hérissé, ée [ 'erise ] adj.
• XIIe; de hérisser
1 ♦ Dressé. Poils, cheveux hérissés. ⇒ hirsute.
2 ♦ Garni de pointes. Cactus hérissé. ⇒ épineux . Tige hérissée. ⇒ hispide.
3 ♦ Fig. ⇒ hargneux, rude. « Un amour-propre hérissé » (R. Rolland). « il est rude, hérissé et presque sauvage » (Sainte-Beuve). ⇒ susceptible.
⊗ CONTR. Arrondi, 1. lisse, 1. plat. Aimable, 1. avenant, doux; facile.
⇒HÉRISSÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de hérisser.
II. — Adjectif
A. — [Avec un compl. introd. par de ]
1. Couvert d'un ensemble de choses qui se dressent comme des piquants. Littoral hérissé d'écueils; joues hérissées de barbe. Un pays hérissé de montagnes. Un bataillon hérissé de piques (Ac.). Sa ceinture était si hérissée de dards, qu'elle faisait une bosse dans son large manteau (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 16). Chevaliers passant au pied des donjons tout hérissés de poivrières et de tours (FAURE, Hist. art, 1914, p. 510) :
• 1. ... des vieilles, assises sur le pas de leurs portes, un coussin hérissé d'épingles sur les genoux, agitaient déjà leurs fuseaux...
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 217.
— [P. ell. du compl.] L'armée franque, hérissée et compacte, refusa le combat sans se laisser entamer (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 227).
2. Qui possède quelque chose que l'on présente comme peu heureux, choquant ou exagéré. Une science, une affaire hérissée de difficultés (Ac. 1835-1935). Les noms propres y sont hérissés d'épithètes; un héros manque rarement d'être divin, semblable aux immortels, ou honoré des peuples comme un dieu (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 549). Écrit un sanglant billet, hérissé d'ironie, à ce paresseux R. (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 294). De bonnes gens hérissés de politesse, bardés de civilité (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 290).
— En partic. Un pédant hérissé de grec et de latin. ,,Qui cite à tout propos du grec et du latin`` (Ac.).
— [P. ell. du compl.] Tout lui constituait un avenir hérissé vers lequel elle s'avançait en tremblant (MONTHERL., Songe, 1922, p. 58).
B. — Dressé comme des piquants. Moustaches hérissées. Cheveux hérissés. Poil hérissé (Ac.). Le poil tout hérissé du souffle prophétique (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 44). La digue plantée d'une triple rangée de courts pilotis hérissés (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 181) :
• 2. Tarrou remarqua seulement que ses touffes, sur les tempes, étaient beaucoup plus hérissées et qu'un de ses lacets était dénoué.
CAMUS, Peste, 1947, p. 1414.
— En partic. Dont les poils, les plumes se dressent comme des piquants. Synon. ébouriffé, hirsute. Animal hérissé. Saint-Victor arrive, hérissé, ébouriffé, non peigné, non lustré (GONCOURT, Journal, 1858, p. 490). Un poulailler entouré d'un treillage en fil de fer, où des poules hérissées dormaient sur leur perchoir (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 136). La fréquence sonore de leur tête hérissée est par moment atroce (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 81).
— Au fig. Hérissé contre (qqn/qqc.). Dressé contre (quelqu'un ou quelque chose). Il tombait au milieu de tous les préjugés hérissés contre lui (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 418).
C. — [Le déterminé désigne une pers.] Qui est dans une disposition d'humeur défavorable (à quelqu'un ou à quelque chose). Synon. hargneux, revêche; anton. aimable. Quel homme hérissé! (Ac. 1935). Marcel effectivement nous mettait tous « dans un même sac » (...) quand il nous lardait d'impertinences, lui si hérissé (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 131). Pourquoi, dis-je alors, tout hérissé de haine (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 71) :
• 3. — Sois prudent, dit Ritchie. Ne commence pas par un éreintement. — Pourquoi pas? demanda Gomez hérissé.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 26.
Encyclopédie Universelle. 2012.