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inexprimable

inexprimable [ inɛksprimabl ] adj.
• v. 1570; de 1. in- et exprimable
Qu'il est impossible ou très difficile d'exprimer; qui est au-delà de toute expression. indescriptible, indicible, inénarrable (1o), inexplicable. Pensées inexprimables. incommunicable. Épouvante, haine inexprimable. Douceur inexprimable. ineffable.
Subst. « Je notais l'inexprimable » (Rimbaud). « exprimer l'inexprimable » (Duhamel).

inexprimable adjectif et nom masculin Qu'on ne peut exprimer, qu'il est difficile d'exprimer : Une joie inexprimable.inexprimable (synonymes) adjectif et nom masculin Qu'on ne peut exprimer, qu'il est difficile d'exprimer
Synonymes :
- extraordinaire
- inconcevable
- incroyable
- indescriptible
- indicible
- ineffable
- inénarrable
- inimaginable
- inouï

inexprimable
adj. Que l'on ne peut exprimer.

⇒INEXPRIMABLE, adj.
A. — Qu'il est impossible ou très difficile d'exprimer, de traduire par le langage. Synon. indicible, ineffable. Il vit apparaître la duchesse Elisabeth revêtue d'habits royaux et resplendissante d'une lumière inexprimable (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 284). J'étais baisé par des crocodiles aux baisers cancéreux; et je gisais, confondu avec une foule de choses inexprimables et visqueuses, parmi les boues et les roseaux du Nil (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 431). Et alors, le printemps russe!... Le parfum inexprimable de la neige qui fond (TRIOLET, Prem. accroc., 1945, p. 280) :
1. ... je me représentais cette force multiple, généreuse, qui prodiguait la vie, comme le contraire même de cette fatalité démoniaque, implacable, qui me poussait à la ruine et à la mort. C'était une sensation inexprimable, dont les mots que j'essaie d'écrire ne rendent que bien faiblement la puissance bouleversante.
DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 380.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges (RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 228). C'est ici qu'interviendrait la musique, pour continuer l'expression de l'inexprimable, pour épandre tout mon triomphe intérieur (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 341) :
2. ... mon âme (...) exprimant ou plutôt balbutiant, comme elle pouvait, les tumultueuses sensations dont elle était pleine, à l'aide du langage insuffisant des hommes : ce langage n'a pas été fait pour exprimer l'inexprimable; signes imparfaits, mots vides...
LAMART., Raphaël, 1849, p. 239.
B. — Irréductible à toute forme d'expression, du fait de son intensité. Synon. incroyable. Je fus sage jusqu'au moment où je rencontrai celui dont l'amour devait me causer des joies inexprimables (FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 168) :
3. Deslauriers touchait à son vieux rêve : une rédaction en chef, c'est-à-dire au bonheur inexprimable de diriger les autres, de tailler en plein dans leurs articles, d'en commander, d'en refuser.
FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 227.
SYNT. Inexprimable douceur, douleur, malaise, tristesse; angoisse, anxiété, charme, confusion, dégoût, douceur, émotion, plaisir, tendresse, trouble inexprimable.
Prononc. et Orth. : [], [-ne-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1579 « qu'on ne peut exprimer par la parole » (H. ESTIENNE, Précellence du langage françois, éd. E. Huguet, p. 103); 1690 « au-delà de toute expression » joyes ... inexprimables (FUR.). Dér. de exprimable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 829. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 549, b) 1 301; XXe s. : a) 1 116, b) 833.
DÉR. Inexprimablement, adv. D'une manière inexprimable. Quelque chose d'inexprimablement triste, quelque chose d'indiciblement pesant tombait du plafond sur ces deux êtres (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 33). [], [-ne-]. 1re attest. 1821 des vers inexprimablement beaux (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, p. 228); de inexprimable, suff. -ment2.
BBG. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 443.

