incarnation [ ɛ̃karnasjɔ̃ ] n. f.
• 1113; lat. incarnatio
1 ♦ Action par laquelle une divinité s'incarne dans le corps d'un homme ou d'un animal. Les incarnations de Jupiter (⇒ métamorphose ) , de Vishnu (⇒ avatar) .
♢ Dans la religion chrétienne, Union intime en Jésus-Christ de la nature divine avec une nature humaine. L'incarnation du Christ, et absolt L'incarnation. Le mystère de l'Incarnation.
2 ♦ (mil. XIXe) Ce qui incarne, représente. ⇒ image, personnification. Elle est l'incarnation de la douceur (cf. La douceur en personne; ⇒ incarné ). « Le Gouvernement l'exaspérait, comme l'incarnation même de l'injustice » (Flaubert).
● incarnation nom féminin (latin ecclésiastique incarnatio, -onis) Acte par lequel un être spirituel, une divinité s'incarne ; forme sous laquelle cet être apparaît. Personne ou chose qui apparaît comme la représentation, la manifestation concrète d'une réalité abstraite : Cet homme est l'incarnation de l'avarice. Union en Jésus-Christ de la deuxième personne de la Sainte-Trinité avec une nature humaine (avec une majuscule). ● incarnation (citations) nom féminin (latin ecclésiastique incarnatio, -onis) Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 En un sens le mystère de l'incarnation se répète en chaque femme ; tout enfant qui naît est un dieu qui se fait homme. Le Deuxième Sexe, tome II Gallimard ● incarnation (synonymes) nom féminin (latin ecclésiastique incarnatio, -onis) Personne ou chose qui apparaît comme la représentation, la manifestation...
Synonymes :
- image
- symbole
incarnation
n. f.
d1./d RELIG Action de la divinité qui s'incarne.
|| Mystère fondamental de la foi chrÉtienne, par lequel Dieu s'est fait homme en la personne de Jésus-Christ.
d2./d Image, représentation. C'est l'incarnation de la bonté.
⇒INCARNATION, subst. fém.
MYTH. et RELIG.
A. — [En parlant d'une divinité, d'un être spirituel]
1. Action de s'incarner, de prendre une forme humaine ou animale. Nous avons ici l'état de Mânes ou de spectres, une incarnation nouvelle dans des corps d'animaux, et la renaissance sous forme humaine (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 344). L'incarnation est une chute volontaire et humiliante (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 122).
— En partic., RELIG. CHRÉT. Incarnation de Jésus-Christ ou absol. Incarnation. Union en Jésus-Christ de la nature divine et de la nature humaine. Fête de l'Incarnation. C'est seulement dans le mystère de l'Incarnation rédemptrice que le Chrétien aperçoit ce qu'est la dignité de la personne humaine, et ce qu'elle coûte (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 221) :
• 1. ... dans l'opinion des Chrétiens, l'Incarnation de Christ n'est devenue nécessaire que parce qu'il fallait réparer le mal introduit dans l'univers par le serpent qui séduisit la première femme et le premier homme.
DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 294.
2. Résultat de cette action; forme humaine ou animale qui représente la divinité. Dans le vestibule, décoré de peintures étranges qui présentaient les trente-trois incarnations de Vichnou, était la statue du dieu Siva (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 410). Les « puissances divines » considérées comme des substances séparées, se réalisent [suivant Simon] en des incarnations successives, soit féminines, soit masculines (RENAN, Apôtres, 1866, p. 268).
B. — Au fig.
1. Manifestation extérieure, visible, d'une notion abstraite. Cet homme est l'incarnation du mal. La comtesse Foedora, riche et sans amant, résistant à des séductions parisiennes, n'était-ce pas l'incarnation de mes espérances, de mes visions? (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 113). Richard Cœur de Lion (...) médiocre politique au conseil (...) devenait sur le champ de bataille l'incarnation même du génie de la guerre (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 273) :
• 2. ... il y avait, dans cette tête de rapace, dans la fixité cruelle de l'œil, dans toute l'attitude immobile, tendue, dressée, comme une incarnation d'orgueil et de férocité.
VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 119.
