Akademik

gelé

gelé, ée [ ʒ(ə)le ] adj.
XIIe; de geler
1Dont l'eau a gelé. Rivière, terre gelée. Patiner sur un lac gelé.
2Par exagér. Très froid. Avoir les pieds gelés. glacé. Être gelé jusqu'aux os. frigorifié, 2. transi. Je ne me baigne pas, l'eau est gelée. glacé.
3(de l'angl.) Écon. Crédits gelés, immobilisés dans des investissements, donc indisponibles.

⇒GELÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de geler.
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'un liquide] Solidifié par le gel, transformé en glace. Océan gelé (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 650). Nous nous étions trouvés au bord d'un lac gelé, qui brillait faiblement sous le soleil nocturne (MAUROIS, Climats, 1928, p. 83) :
1. Nous serions partis seuls un soir vers une ville de Hollande : la neige aurait rempli les rues; sur les canaux gelés, on aurait balayé la glace. Vous auriez patiné longtemps, avec moi...
GIDE, Tentative amour., 1893, p. 84.
2. [En parlant de tissus vivants, animaux ou végétaux] Abîmé, endommagé, mortifié par le gel. Chardons, choux gelés; doigts, mains, pieds gelés. J'ai le nez gelé! (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 95). J'ai vu nombre de pousses de chêne gelées comme la vigne (DELACROIX, Journal, 1847, p. 171) :
2. Dans la haute Égypte, la chaleur ne nous manquera pas, quoique les nuits néanmoins soient très froides... On a vu des Arabes mourir gelés, tout comme en Russie.
FLAUB., Corresp., 1850, p. 81.
Locutions
P. exagér. Avoir les os gelés. Gazonal avait les os gelés, il ne savait plus où il se trouvait (BALZAC, Comédiens, 1846, p. 349).
Au fig. Avoir le bec gelé. Ne pas dire un mot. N'avoir pas le bec gelé. Être bavard. Ces dames n'avaient pas le bec gelé et caquetaient (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 6).
3. Durci par le gel; bloqué par le gel. Commandes gelées; palan gelé; pompe gelée :
3. Bientôt, il ne distingua plus son chemin qu'à la trace sombre qu'il dessinait dans la neige. Le sol était gelé, et son pas y résonnait, lui tenant compagnie.
DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 400.
4. [En parlant d'une pers., et p. exagér.] Qui est transi de froid. [Les planètes] tournent autour du soleil pour le supplice de leurs habitants, lesquels (...) sont gelés et grillés tour à tour (A. FRANCE, Vie littér., 1891, p. 213). Le conducteur chef venait de descendre de son fourgon (...) il était gelé dans sa vigie (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 147).
B. — Au fig.
1. [En parlant de pers.] Immobilisé par la gêne. Le prince royal faisait triste figure en entrant là. Il se sentait gelé, embarrassé par ce silence, ce désespoir (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 415).
2. [Dont l'immobilité, la sécheresse évoquent l'indifférence, la froideur ou la mort] Âme gelée; mots gelés; public gelé; avoir un sourire gelé. Sur les routes, par des nuits d'hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur gelé (RIMBAUD, Saison enfer, 1873, p. 216).
3. Dans le domaine de l'administration, de l'économie, ou des finances. Qui ne peut être utilisé à la suite d'un blocage gouvernemental. Crédits gelés; postes gelés. Capitaux évadés ou gelés, capitaux errants (MORAND, Routes Indes, 1936, p. 300). Les salaires sont gelés depuis septembre 1939 (L'Œuvre, 26 janv. 1941).
4. Arg. (Être) gelé. (Être) ivre. Le vioque était tellement gelé qu'il pouvait plus rien bonnir (LE BRETON Argot 1975).
Fréq. abs. littér. : 292. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 149, b) 436; XXe s. : a) 600, b) 519.

Encyclopédie Universelle. 2012.