font profession aujourd'hui « d'arranger des intérieurs » (...)? (MAURIAC, Écrits intimes, Du côté Proust, 1947, p. 209).
B. — Usuel
1. Celui qui est employé par une personne fortunée, par un haut personnage, pour diriger sa maison, administrer ses biens, gérer sa fortune. Intendant des biens; intendant du palais. Depuis qu'il a recueilli ce riche héritage, il a pris un intendant (Ac. 1835-1935). Moi aussi, j'ai des marais, des étangs et des canards; je demanderai à mon intendant où tout cela est (DUMAS père, P. Jones, 1838, III, 5, p. 166). L'intendant du château, Mr Halbert, vint lui demander si elle voulait recevoir une jeune fille et un jeune garçon qui désiraient parler à lord Glenarvan (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 25). V. âprement ex. 2.
Au fig. Le hasard est mon intendant. Je lui laisse le soin de mes biens et le gouvernement de ma fortune (FRANCE, Vie littér., t. 1, 1888, p. 292).
2. Fonctionnaire ayant des tâches d'administration.
a) Intendant (militaire). Fonctionnaire des armées chargé des questions administratives et matérielles ainsi que de la comptabilité. Ce fut le continuel désespoir des misérables intendants, contre lesquels tous les soldats criaient, et dont la faute n'était souvent que d'être exacts à des rendez-vous donnés, où les troupes n'arrivaient pas (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 87). La situation administrative de quinzaine est arrêtée par le commandant d'unité, certifiée par le trésorier, vérifiée par le major et l'intendant militaire (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p. 232).
b) Fonctionnaire chargé de l'administration et des questions matérielles d'un établissement d'enseignement. Synon. économe1. V. économat ex. et intendante (Encyclop. éduc., 1960, p. 113) :
3. La gestion des établissements est assurée, sous l'autorité des chefs d'établissements : 1. pour les grands établissements (en règle générale ceux dont l'indice pondéré est supérieur à 1 000 points), par un intendant assisté d'un ou plusieurs sous-intendants et d'un ou plusieurs adjoints des services économiques; 2. pour les autres établissements, par un économe assisté éventuellement d'adjoints des services économiques.
Encyclop. éduc., 1960, p. 349.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1565 « agent du pouvoir royal » (Archives municipales de Bayonne, Registres fr. ds R. Ling. rom. t. 20, p. 82 : intendans des finances); ca 1570 (M. DE L'HOSPITAL, Traité de la réformation de la justice ds Œuvres inédites, éd. P. J. S. Dufey, t. 2, p. 165 : intendans de la justice); 1635 (Édit de création des intendans ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 16, p. 444 : lesdits présidens et intendans généraux); 1680 fém. « femme d'un intendant de province » (RICH); 2. a) [1623 « fonctionnaire chargé d'un service ou d'un établissement public » (ISAMBERT, op. cit., p. 145 mentionne l'institution de la charge d'un intendant de fontaines publiques à Paris dans des lettres du 24 févr.)] 1680 Intendant des eaux et fontaines du Roi (RICH.); b) début XVIIIe s. fém. spéc. « supérieure de certains couvents de femmes » (HÉLYOT III, 30 ds Trév. 1752); c) 1817 Intendant militaire (Bulletin des Lois, 7e série, t. 5, p. 209, Ordonnance du 29 juillet); d) 1955 éduc. Intendant de pensionnat (Mét.); 3. 1668 « personne gérant les biens d'un particulier » (MOLIÈRE, Avare, III, 1); 1840 fém. (Ac. Compl. 1842). Formé par aphérèse du m. fr. surintendant, issu du m. fr. superintendent « chef; régisseur; commis supérieur » avec francisation du préfixe (FEW t. 4, p. 745b). Fréq. abs. littér. : 605. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 071, b) 2 032; XXe s. : a) 388, b) 336.

intendant, ante [ɛ̃tɑ̃dɑ̃, ɑ̃t] n.
ÉTYM. 1568; de superintendent (XVe), lat. médiéval superintendens, entis, de superintendere « surveiller », de super, et intendere « étendre » d'où « diriger (sa vue) ».
1 N. m. Anciennt ou hist. Haut fonctionnaire, agent du pouvoir royal dans une ou plusieurs provinces et investi d'attributions illimitées quant aux services généraux de son administration. || « Intendants de justice, police, finances, commissaires départis dans les généralités du royaume pour l'exécution des ordres du roi » (Lepointe). || Turgot, intendant du Limousin. || La puissance démesurée des intendants faisait d'eux les véritables maîtres du royaume (→ Exaction, cit. 1; gouverner, cit. 29).
1 (…) on a écrit secrètement une lettre circulaire à tous les intendants du royaume; on leur recommande de traiter les protestants avec une grande indulgence.
Voltaire, Correspondance, 3239, 18 déc. 1767.
2 (…) toute la bourgeoisie fut tenue sous la terreur d'un arbitraire indéfiniment élastique, qui croissait ou baissait à la volonté des commis. Ces commis gouvernèrent en 1637 sous le nom d'intendants, armés d'un pouvoir triple de justice, police et finances (…) Un seul roi reste en France (…) c'est l'Intendant, l'envoyé du ministre (…)
Michelet, Hist. de France, t. XIV, XIII.
Titre donné à certains fonctionnaires chargés d'un service ou d'un établissement public. || Intendant du commerce, de la marine. || Intendant des bâtiments royaux, du cabinet des médailles (→ Bibliothécaire, cit.), du garde-meuble (→ Fauteuil, cit. 5). Administrateur. || Charge d'intendant. Intendance.
N. f. (1680). Épouse d'un intendant de province. || Madame l'Intendante de Paris (Voltaire).
(1752). Supérieure de certains couvents de femmes. || L'intendante d'un monastère.
2 N. m. et f. (Déb. XIXe). Mod. || Intendant militaire : fonctionnaire du service de l'Intendance. || Intendant militaire adjoint, intendant militaire de 3e, 2e, 1re classe. || Intendant général de 2e, de 1re classe. || Officiers d'administration, gestionnaires, commis d'administration placés sous les ordres de l'intendant, chef de service.Intendant universitaire. Économe. || L'intendante d'un lycée.
3 N. m. et f. (Vieilli ou hist.). Personne chargée d'administrer la maison, les affaires et les biens d'un riche particulier. Domestique, factotum, régisseur. → Bout, cit. 16. || Gestion (cit. 3) d'un intendant. || Elle se repose de tout sur son intendante.
3 Par ma foi, Monsieur l'intendant, vous nous obligerez (…) de prendre mon office de cuisinier (…)
Molière, l'Avare, III, 1.
4 (…) l'erreur grossière de ces femmes qui se savent bon gré d'épargner une bougie pendant qu'elles se laissent tromper par un intendant sur le gros de toutes leurs affaires.
Fénelon, L'Éducation des filles, XI.
5 Je devins l'intendant de la maison; c'était moi qui réglais tout; je recevais l'argent des fermiers; je faisais la dépense, et j'avais sur les valets un empire despotique : mais, contre l'ordinaire de mes pareils, je n'abusais point de mon pouvoir.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, I.
6 Et leur vieille intendante, une métisse qu'elles ont fait venir de là-bas (…)
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, IV, 22 déc.
tableau Noms de métiers.
COMP. Sous-intendant, surintendant.

Encyclopédie Universelle. 2012.