2. Rare. Fait, pour un acteur, de s'identifier au personnage qu'il interprète. J'avais constaté, en lisant des pièces modernes, que cette intensité de vie, conférée aux personnages de théâtre par l'incarnation qu'en font les acteurs, pouvait presque être obtenue à la simple lecture (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LX).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 incarnatiun relig. (PH. DE THAON, Bestiaire, 168 ds T.-L.); 2. 1831 (BALZAC, loc. cit.). Empr. au lat. eccl. incarnatio « action de prendre un corps » et spéc. en parlant du Christ « action de revêtir la forme humaine ». Fréq. abs. littér. : 554. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 333, b) 571; XXe s. : a) 593, b) 1 408. Bbg. BESRET (B.). Incarnation ou eschatologie? Paris, 1964, 240 p.
incarnation [ɛ̃kaʀnɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1113; lat. ecclés. incarnatio, du supin de incarnare. → Incarner.
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1 Action par laquelle une divinité s'incarne dans le corps d'un homme ou d'un animal. || Les incarnations de Jupiter. ⇒ Métamorphose. || Les incarnations de Vichnou. ⇒ Avatar (cit. 6).
♦ Spécialt. Relig. chrét. Union intime en Jésus-Christ de la nature divine avec une nature humaine. || L'incarnation du Christ (→ Époque, cit. 3), et, absolt, l'Incarnation, dogme essentiel du christianisme. || Noël, fête de l'Incarnation. || Le mystère de l'Incarnation (→ Authenticité, cit. 8), prédit par l'Annonciation.
1 Il (Dieu) est demeuré caché, sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusques l'Incarnation; et quand il a fallu qu'il ait paru, il s'est encore plus caché en se couvrant de l'humanité.
Pascal, Lettre à Mlle de Roannez, fin oct. 1656.
2 L'incarnation montre à l'homme la grandeur de sa misère, par la grandeur du remède qu'il a fallu.
Pascal, Pensées, VII, 526.
3 Le Verbe divin a été fait homme : (…) il s'était fait une véritable incarnation dans les entrailles de la sainte Vierge.
Bossuet, Hist. des variations, II, III.
4 Les Asiatiques ne peuvent croire que par la foi (…) les incarnations du dieu Fo, de Vistnou, de Xaca, de Brama, de Sammonocodom, etc., etc., etc.
Voltaire, Dict. philosophique, Foi.
5 Le mystère de Jésus n'est rien de moins, rien de plus, que le mystère de l'Incarnation (…)
Daniel-Rops, Jésus en son temps, Introd., p. 8.
♦ Opération par laquelle l'esprit se fait chair, apparaît sous une forme matérielle.
6 On pourrait dire que la plus exacte formule de l'humanisme, c'est l'incarnation : l'insertion d'une donnée spirituelle dans un corps de chair, qui gouvernera ce corps de chair, mais qui tendra sans cesse à retrouver ses hiérarchies propres, sa fin. Il n'y a pas de définition plus haute de l'humanisme que celle dont la base est dans la notion chrétienne de l'homme : une âme incarnée.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, II, p. 79.
♦ Par métonymie. Forme incarnée (d'une divinité, d'un être surnaturel).
2 (1831, Balzac). || L'incarnation de (et subst. abstrait). Ce qui incarne, représente. ⇒ Image (I., 4.), personnification. || Tolstoï, incarnation de l'amour fraternel (→ Aveugle, cit. 10).
7 Depuis ce temps-là, le Gouvernement l'exaspérait, comme l'incarnation même de l'injustice.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, IV.
8 Agité, aventureux, fanfaron jusqu'à l'âge mûr, Thiers, dans sa vieillesse, apparaissait comme l'incarnation du bon sens.
J. Bainville, Hist. de France, XXI, p. 512.
9 Elle (Margaret Parker) lui apparaissait comme l'incarnation d'une douceur innocente, divine, qu'il avait toujours cherchée dans le monde pour rafraîchir une âme trop brûlante (…)
A. Maurois, la Vie de Byron, I, IV.
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COMP. Réincarnation.
Encyclopédie Universelle. 2012.