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galérien

galérien [ galerjɛ̃ ] n. m.
• 1568; de galère
Homme condamné à ramer sur les galères du roi (ou sur celles des Turcs dans le cas d'un chrétien captif). Ensemble des galériens. chiourme.
Par ext. Bagnard, forçat. Chaîne de galérien. « Les galères font le galérien » (Hugo). Loc. fig. Mener une vie de galérien, extrêmement pénible, surchargée de travail. « ils se tuaient à la peine comme les galériens » (R. Rolland).

galérien nom masculin Autrefois, homme condamné à ramer sur les galères ; forçat condamné au bagne. ● galérien (expressions) nom masculin Mener une vie de galérien, mener une vie très dure ; faire un travail très pénible.

galérien
n. m. Forçat qui était condamné à ramer sur une galère.
|| Loc. fig. Mener une vie de galérien: mener une vie très dure.

⇒GALÉRIEN, subst. masc.
A. — HIST. Homme qui ramait sur une galère. Si vous marquez un galérien, vous lui donnez une sorte de droit sauvage. Au fond de tous les vices, il y a sans doute quelque condamnation à laquelle on croit (ALAIN, Propos, 1921, p. 199) :
1. La galère (...) ne figurait plus que dans les flottes de guerre, (...) peut-être ne la conservait-on que pour occuper les galériens! Ces galériens n'étaient plus des esclaves mais, (...) à part les « mariniers de rame », qui s'engageaient librement, des condamnés de droit commun. (...) nous les imaginons, perpétuellement enchaînés à leur banc, vivant à ciel ouvert dans la vermine et les immondices, soumis à toutes les intempéries et sous le fouet impitoyable des gardes-chiourme.
P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, pp. 129-130.
P. ext., Bagnard, forçat. Bonnet, boulet, chaîne de galérien. L'auteur lui fait entreprendre [à Napoléon] ce qu'il appelle ses brigandages d'Italie à la tête de huit mille galériens échappés des bagnes de Toulon (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 305). Ici la nature est absente, proscrite, comme nulle part ailleurs sur la terre, c'en est la négation, la haine entêtée, et dans le levier de fer qui casse la roche, et dans le sabre du garde-chiourme qui chasse les galériens (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 338) :
2. J'étais à souper à côté d'un officier prussien, l'un de ces insurgés que l'Empereur fit juger comme rebelles en 1808; ses camarades furent la plupart fusillés; lui a été trois ans aux galères; il a travaillé au port de Cherbourg. Rien n'était frappant comme d'entendre ce brave officier (...) raconter (...) les détails de la vie des galériens, de leurs repas, de leurs lits, de leurs chaînes.
J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1827, p. 433.
B. — Au figuré
1. Galérien de + subst. Personne s'adonnant avec ardeur et acharnement à (une activité, une pratique). Riche à millions, j'aurais toujours joué, mangé, couru (...). J'avais besoin de courtisanes, de faux amis, de vin, de bonne chère pour m'étourdir (...). Galérien du plaisir, je devais accomplir ma destinée de suicide (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 185). 488 pages [La Cathédrale de Huysmans] sans rencontrer une idée (...). Il faut être, comme moi, un galérien de la critique pour avaler ça (BLOY, Journal, 1903, p. 145).
2. Locutions
Se donner un mal de galérien. Faire de gros efforts; travailler durement. Il entreprit un nouveau tableau; il resta deux mois à le faire en faisant des repas de souris, et se donnant un mal de galérien (BALZAC, P. Grassou, 1840, p. 443).
Vie, existence, métier, travail de galérien. Dur, pénible. Si l'on passe, comme nos ouvriers, une journée entière à un même travail, (...) c'est un moyen sûr d'ennuyer tous les coopérateurs (...). N'est-ce pas une vie de galérien que de râper tout le jour du tabac ou de la moutarde? (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 29). Quelle vie que la sienne, travail de galérien libre et honoré, mais galérien pourtant! Pas un jour de relâche, pas une heure de paix, tandis qu'au bagne et au moulin on se repose du moins le dimanche (AMIEL, Journal, 1866, p. 52). Conduire un peuple, ça n'est rien (...). Mais quel métier de galérien Que la viticulture! Que de tact, de soin, La vigne a besoin! (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 83).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1568 « rameur sur une galère » (L. Le Roy, trad. des Politiques d'Aristote, IV, 4 ds HUG.); 2. 1611 « condamné aux galères » (COTGR.). Dér. de galère; suff. -ien. Fréq. abs. littér. : 172. Bbg. QUEM. DDL t. 13.

galérien [galeʀjɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1568; de galère.
1 Homme condamné à ramer sur les galères du roi (ou sur celles des Turcs, dans le cas d'un chrétien captif). || Organisation du travail des galériens. Argousin, chiourme (cit. 1), comite, 2. espalier.Par ext. Bagnard, forçat. || Chaîne, cadène, alganon de galérien.
1 On a eu raison de vous dire que Jean Valjean était un malheureux très méchant. Toute la faute n'est peut-être pas à lui (…) voyez-vous, l'infamie d'où j'avais essayé de sortir est une chose nuisible. Les galères font le galérien (…) le bagne m'a changé. J'étais stupide, je suis devenu méchant (…)
Hugo, les Misérables, I, VII, XI.
2 Loc. compar. et fig. Mener une vie de galérien, extrêmement pénible.Travailler, peiner comme un galérien, très durement.Fig. || Un galérien : une personne qui fait un travail, mène une vie très pénible. || Ce sont de vrais galériens.
2 Travaille, travaille, galérien, et claque au bout !
Ch.-L. Philippe, Père Perdrix, I, I.
3 Qu'une femme qui ne faisait rien et se donnait du bon temps toute la sainte journée, se permît de les narguer de son calme insolent, tandis qu'ils se tuaient à la peine comme les galériens (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, II.
4 (…) notre société de forçats intellectuels ou de galériens de la Fantaisie (…)
Léon Bloy, le Désespéré, p. 70.
REM. Dans ce sens, le fém. galérienne [galeʀjɛn] est virtuel.
3 (Par jeu de mot). Argot de métier :
5 — À ce propos, sais-tu comment on appelle maintenant, en 1964, dans les gares parisiennes, les chauffeurs des fiacres à galerie ?
— Non.
— Dans le milieu des chauffeurs de taxi, on les appelle les galériens. Si on ne peut pas se ranger du côté droit, on va dans leur file à eux en disant : « Je vais me mettre avec les galériens ! »
Hervé Lauwick, Jupons et Hauts-de-forme, p. 80.

Encyclopédie Universelle. 2012.