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inspiré

inspiré, ée [ ɛ̃spire ] adj. et n.
• de inspirer
1Animé par l'inspiration, souffle divin ou créateur. Poète inspiré. Œuvre inspirée. Air inspiré (souvent iron.)
N. Un inspiré. illuminé, mystique.
2(1690) Bien inspiré, mal inspiré, qui a une bonne, une mauvaise idée (pour agir). ⇒ avisé. Il a été bien inspiré de vendre ses actions avant le krach.

inspiré,ée
adj.
d1./d Qui a reçu l'inspiration. Poète inspiré. Prophète inspiré.
|| Qui dénote l'inspiration. Air inspiré.
d2./d être bien inspiré: avoir une bonne inspiration, une bonne idée.
d3./d Inspiré de: qui a pris tel modèle. Architecture inspirée de l'Antiquité.

⇒INSPIRÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de inspirer.
II. — Adj. et subst.
A. — [Correspond à inspirer I A]
1. [En parlant d'une pers.] Qui est animé, conduit par une force divine ou surnaturelle. Orateur, prophète inspiré. Les chrétiens n'en seraient pas satisfaits, si nous n'allions pas jusqu'à reconnaître en Christ un homme inspiré, un fils de Dieu, un dieu lui-même, crucifié pour nos péchés (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 292). On ne pouvoit voir sans étonnement, dans un salon de nos jours, un ministre du saint évangile inspiré comme les apôtres et spirituel comme un homme du monde (STAËL, Allemagne, t. 5, 1810, p. 49). Tous les soirs sur les boulevards, un vieillard inspiré, portant feutre et lavallière, traverse la foule en répétant sans arrêt : « Dieu est grand, venez à lui » (CAMUS, Peste, 1947, p. 1316).
Emploi subst. Entre les deux partis, puisque partis il y avait, entre les théologiens et les philosophes, les inspirés et les raisonneurs, également fanatiques, pareillement égarés, il était à lui seul son parti (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 40) :
1. Et voici que l'inspirée de la place Saint-Exupère troublait cet heureux état. Elle annonçait, sous la dictée de sainte Radegonde, la chute du ministère, la dissolution de la Chambre, la démission du président de la République et la fin du régime tombé dans la boue.
FRANCE, Orme, 1897, p. 92.
En partic. Livre inspiré. Livre qui est dicté par Dieu lui-même. Aujourd'hui qu'il est reconnu par tous les bons esprits, qu'il n'y a pas de livres inspirés, et que tous les livres portent le caractère, soit de la sagesse, soit de la sottise humaine (DUPUIS, Orig. cultes, 1796p. 571) :
2. ... le principal de la collection, avec la Loi, les Prophètes et les Écrits, se trouvait déjà formé vers le premier siècle avant J-C. Le recueil jouit alors dans le monde juif d'un extraordinaire prestige : on le tint pour un livre divinement inspiré, ayant pour auteur Dieu lui-même et garanti de toute erreur du fait de cette origine divine. C'était proprement la Parole de Dieu, le Livre de Dieu, ou, plus simplement, « le Livre » : tel est, en effet, le sens du mot Bible.
Philos., Relig., 1957, p. 40-15.
P. hyperb. Son unique affaire, toute cette journée, fut de se fortifier par la lecture du livre inspiré qui retrempait son âme (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 52).
2. [En parlant du comportement de qqn] Qui dénote une action, une impulsion divine ou surnaturelle. Œil, visage inspiré; arriver avec un grand air inspiré; faire qqc. d'un air inspiré. Il parle peu, mais en dit tant du regard! Je lui trouve le front inspiré et resplendissant de saint Dominique (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1841, p. 408). Il tient d'un air inspiré un immense drapeau suédois qui porte une croix gammée au lieu de la croix traditionnelle (GREEN, Journal, 1938, p. 145).
3. [En parlant d'un « lieu où souffle l'esprit »] Il s'est toujours joué un drame autour des lieux inspirés. Ils nous perdent ou nous sauvent (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 341).
B. — [Correspond à inspirer I B]
1. [En parlant d'une pers.] Auquel la nature ou les circonstances donnent l'impulsion créatrice, l'enthousiasme créateur. Musicien inspiré. Il n'est pas vrai qu'on puisse bien écrire quand on souffre. Tous ces hommes inspirés, qui se consacrent au culte des muses, se laissent plus vite submerger à la douleur que les esprits vulgaires (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 297). Ces deux strophes décèlent plus le grand poète, l'homme inspiré, le créateur, que tout mon poème (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1833, p. 171) :
3. ... elle revient sur ce qu'elle a dit, elle oublie le plan qu'elle avait en tête, elle se trompe de destinée et donne à l'un ce qui devait échoir à l'autre, elle rate le livre qu'elle tire à des millions d'exemplaires. Et tout à coup, de magnifiques éclairs de génie, des revirements comme Balzac n'en rêva jamais, une audace de fou inspiré qui justifie toutes les erreurs et tous les tâtonnements.
GREEN, Journal, 1932, p. 115.
Emploi subst. Ce n'est plus le livre d'un inspiré qui, les cheveux au vent, module les beaux lieux communs de la tristesse humaine, mais le livre d'un solitaire qui vit replié (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 38).
2. [En parlant de manifestations de l'activité intellectuelle ou artist.] Qui dénote l'enthousiasme créateur, l'impulsion créatrice, la qualité de l'inspiration de l'auteur. Œuvre, page inspirée. C'est toujours honnête, travaillé, émouvant par instants, mais ça manque vraiment trop de primesaut d'élan inspiré (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 19).
C. — [Correspond à inspirer II] PHYSIOL. Qui est introduit dans les poumons. Ces crachats desséchés et réduits en poussières pénètrent avec l'air inspiré dans les poumons des personnes qui vivent avec le malade et finissent par leur communiquer le mal (NOCARD, Tubercul. bovine, 1903, p. 16). Assurer la protection des poumons contre la pénétration, jusqu'à leurs alvéoles, des poussières minérales, végétales ou microbiennes en suspension dans l'air inspiré (CALMETTE, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 127).
Prononc. : []. Fréq. abs. littér. : 1 909. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 916, b) 2 000; XXe s. : a) 2 155, b) 2 407.

Encyclopédie Universelle. 2012.