haras [ 'ara ] n. m.
• 1280; haraz XIIe; p.-ê. a. scand. hârr « qui a le poil gris »
♦ Lieu, établissement destiné à la reproduction de l'espèce chevaline, à l'amélioration des races de chevaux par la sélection des étalons. Registre d'un haras de pur-sang. ⇒ stud-book. Haras nationaux, appartenant à l'État. Direction générale des haras (ministère de l'Agriculture).
⊗ HOM. poss. Ara.
haras
n. m. Lieu, établissement où l'on élève des juments et des étalons sélectionnés, destinés à la reproduction et à l'amélioration de l'espèce.
I.
⇒HARAS1, subst. masc.
A. — Établissement où l'on sélectionne et élève des étalons et des juments pour la reproduction et l'amélioration de la race chevaline. Créer, établir un haras; haras nationaux, privés. D'antichambre en écurie, frotté à toutes les roublardises, à toutes les rapacités, à tous les vices des domesticités de grande maison, il est passé lad au haras d'Eaton (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 335) :
• Le prêteur, pour se pourvoir de tous les recours et garanties présentés par la législation commerciale, avait exigé d'Anthime que celui-ci (...) déclarât que l'emprunt était contracté par lui pour les besoins de l'exploitation d'un haras dont il se reconnaissait propriétaire.
CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 126.
— P. méton. ,,Ensemble des animaux d'un élevage de chevaux et du personnel qui s'en occupe`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975).
— Haras sauvage. ,,Lieu similaire où les chevaux non domestiqués vivent en liberté`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975).
— En partic. Service des haras, p. ell. les haras. ,,Administration du ministère de l'agriculture, gérant les haras nationaux`` (Agric. 1977). Être employé aux haras.
B. — P. anal. Élevage d'autres animaux. Quand je fus prêt à partir, le roi me donna un parasol pour le soleil, et il me dit : « J'ai, sur l'Indus, un haras de chameaux blancs, prends-en ce qu'il te faut, et quand tu n'en voudras plus, tourne-leur la tête du côté du nord et souffle-leur dans les oreilles, ils reviendront » (FLAUB., Tentation, 1849, p. 294). Beaucoup de ces hommes, qui n'ont pas de quoi nourrir un chien, ont assez pour élever un âne qui les porte. Les troglodytes des cuevas, qui habitent des grottes sans fenêtres, ont des haras de bourricots (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 22).
— Haras humains. Les Lebensborn nazis. Une série de mesures « d'hygiène raciale » furent édictées afin de sélectionner les progéniteurs, de contrôler les mariages pour les individus reconnus de « sang pur » (...). C'est dans cette optique que furent créés en 1936 les Lebensborn (mot à mot : fontaines de vie) étudiés par Marc Hillel. Ces officines (...) tenaient à la fois de la clinique d'accouchement et du haras de reproduction (J. RUFFIÉ, De la biologie à la culture, Paris, Flammarion, 1976, p. 452).
Prononc. et Orth. : [], ou [] (DG, BARBEAU-RODHE 1930, Pt, ROB., WARN. 1968), init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 haraz « troupe d'étalons et de juments réunis dans un lieu en vue de la reproduction » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 3937); 2. 1280 [date du ms.] « établissement où l'on tient réunis ces étalons et ces juments » (ALEX. DE PARIS, Alexandre, var. ms. L, 1268 in Elliott Monographs, 38, 134). Prob. empr. de l'a. scand. hârr « au poil gris », d'après la couleur la plus fréquente de la robe des chevaux (cf. grison, grisard); suff. -as; cf. FEW t. 16, p. 173 b-174 a et l'étymol. ar. (faras « cheval ») rejetée par BL.-W.5. Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1930], pp. 415-416.
II.
⇒HARAS2, subst. masc.
Vx. ,,Gros perroquet à longue queue`` (Ac. 1835, 1878),v. ara. Alors, Abigail, tout en passant les doigts dans les plumes de son haras (BOREL, Champavert, 1833, p. 86).
Prononc. et Orth. : [] (LITTRÉ). Att. ds Ac. 1835, 1878. Forme usuelle ara. Étymol. et Hist. V. ara.
haras ['aʀɑ] n. m.
ÉTYM. 1280; haraz « troupe d'étalons », v. 1160; probablt de l'anc. scandinave hârr « qui a le poil gris ». P. Guiraud suggère un étymon gallo-roman haracius, du lat. hara « abri pour les animaux » (cf. ital. dial. ara « abri pour les chevaux »), d'une rac. signifiant « enclos », d'où aussi hortus (→ Horti-, hortillon).
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1 Lieu, établissement destiné à la reproduction de l'espèce chevaline, à l'amélioration des races de chevaux par la sélection des étalons (cit. 1 et 2). || Haras privés, appartenant aux particuliers. || Le stud-book d'un haras de pur-sang. — (En France). || Haras nationaux, appartenant à l'État. ⇒ 1. Étalon (dépôt d'étalons), jumenterie. || Administration des haras (loi du 21 mars 1874). || La direction générale des haras au ministère de l'Agriculture. || Concours des haras. || Étalons privés approuvés ou autorisés par la commission des haras.
1 Les haras nationaux furent créés par Colbert en 1665 (…) Il fit acheter des étalons par l'État et les mit en dépôt chez des particuliers qui les nourrissaient moyennant certaines détaxes d'impôts. En 1714 fut créé le haras du Pin en Normandie qui commença à fonctionner quatre ans plus tard. En 1751, naquit la Jumenterie de Pompadour en Corrèze (…)
Raymond Amiot, le Cheval, p. 101.
2 L'administration des Haras met à la disposition des éleveurs des étalons et des baudets dont l'effectif est fixé par une loi; les étalons nationaux sont entretenus dans vingt-trois dépôts régionaux, et répartis pour la saison de monte dans sept cents stations de monte environ.
Dalloz, Dict. pratique de droit, art. Haras, no 2.
2 (En parlant de l'espèce humaine) :
3 (…) la loi (à Sparte) fixe l'âge des mariages et choisit le moment et les circonstances les plus favorables pour bien engendrer. Il y a chance pour que de tels parents aient des enfants beaux et forts; c'est le système des haras, et on le suit jusqu'au bout puisqu'on rejette les produits mal venus.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 188.
4 (…) toute sélection implique la suppression des malvenus, et c'est à quoi notre chrétienne de société ne saurait se résoudre. Elle ne sait même pas prendre sur elle de châtrer les dégénérés; et ce sont les plus prolifiques. Ce qu'il faudrait, ce ne sont pas des hôpitaux, c'est des haras.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XI.
♦ Spécialt. || Haras humains : les Lebensborn nazis (1936), organismes de contrôle génétique et de reproduction supervisée de manière raciste pour assurer la « pureté » de la « race » aryenne.
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HOM. Ara.
Encyclopédie Universelle. 2012.