inexprimable [inɛkspʀimabl] adj.
ÉTYM. V. 1570, sens 2; de 1. in-, exprimer, et suff. -able.
1 (1579). Qu'il est impossible ou très difficile d'exprimer; qui est au-delà de toute expression (cit. 19). Indescriptible, indicible, ineffable, inénarrable, inexplicable. || Pensées inexprimables. Incommunicable (cit. 6). || Idée inexprimable par le langage. || Ce qui est inexprimable pour un écrivain, peut être exprimé, dit par un autre.
1 Car les choses de Dieu étant inexprimables, elles ne peuvent être dites autrement, et l'Église aujourd'hui en use encore (…)
Pascal, Pensées, X, 687.
1.1 Même dans les joies artistiques, qu'on recherche pourtant en vue de l'impression qu'elles donnent, nous nous arrangeons le plus vite possible à laisser de côté comme inexprimable ce qui est précisément cette impression même, et à nous attacher à ce qui nous permet d'en éprouver le plaisir sans le connaître jusqu'au fond et de croire le communiquer à d'autres amateurs avec qui la conversation sera possible, parce que nous leur parlerons d'une chose qui est la même pour eux et pour nous, la racine personnelle de notre propre impression étant supprimée.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 891.
2 Qui est trop intense ou trop complexe pour pouvoir être exprimé (états psychiques). || Un soulagement inexprimable (→ Armistice, cit. 1). || Attendre (cit. 39) avec une impatience inexprimable. || Entrer (cit. 45) dans des fureurs inexprimables. || Être envahi (cit. 15) par une mélancolie inexprimable. || Épouvante (cit. 3), haine inexprimable (→ Fond, cit. 46). || Goûter (1. Goûter, cit. 6) un bonheur, des jouissances inexprimables (→ Ignorer, cit. 48).
1.2 Sa situation était inexprimable.
Devoir la vie à un malfaiteur, accepter cette dette et la rembourser, être, en dépit de soi-même, de plain-pied avec un repris de justice, et lui payer un service avec un autre service; se laisser dire : Va-t'en, et lui dire à son tour : Sois libre; sacrifier à des motifs personnels le devoir, cette obligation générale, et sentir dans ces motifs personnels quelque chose de général aussi, et de supérieur peut-être; trahir la société pour rester fidèle à sa conscience; que toutes ces absurdités se réalisassent et qu'elles vinssent s'accumuler sur lui-même, c'est ce dont il était atterré.
Hugo, les Misérables, IV, p. 172.
Qui exprime un sentiment inexprimable. || Regard, sourire (→ Allonger, cit. 3) inexprimable.
2 (…) il s'approcha de la fenêtre avec des transports de joie inexprimables (…)
Mme d'Aulnoy, l'Oiseau bleu, p. 16.
3 La joie avec laquelle je vis les premiers bourgeons est inexprimable. Revoir le printemps était pour moi ressusciter en paradis.
Rousseau, les Confessions, VI.
4 Belle, et du caractère de beauté le plus touchant, avec un son de voix qui allait au cœur, et un regard qui dans les larmes avait un charme inexprimable (…)
Marmontel, Mémoires, III.
5 Inexprimable émotion que la voix de ce qu'on aime ! Mélange confus d'attendrissement et de terreur !
Mme de Staël, Corinne, XVII, IX.
6 (D'après Gautier) Tout homme, qu'une idée, si subtile et si imprévue qu'on la suppose, prend en défaut, n'est pas un écrivain. L'inexprimable n'existe pas.
Baudelaire, l'Art romantique, XX, III.
7 (…) mais maintenant que la chaîne était brisée, j'éprouvais un soulagement inexprimable.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, XIV.
3 N. m. (1849, Lamartine, in T. L. F.). || L'inexprimable : ce qu'on ne peut exprimer. || Vouloir exprimer l'inexprimable (→ Écrire, cit. 13).
7.1 J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.
Rimbaud, Une saison en enfer, p. 140.
8 (Le) style lyrique par le moyen duquel il nous est parfois possible d'exprimer l'inexprimable.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, III, p. 121.
CONTR. Exprimable.
DÉR. Inexprimabilité, inexprimablement.

Encyclopédie Universelle. 2012.