huiler [ ɥile ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1488 s'huyler « se frotter d'huile »; de huile
1 ♦ Frotter, oindre avec de l'huile. ⇒ graisser, lubrifier. Huiler une serrure, une chaîne de vélo. Huiler les rouages d'une machine pour éviter le grippage. — S'huiler la peau à l'huile d'amandes douces. — Cuir, papier huilé; étoffe, soie huilée, enduit d'une huile qui l'imperméabilise.
♢ Fig. Bien huilé : dont le fonctionnement est parfait. La vie paisible d'une démocratie aux mécanismes bien huilés.
2 ♦ (1546) Assaisonner avec de l'huile (seult au p. p.). Salade trop huilée.
● huiler verbe transitif Frotter, imprégner quelque chose d'huile : Huiler une serrure. ● huiler (synonymes) verbe transitif Frotter, imprégner quelque chose d' huile
Synonymes :
- graisser
huiler
v. tr. Enduire, frotter d'huile; lubrifier avec de l'huile. Huiler une machine.
— Pp. adj. Papier huilé, rendu imperméable par imprégnation d'huile.
⇒HUILER, verbe
A. — Emploi trans. Qqn huile qqc./qqn
1. Enduire, frotter, imprégner d'huile. Huiler une machine; huiler les rouages, les engrenages d'un mécanisme. Il huilait sa chair de parchemin, faisant ressortir les grosses veines violettes qui lui couturaient la peau (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 825). Et j'ai huilé les gonds de la porte d'une huile Qui la fera s'ouvrir ainsi que pour une ombre (RÉGNIER, Jeux rust., 1897, p. 170). La machine (...) est haute et puissante. Ses ressorts sont huilés à souhait. Ses rouleaux brillent sous l'électricité (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 213).
— Emploi pronom. réfl. Quantité de liqueurs mirifiques en de menus flacons gentiment travaillés, un véritable arsenal de galante, quoi! pour s'huiler, s'embaumer, se rajeunir, se plâtrer l'estomac, se friser le crin et se rincer le museau (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 372).
♦ Réfl. indir., p. anal. Le paternel fait glisser son émotion en s'huilant le gosier avec du visqui (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 40).
— En partic.
♦ Assaisonner avec de l'huile. Huiler une salade. (Dict. XIXe et XXe s.; BESCH. 1845 note cet emploi comme incorrect).
♦ Rare. Administrer l'huile des infirmes à quelqu'un. Il a eu une fièvre cérébrale et a manqué mourir. On l'a administré, huilé, etc. mais il en est revenu (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, 1870, p. 155).
— PEAUSS. V. huile I A 5 b. Les peaux, égouttées et essorées, sont huilées sur chair et mises en pile (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 123).
2. Au fig. ou p. métaph. Le service que peut nous rendre, en huilant les difficultés devant nous, tel ascendant, est inappréciable. En ce cas l'hérédité poursuivie est un principe de perfectionnement (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 46). En vérité, ce sont des personnes qui savent vivre. Elles ne compliquent pas les choses; elles les huilent plutôt (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1312). Une volupté primitive les pénétrait, tiédissait, assouplissait leur chair, huilait leurs articulations, liquéfiait leur sang (ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p. 51).
— Huiler les rouages. Synon. de mettre de l'huile dans les rouages. Pour huiler, pour ainsi dire, les rouages de la machine administrative, on a cru bon d'édicter pour Paris des règles spéciales par lesquelles la municipalité et la préfecture se confondent (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p. 111).
B. — Emploi intrans. Qqc. huile. Plante qui huile. Suinter en laissant s'écouler un liquide gras sous l'effet d'une maladie. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. : [], huile []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. XIVe s. [ms.] (Triomphe des vertus, BN 443, fol. 27 r° ds GDF. : huyler les playes). Dér. de huile; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 15.
huiler [ɥile] v.
ÉTYM. XIVe, huyler (les plaies); s'huyler « se frotter d'huile », 1488; huiler « assaisonner avec de l'huile », 1546; de huile.
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1 Frotter, oindre avec de l'huile. ⇒ Graisser, lubrifier. || Huiler une serrure, des gonds (cit. 3), des pièces d'horlogerie. || Huiler les rouages d'une machine pour faciliter le glissement, éviter le grippage. || S'huiler la peau à l'huile d'amandes douces. — Au p. p. || Cuir huilé, papier huilé, enduit d'une huile qui l'imperméabilise. || Étoffe, soie huilée. — Pron. || S'huiler avant un bain de soleil (→ ci-dessous, cit. 3).
1 (…) il nous restera quelques précautions à prendre contre le bruit de la porte et de la serrure (…) Vous trouverez, sous la même armoire où j'avais mis votre papier, de l'huile et une plume. Vous allez quelquefois chez vous à des heures où vous êtes seule : il faut en profiter pour huiler la serrure et les gonds.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXXIV.
2 Les portes d'acajou massif tournent sans bruit,
Leurs serrures étant, comme leurs gonds, huilées.
Verlaine, Poèmes saturniens, « Mort de Philippe II ».
3 (…) les journaux qui (…) renient cyniquement ce qu'en juillet ils prônèrent. Où elle lisait en juin : « Huilez-vous, Mesdames ! Hors de l'huile point de salut ! », la petite dame sans nez voit que l'usage de l'huile a néfastement obstrué les pores, tous les pores de toute sa peau.
Colette, Belles Saisons, p. 37.
4 (…) deux cents ans auparavant, pendant les grandes pestes du Midi, les médecins revêtaient des étoffes huilées pour leur propre préservation.
Camus, la Peste, p. 255.
♦ Par compar. (→ ci-dessous, cit. 5) ou par métaphore. Au p. p. Dont la surface est lisse ou humide et grasse. ⇒ Huileux (3.).
5 (…) des cloches d'un airain gras, comme huilé, qui absorbait, sans les réfracter, les rayons du jour.
Huysmans, Là-bas, III.
6 Jaurès répond à Clemenceau. Il s'essuie le front dès le début. Son lorgnon glisse sur son front huilé par la sueur.
M. Barrès, Cahiers, 19 juin 1906, t. V, p. 34.
♦ Par métaphore. || Bien huilé : dont le fonctionnement est parfait. || Un régime politique aux mécanismes bien huilés.
6.1 (…) la grosse mécanique bien huilée qu'aucun de ces désastres nationaux, dont ils furent les auteurs, durant les dernières années, n'a arrêtée ni même troublée dans son fonctionnement.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 141.
♦ ☑ Loc. Huiler les rouages (→ Adoucir, arrondir les angles).
7 Dans son esprit timoré, il craignait qu'il n'emportât de toutes ces discussions un souvenir un peu aigre. Il tint à huiler les rouages.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, III, p. 184.
2 (1546). Rare, sauf au p. p. Assaisonner avec de l'huile. || La salade est trop huilée, mets un peu plus de vinaigre.
3 V. intr. (1771). Agric. || Plante qui huile : plante malade (de la maladie dite huilure), qui suinte un liquide gras.
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huilé, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article, ci-dessus (cit. 2, 4, 5 et 6).
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CONTR. Sécher. — (Du p. p.) Sec.
DÉR. Huilage.
Encyclopédie Universelle. 2012.