illusoire [ i(l)lyzwar ] adj.
• XIVe; lat. illusorius, de illusio → illusion
1 ♦ Vx Qui est propre à engendrer l'illusion. « Le sens de la vue est le plus illusoire » (Buffon).
2 ♦ Mod. Qui peut faire illusion, mais ne repose sur rien de réel, de sérieux. ⇒ chimérique, 1. faux, trompeur, vain. Ces guerriers « couraient dans le vide décocher à d'illusoires ennemis, d'illusoires estocades » (Céline). Il est illusoire d'espérer qu'il guérira.
⊗ CONTR. Réel, sûr.
● illusoire adjectif (latin médiéval illusorius, du latin classique illudere, se moquer de) Qui est propre à faire illusion : Bonheur illusoire. ● illusoire (synonymes) adjectif (latin médiéval illusorius, du latin classique illudere, se moquer de) Qui est propre à faire illusion
Synonymes :
- chimérique
- fictif
- irréel
- mythique
- spécieux
- utopique
Contraires :
- effectif
- fondé
- réalisable
- réel
- sérieux
- sûr
- vrai
illusoire
adj. Vain, chimérique. Promesse illusoire.
⇒ILLUSOIRE, adj.
A. — Qui tient de l'illusion, procède d'une illusion; qui ne correspond pas à la réalité, est sans existence, sans valeur ou sans efficacité réelle. Synon. chimérique, faux, fictif, imaginaire, irréel, vain; anton. effectif, réel, vrai. On applique le nom de papier-monnaie à une véritable monnaie de papier qui ne stipule pas son remboursement, ou qui ne stipule qu'un remboursement illusoire qu'on n'exécute pas (SAY, Écon. pol., 1832, p. 269). Ils croyaient de bonne foi avoir découvert un secret qui consolât de l'absence réelle par la présence illusoire, et s'hallucinaient à plaisir et s'extasiaient sur un vide que leur imagination surmenée bondait de merveilles, à grand renfort de volupté (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1097) :
• 1. Au commandement d'Alcide, péremptoire, ces ingénieux guerriers, posant à terre leurs sacs fictifs couraient dans le vide décocher à d'illusoires ennemis, d'illusoires estocades. Ils constituaient, après avoir fait semblant de se déboutonner, d'invisibles faisceaux et sur un autre signe se passionnaient en abstractions de mousqueterie.
CÉLINE, Voyage, 1932, p. 189.
SYNT. Apparence, existence, monde illusoire; impression, perception, sensation, sentiment illusoire; certitude, connaissance, conviction, raisonnement illusoire; capacité, faculté, possibilité illusoire; bonheur, liberté illusoire; avantages, biens, plaisirs, satisfactions illusoires; espérances, promesses, rêves illusoires.
— Loc. Il est illusoire de + inf. Il est illusoire de croire, de penser, d'espérer. Ainsi m'est-il apparu une nouvelle vérité et c'est qu'il est vain et illusoire de s'occuper de l'avenir. Mais que la seule opération valable est d'exprimer le monde présent (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 579).
— Emploi subst. masc. (avec valeur de neutre). Méthode d'exercer l'intelligence, qui consiste à regarder. Application de cette méthode pour la discrimination du réel et de l'illusoire (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 122).
B. — Qui porte à l'illusion, tend à tromper, à induire en erreur. Une proposition illusoire, contrat illusoire (Ac. 1798-1935). J'aurais compris que les femmes honnêtes usassent de ces moyens illusoires (, Aphrodite, 1896, p. 140). Ils croyaient noyer dans un vin illusoire, une bibine acide, la peur d'hier et celle d'aujourd'hui (BERNANOS, Gds cimet., 1938, p. 192) :
• 2. On trouve dans les monts des lacs de quelques toises,
Purs comme des cristaux, bleus comme des turquoises
(...) Où le chamois craintif, lorsqu'il vient pour y boire,
S'imagine, trompé par l'optique illusoire,
Laper l'azur du ciel.
GAUTIER, Poés., 1872, p. 269.
Prononc. et Orth. : [il(l)]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIVe s. « trompeur » (E. DESCHAMPS, III, 201, 57 ds T.-L.). Empr. au b. lat. illusorius « trompeur, illusoire ». Fréq. abs. littér. : 486. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 528, b) 309; XXe s. : a) 636, b) 1 067. Bbg. DELB. Matér. 1880, p. 172.
DÉR. Illusoirement, adv. D'une manière illusoire. Si la familiarité des termes ne se confondait pas illusoirement avec une connaissance exacte infaillible (MAINE DE BIRAN, Influence habit., 1803, p. 181). Mais lui aussi [le XXe siècle] s'écroulera pour n'avoir pas su concevoir qu'il étouffait dans sa carapace illusoirement solide une âme qui ne vit pas seulement avec des idées et avec des mots (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 385). — [il(l)]. Att. ds Ac. 1718-1878. — 1res attest. XVIe s. (Rep. de la libr. de Fr. 1er, 160 ds GDF. Compl.); 1596 (HULSIUS ds Z. fr. Spr. Lit. t. 23, p. 36); de illusoire, suff. -ment2.
illusoire [i(l)lyzwaʀ] adj.
ÉTYM. Fin XIVe; lat. illusorius, de illusio. → Illusion.
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1 Vx. Qui est propre à engendrer l'illusion, à tromper les sens, la raison. ⇒ 1. Faux.
1 Ce n'est que parce qu'une foule d'expériences a démenti les prédictions que les hommes se sont aperçus que l'art (de l'astrologie) est illusoire.
Voltaire, Dict. philosophique, Astrologie.
2 Le sens de la vue est le moins juste et le plus illusoire (…)
♦ Littér. Imaginaire.
2.1 (…) ces ingénieux guerriers, posant à terre leurs sacs fictifs couraient dans le vide décocher à d'illusoires ennemis, d'illusoires estocades. Ils constituaient, après avoir fait semblant de se déboutonner, d'invisibles faisceaux et sur un autre signe se passionnaient en abstractions de mousqueterie.
Céline, Voyage au bout de la nuit, in Romans, Pl., p. 189.
2 Mod. Qui peut faire illusion, mais ne repose sur rien de réel, de sérieux. ⇒ Apparent, chimérique, 1. faux, trompeur, vain. || Richesse, utilité apparente (cit. 7) et illusoire (→ Épuiser, cit. 4). || Espérance illusoire, qui ne peut se réaliser. || Il est illusoire d'espérer… (→ Force, cit. 46).
3 Je regardais Sénac (c'est Laurent Pasquier qui parle) et j'étais étreint par le sentiment de l'irréductible et de l'irrachetable. Non, non, le sacrifice du Christ est illusoire puisqu'il est admis, dès le début de l'aventure, que les anges des ténèbres ne peuvent pas être sauvés.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, t. VI, X, p. 370.
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CONTR. Certain, effectif, réel, sûr, vrai.
DÉR. Illusoirement.
Encyclopédie Universelle. 2012.