germer [ ʒɛrme ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1130; lat. germinare
1 ♦ Se dit des graines, bulbes ou tubercules destinés ou non à la semence, qui poussent leur germe au dehors (⇒ germination). Semence qui germe dans le sol. On fait germer l'orge pour la fabrication de la bière (⇒ germoir) . P. p. adj. Pommes de terre germées. Blé germé. Par ext. Plante qui germe, dont la graine germe.
2 ♦ Fig. Commencer à se développer. ⇒ se former, naître. Cette idée a germé dans les esprits.
● germer verbe intransitif (latin germinare) (auxiliaireavoir) Avoir un germe qui commence à pousser, en parlant de la semence : Les pommes de terre commencent à germer. (auxiliaire avoir) Commencer à se développer dans l'esprit de quelqu'un, naître : Cette idée de revanche germait dans son esprit. (auxiliaireêtre) Avoir un ou des germes, en parlant d'un tubercule de pomme de terre, d'une plantule d'un végétal à graines : Les pommes de terre sont germées. ● germer (homonymes) verbe intransitif (latin germinare) ● germer (synonymes) verbe intransitif (latin germinare) Commencer à se développer dans l'esprit de quelqu'un, naître
Synonymes :
- éclore
- naître
- surgir
germer
v. intr.
d1./d En parlant des semences, des bulbes, etc., commencer à se développer pour produire un nouvel individu. Le mil commence à germer. Des pommes de terre germées, dont les germes commencent à pousser.
d2./d Fig. Se former, commencer à se développer. Un projet a germé dans son esprit.
⇒GERMER, verbe intrans.
A. — 1. [Le suj. désigne une graine, un bulbe, un tubercule] Faire apparaître son germe. La nature elle-même prépare toujours le plus pour obtenir le moins. De mille graines, une seule germera (SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 209). S'il lui montrait une fleur, elle lui demandait pourquoi cette fleur ferait une graine, pourquoi cette graine germerait (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 83) :
• 1. Des graines de luzerne, de blé ou de moutarde sont desséchées, après décortication (...). Quand, après tout cela, on leur fournit des conditions favorables, elles germent régulièrement pour donner des plantes normales.
J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 103.
2. P. ext. [Le suj. désigne une plante] Avoir un germe qui commence à se développer. La rive occidentale était un amoncellement de rochers de toutes formes, où de maigres végétations ont germé parmi les cailloux (DU CAMP, Nil, 1854, p. 180).
— P. anal. et p. métaph. :
• 2. Elle dit encore au bout d'un moment : — Je serai bonne nourrice, je sens mes seins qui germent. Puis : — Ça me laisse parfois là, desséchée comme une écorce.
GIONO, Regain, 1930, p. 238.
— Emploi trans., vx, littér. Faire germer, produire. Vite! dépouillez-moi de ces haillons tout entier! que je me montre comme au jour où l'habitation maternelle a germé son mâle! (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, p. 144). Je ne suis jamais si belle que sous mes rosées; ni si douce qu'au printemps en germant mes feuilles et mes fleurs (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 121).
3. Faire germer. [Correspond à A 1 et 2] Le maltage est le premier traitement industriel que subit l'orge. Il a pour but de faire germer le grain en lui fournissant l'humidité nécessaire (Industr. fr. brasserie, 1955, p. 4) :
• 3. ... le sol est constamment labouré, même lorsqu'il n'est pas semé; l'évaporation est ainsi réduite, et l'humidité conservée dans la terre suffit à faire germer et mûrir une bonne récolte de blé...
BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 133.
B. — Au fig. et p. métaph. Commencer à exister, à se développer, à s'implanter. Une foule de petites villes marchandes germèrent, à l'imitation de Coblentz sur la Moselle (HUGO, Rhin, 1842, p. 119).
— [Le suj. désigne une notion abstr. ou un affect] Rien n'est plus curieux que de voir avec quelle force les idées du nord ont germé dans ces têtes méridionales (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 119). Elle ne riait plus; elle souriait seulement en me regardant de ses grands yeux fixes, où germaient de nouveaux désirs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Marroca, 1882, p. 793). Dès 1812, l'idée de la neuvième commençait à germer... (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 94).
— P. métaph. La semence de gaîté que j'avais apportée dans la maison germait maintenant toute seule (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 67).
— Faire germer. Ces yeux, ces yeux créés par quelques coups de pinceau, cachaient en eux le mystère de ce qui semble être et qui n'existe pas, de ce qui peut apparaître en un regard de femme, de ce qui fait germer l'amour en nous (MAUPASS., Contes et nouv., Portrait, 1888, p. 630) :
• 4. — Peut-être que je vous aime encore. Quelques semaines plus tôt, je me serais emparée avidement de cette phrase, j'aurais tenté d'en faire germer un espoir; mais elle n'eut pas d'écho en moi.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 537.
