harem [ 'arɛm ] n. m.
1 ♦ Appartement des femmes (chez un grand personnage musulman). ⇒ gynécée. Le harem du palais du sultan. Eunuques servant dans un harem.
2 ♦ Ensemble des femmes qui habitent le harem. — Par plais. Femmes d'une même famille ou femmes qui fréquentent un même homme. Professeur entouré d'un harem d'étudiantes.
harem
n. m.
d1./d Appartement propre aux femmes, chez certains peuples musulmans.
d2./d Par ext. Ensemble des femmes qui y habitent.
⇒HAREM, subst. masc.
A. — [En pays musulman] Lieu réservé, interdit aux hommes, où habitent les femmes et les concubines. Le harem du pacha, du sultan; les harems de l'Orient; être captive, enfermée au fond d'un harem. Partout les harems forment une aile un peu séparée par des jardins ou des cours de l'appartement des hommes. Ils sont grillés (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 389) :
• Il a de grands harems pleins de femmes fort belles
Que surveille un troupeau d'eunuques abyssins;
Arabes du Hedjaz aux longs yeux de gazelles,
Juives aux cheveux noirs, Persanes aux seins bruns,
Et négresses d'Égypte aux ardentes prunelles.
LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 126.
B. — P. méton. Ensemble des femmes qui habitent ce lieu. Un harem nombreux. De vieux Turcs avec leurs femmes portées dans des paniers, un harem tout entier qui voyageait voilé et qui criait, quand nous sommes passés près de lui, comme un bataillon de pies (FLAUB., Corresp., 1850, p. 208).
♦ P. métaph. L'hiver, il chambrait tout un harem de roses en pots dans sa petite maison (COLETTE, Gigi, 1944, p. 208).
— P. ext., fam. Femmes entourant un homme. Mario, entouré de son harem [=entre ses deux femmes, maîtresses en titre et en second], trônait comme l'Aga Khan soi-même (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 33).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1559 haram « grand péché » (G. POSTEL, République des Turcs, 64 cité par R. ARVEILLER ds Z. rom. Philol. t. 93, p. 324); 2. ca 1660 haram « appartement des femmes chez les musulmans » (RAPHAËL DU MANS, Estat de la Perse en 1660, 20, ibid., p. 325); 3. 1661 haram « ensemble des femmes d'un harem » (F.C. LE COMTE et E. CARNEAU, trad. Les fameux voyages de Pietro Della Valle, t. II, 140-141, ibid.); 1673 harem (A. GALLAND, Journal, B.N. ms. fr. 6089, 39 r°, ibid., p. 326). Empr. à l'ar. « chose interdite et sacrée; enceinte sacrée; épouse, femme ». Fréq. abs. littér. : 209. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 184, b) 603; XXe s. : a) 381, b) 178. Bbg. QUEM. DDL t. 3, 7, 13. - SAINT-JACQUES (B.). Sex, dependency and language. Linguistique. Paris, 1973, t. 9, p. 95.
harem ['aʀɛm] n. m.
ÉTYM. 1673; haram, v. 1660, in D. D. L.; hara, 1632, in D. D. L.; arabe hǎrăm « ce qui est défendu, sacré », appliqué aux femmes qu'un homme étranger à la famille ne doit pas voir.
➪ tableau Mots français d'origine arabe. REM. Le mot a été longtemps confondu avec sérail; ainsi Montesquieu n'emploie que ce dernier mot.
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1 Appartement des femmes, dans la civilisation musulmane. ⇒ Gynécée. || Le harem impérial, du palais du sultan (→ Bisaïeul, cit.). || Les jardins du harem (→ Bleuir, cit. 1). || Femmes cloîtrées dans un harem. || Eunuques servant dans un harem. — REM. Loti emploie parfois la forme développée haremlike (→ Grillage, cit. 1).
1 Les Circassiens sont pauvres, et leurs filles sont belles; aussi ce sont elles dont ils font le plus de trafic. Ils fournissent de beautés les harems du grand-seigneur, du sophi de Perse (…)
Voltaire, Lettres philosophiques, XI.
2 (…) au pays féerique où les blanches sultanes
Baignent leurs corps polis à l'ombre des platanes.
Et s'enivrent le cœur aux chansons du harem
Sous les rosiers de Perse et de Jérusalem,
Tandis qu'en souriant, les esclaves tartares
Arrachent des soupirs à l'âme des guitares.
Th. de Banville, Odes funambulesques, « Opéra turc ».
3 Chez nous, musulmans, vous savez combien, dans une même maison, hommes et femmes vivent séparés. Cela tend à disparaître (…) Mais ce n'est pas le cas dans les vieilles familles strictement pratiquantes comme les nôtres; là, le harem, où nous devons nous tenir, et le selamlike, où résident les hommes nos maîtres, sont des demeures tout à fait distinctes.
Loti, les Désenchantées, XIX.
♦ Appartement des femmes (chez les peuples d'Orient).
4 Les maîtres du Nil et de l'Euphrate comptent dans leurs harems des femmes par centaines : il (Salomon) en prend un millier.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, I.
2 (1866, Littré). Ensemble des femmes qui habitent le harem. || Prince, seigneur disposant d'un nombreux harem. || Harem qui s'enrichit d'une nouvelle épouse, de nouvelles servantes (⇒ Odalisque).
5 (…) le harem de nos jours, c'est tout simplement la partie féminine d'une famille constituée comme chez nous, — et éduquée comme chez nous, sauf la claustration, sauf les voiles épais pour la rue, et l'impossibilité d'échanger une pensée avec un homme, s'il n'est le père, le mari, le frère, ou quelquefois, par tolérance, le coursin très proche avec qui l'on a joué étant enfant.
Loti, les Désenchantées, I, II.
3 Fam. Les nombreuses femmes que fréquente un homme aux multiples liaisons.
6 (…) je m'étais dit que je serais contente d'entrer dans votre harem : je me serais très bien entendue avec les autres épouses de mon sultan. Et j'ai vu que ce n'était pas du tout cela. Vous ne pouvez pas avoir de harem : vous êtes trop mortellement sérieux dans votre amour.
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, p. 167.
♦ Groupe de femmes vivant sous le même toit.
7 (…) une femme douée d'un esprit d'observation un peu terre à terre, mais pénétrant, est plus précieuse pour le penseur que tout un harem de femmes savantes.
J. Payot, Éducation de la volonté, IV, I, 2.
Encyclopédie Universelle. 2012.