hypostase [ ipɔstaz ] n. f.
• v. 1560; ypostasie XIVe; lat. hypostasis, mot gr., de huphistanai « placer sous »
I ♦ Méd. Accumulation de sang dans les parties déclives (basses) du poumon (le plus souvent, complication d'une insuffisance cardiaque).
II ♦ (1541) Théol., philos. Substance, et spécialt Chacune des trois personnes de la Trinité en tant que substantiellement distincte des deux autres. La doctrine « qui devait faire [de Jésus] une hypostase divine » (Renan). — Adj. HYPOSTATIQUE , 1474 .
III ♦ (1927) Ling. Substitution d'une catégorie grammaticale à une autre (adjectif employé en fonction de substantif, etc.).
● hypostase nom féminin (bas latin hypostasis, du grec hupostasis, base) Chacune des trois personnes de la Sainte-Trinité considérées comme substantiellement distinctes. (Il y a en Dieu trois hypostases en une seule nature ; en Jésus-Christ une hypostase en deux natures.) Substitution d'une catégorie grammaticale à une autre (nom propre devenant nom commun [un harpagon], verbe devenant substantif [le boire], etc.).
hypostase
n. f. PHILO Sujet réellement existant, substance.
⇒HYPOSTASE, subst. fém.
I. — MÉDECINE
A. — Vx. Sédiment dans un liquide organique (spécialement dans les urines). (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — ,,Accumulation de sang dans les parties déclives des poumons chez les malades placés en décubitus dorsal prolongé et dont la circulation est perturbée`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Il alla prendre deux oreillers sur le lit, vint se rasseoir, et, le buste droit pour éviter l'hypostase, il commença avec précaution ses exercices respiratoires (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 769).
II. — PHILOS. et THÉOL.
A. — [Doctrine néo-platonicienne] Principe divin. La base de cette philosophie [de Philon] était une sorte de métaphysique abstraite, introduisant dans la Divinité unique des hypostases diverses (RENAN, Évangiles, 1877, p. 415). Le dogme chrétien, qu'il [Averroès] confondait avec la doctrine des hypostases alexandrines (Théol. cath. t. 4, 1, 1920, p. 1222).
B. — [Dogme chrétien] Chacune des trois personnes divines, considérée comme substantiellement distincte. Il y a en Dieu trois hypostases et une seule nature (Ac.) Cette vieille question, débattue pendant des ans : le Christ a-t-il été attaché, seul, sur la croix ou bien la Trinité, une en trois personnes, a-t-elle souffert, dans sa triple hypostase, sur le gibet du Calvaire? (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 108).
III. — LING. Substitution d'une catégorie grammaticale à une autre (d'apr. MAR. Lex.).
Prononc. et Orth. : [] ou [-a:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1398 méd. ypostasie (Somme Me Gautier, B.N. 1288, f° 125a ds GDF. Compl.); 1575 hypostase (PARÉ, Œuvres, livre XXVI, chapitre 14, éd. J.-F. Malgaigne, t. 3, p. 615); 2. 1541 théol. (CALVIN, Institution chrétienne, livre I, chapitre 13, éd. J.-D. Benoit, t. 1, p. 146); 3. 1926 philos. (LALANDE); 4. 1933 ling. (MAR. Lex.). Empr. au gr. « action de se placer en dessous » d'où « support; sédiment, dépôt » en médecine, et en philos. « substance, c'est-à-dire réalité »; le sens 2 est empr. au lat. eccl. hypostasis désignant les trois personnes divines dans la Trinité en tant qu'on les considère comme substantiellement distinctes. Fréq. abs. littér. : 24. Bbg. HOLSTEIN (H.). Hypostases divines... Foi Lang. 1977, n° 2, pp. 115-120. - JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 52.
hypostase [ipɔstɑz] n. f.
ÉTYM. V. 1560, Paré; ypostasie, 1398; lat. hypostasis, du grec hupostasis, de huphisthanai « placer sous ». → -stase.
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♦ Didactique.
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I Méd. Dépôt d'un liquide organique (urines…). — Spécialt. Accumulation de sang dans les parties déclives (basses) du poumon (le plus souvent, complication d'une insuffisance cardiaque).
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II (1541, Calvin). Théol., philos. Substance et, spécialt (dans le dogme chrétien), chacune des trois personnes de la Trinité, en tant que substantiellement distincte des deux autres. || Il y a en Dieu trois hypostases.
1 On ne saurait méconnaître dans ces affirmations de Jésus le germe de la doctrine qui devait plus tard faire de lui une hypostase divine, en l'identifiant avec le Verbe, ou « Dieu second », ou fils aîné de Dieu, ou Ange métatrône, que la théologie juive créait d'un autre côté.
Renan, Vie de Jésus, XV, Œ. compl., t. IV, p. 238.
1.1 (…) l'école d'Alexandrie développait sa théorie des hypostases, terme qui fut adopté par les philosophes de cette école, comme par les chrétiens, pour signifier ce qu'on nomma en latin les personnes de la trinité.
Émile Burnouf, la Science des religions, p. 121.
♦ Figuré :
2 Jour après jour, j'ai compris qu'il adorait en Cécile une hypostase parfaite de son être enchaîné, de son être à lui (…) Il disait, avec une ferveur colorée d'extravagance : « C'est elle qui a mes mains (…) Alors il faut qu'elle obéisse ! ».
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, VIII.
♦ Spécialt. « Entité fictive, abstraction faussement considérée comme une réalité » (Lalande). ⇒ Hypostasier.
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III (XXe; Marouzeau, 1933). Ling. Substitution d'une catégorie grammaticale à une autre (adjectif employé en fonction de substantif, etc.).
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DÉR. Hypostasier.
Encyclopédie Universelle. 2012.