REM. 1. Germant, -ante, part. prés. et adj. Qui germe, qui est en état de germination. G. Bonnier a montré par exemple qu'un kilogramme d'orge germant produit par heure 3,5 calories (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 292). Au fig. Qui se développe. Bien des fois, les ambitions de Gianni s'étaient persuadées toucher à leur but, bien des fois il avait cru entrevoir la réalisation de l'idée soudainement germante (E. DE GONCOURT, Zemganno, 1879, p. 165). 2. Germé, -ée, part. passé et adj. Dont la radicule commence à pousser. Je le reconnus encore à ce qu'il ne chantait pas la chanson vraiment inchantable de l'assemblée qui formait le cercle autour d'un tas de pommes de terre germées (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 192). On peut (...) consommer le blé germé cru, assaisonné avec sel, citron, ou bien miel, confiture (R. LALANNE, L'Alim. hum., 1942, p. 103). Extraits de malt préparés à partir du malt ou orge germé (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 23).
Prononc. et Orth. : [], (il) germe []. Ds Ac. 1694-1932 Étymol. et Hist. 1. 1120 intrans. « commencer à faire apparaître son germe [en parlant d'une plante, d'une graine] » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, 64, 11 : en ses gutieres esledecerat germant); 1165 fig. (BENOIT DE STE-MAURE, Troie, 24 ds T.-L.); 2. 1174-76 trans. (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, La vie de Saint Thomas Becket, éd. E. Walberg, 1319). Empr. au lat. germinare « germer ». Fréq. abs. littér. : 681. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 145, b) 975, XXe s. : a) 995, b) 794. Bbg. GOHIN 1903, p. 366.
germer [ʒɛʀme] v.
ÉTYM. 1120; « faire apparaître », v. 1170; du lat. germinare, de germen, -inis. → Germe, germen.
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I V. intr.
1 Développer, pousser un germe (en parlant des graines, bulbes ou tubercules, destinés ou non à la semence). ⇒ Germination. || Apparition des radicules d'une graine qui commence à germer. || Semence qui germe dans le sol. || Le blé a germé tard cette année. || Faire germer un haricot sur du coton humide. || On fait germer l'orge pour la fabrication de la bière (⇒ Germoir). || Il faut conserver les pommes de terre, les oignons dans un lieu sec et sombre pour les empêcher de germer. — (1580, Montaigne). || Plante qui germe, dont la graine germe.
1 Arbre, que fais-tu là ? pourquoi t'es-tu hâté
De sourdre, de germer, de grandir dans une heure ?
Hugo, la Légende des siècles, IX, « Le cèdre ».
2 (…) le reste allait au petit bonheur, la semence jetée dans n'importe quel terrain, germant au hasard, et le ciel injurié si elle ne germait pas.
Zola, la Terre, II, V.
3 Il existait une autre pièce derrière celle-là, si humide, que le père avait préféré coucher en haut : on regrettait même d'y serrer les pommes de terre, car elles y germaient tout de suite.
Zola, la Terre, II, III.
4 (…) une très mauvaise plante, qui germe, résiste et se propage malgré les privations d'eau, les froids, et même les « coupes » répétées.
Loti, les Désenchantées, XXXII.
2 (V. 1190). Fig. Commencer à se développer. ⇒ Développer (se), former (se), naître (→ Espoir, cit. 19). || Un mal qui germe (→ Calomnie, cit. 5). || Vertus qui commencent à germer (→ Éclore, cit. 7). || Cette idée commence à germer dans les esprits. || Sentir germer en soi un sentiment nouveau.
5 Je vois que mes leçons ont germé dans ton âme (…)
Molière, l'École des maris, II, 3.
6 (…) ces paroles que le duc m'avait dites s'offraient sans cesse à ma mémoire, et devenaient des semences d'ambition qui germaient d'instant en instant dans mon esprit.
A. R. Lesage, Gil Blas, VIII, II.
7 Le soir, ce souvenir nous exaltait beaucoup, et mille projets enthousiastes germaient dans nos têtes.
France, le Livre de mon ami, II, VI.
8 Il y a vraiment des graines qui ne germent en notre âme que sous la pluie des larmes que l'on répand à cause de nous; et cependant ces graines produisent de bonnes fleurs et des fruits salutaires.
Maeterlinck, le Trésor des humbles, XI.
9 Tout mot qui tombait dans son esprit y germait et engendrait une moisson d'images et de conjectures.
A. Maurois, Terre promise, IV.
10 (…) il n'y a pas de bonne graine qui se perde, pas une idée qui ne germe un jour, pas une parcelle de conscience acquise, qui disparaisse.
Martin du Gard, Jean Barois, Âge critique, III.
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11 Dieu crée : 1o l'aride, ou tous les mondes solides (…)
2o la Terre, portion de cette aride, à laquelle il donne un nom spécial et à laquelle il donne pouvoir de germer l'herbe et le bois.
Claudel, Journal, sept. 1922, Pl., t. I, p. 558.
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germé, ée p. p. adj.
♦ Bot. Dont les radicules commencent à pousser; qui porte des germes (A., 3.). || Pommes de terre germées. || Blé germé. || Orge germé. ⇒ Malt.
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DÉR. Germant, germoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.