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frelater

frelater [ frəlate ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1546; « transvaser » apr. 1350; moy. néerl. verlaten
Altérer dans sa pureté en mêlant des substances étrangères. dénaturer, falsifier. Frelater de l'alcool, des médicaments. P. p. adj. Vin frelaté.
Fig. (au p. p.) Qui n'est pas pur, pas naturel. « le succès n'en est qu'une imitation frelatée [de la gloire] » (A. Gide).

frelater verbe transitif (moyen néerlandais verlaten, transvaser) Mêler une substance, un produit de substances étrangères. Littéraire. Faire perdre à quelque chose ce qu'il a de naturel : Ces lectures frelatent le goût.frelater (synonymes) verbe transitif (moyen néerlandais verlaten, transvaser) Mêler une substance, un produit de substances étrangères.
Synonymes :
- adultérer
- dénaturer
- trafiquer
Littéraire. Faire perdre à quelque chose ce qu'il a de naturel
Synonymes :
- corrompre
- dépraver
- falsifier
- fausser
- gâter

frelater
v. tr. Altérer (un produit) en y mêlant des substances étrangères. Frelater du vin.

⇒FRELATER, verbe trans.
A.— Altérer la pureté de denrées alimentaires, en particulier de boissons, en y incorporant des substances étrangères. Frelater des vins. Les marchands craindraient de se faire montrer au doigt, s'ils vendaient quelque denrée sans la frelater (ABOUT, Grèce, 1854, p. 116) :
1. ... ils s'en prennent aussi (...) aux laitiers, qui frelatent le lait et trempent leurs fromages dans du bouillon gras pour leur donner un aspect onctueux...
FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 76.
Emploi pronom. S'altérer. Le vin se frelate (QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 334).
B.— Au fig. Faire perdre à une chose ce qu'elle a de pur et de naturel. À chaque instant, ce sont de vives et spirituelles allusions à ces gens « qui frelatent la parole de Dieu »... (RENAN, St-Paul, 1869, p. 445) :
2. Tout ce qui procure une griserie artificielle, tout ce qui frelate, déprave et vicie la nature, je m'en suis toujours farouchement détourné.
GIDE, Journal, 1935, p. 1222.
Prononc. et Orth. :[], (il) frelate []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié du XIVe s. « transvaser (un liquide) » (Archives du Nord, B 3328, f° 25 ds IGLF); 1515 « transvaser (du vin) » (G. CRETIN, Œuvres poétiques, éd. Kathleen Chesney, p. 286, 140); 2. a) 1546 fig. « altérer la nature de quelque chose (la vie, le cœur, etc.) » (RABELAIS, Tiers Livre, XXVIII, éd. M. A. Screech, p. 199); b) 1660 « mêler de substances étrangères, altérer, falsifier » (OUDIN). Empr. au m. néerl. verlaten « transvaser » (VERDAM) (Romania t. 59, 1933, p. 567); cf. FEW, t. 17, p. 423. Fréq. abs. littér. :59.
DÉR. Frelatage, subst. masc. Action de frelater; résultat de cette action. À M. le Chevalier de Rossi. — (...) une bouteille de vin de Champagne ou de Bordeaux coûte jusqu'à huit roubles (...). Dans les plus riches maisons même, je bois avec une extrême prudence, car on commence à sentir le frelatage (J. DE MAISTRE, Corresp., 1808-10, p. 226). Rem. On dit aussi frelaterie, subst. fém. Aujourd'hui, cette frelaterie des produits, cette adultération criminelle a gagné le commerce intérieur et le commerce des choses les plus nécessaires à la vie (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1836-48, p. 549). []. Ds Ac. 1835-1932. 1res attest. a) 1655 fralatage « action de transvaser » (N. DE BONNEFONS, Les délices de la campagne, 52 ds Fr. mod. t. 42, p. 280), b) 1684 frelatage « action d'altérer (du vin) » (Jardin. franç., II, 45 ds DG); de frelater, suff. -age.

frelater [fʀəlate] v. tr.
ÉTYM. 1546, au sens fig., Rabelais; « transvaser », après 1350; moy. néerl. verlaten (« transvaser » du vin).
1 Altérer la pureté d'une substance, d'une denrée alimentaire en y mêlant une substance étrangère. || Frelater du vin, de l'alcool, des médicaments. Adultérer, dénaturer, falsifier, sophistiquer (vx), trafiquer.
2 Fig. Faire perdre sa pureté à (qqch.).
1 Ne laissez point ainsi frelater votre cœur et donnez-le-moi tel qu'il est.
Voltaire, Lettres, À Thiriot, 574, 12 févr. 1739.
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frelaté, ée p. p. adj.
1 (1690, Furetière). Qui a été altéré par l'addition d'une substance étrangère. || Boisson frelatée. || Aliments, produits frelatés.
2 Avons-nous (…) le goût si horriblement blasé et faussé que nous ne prenions goût et ne soyons sensibles qu'aux vins frelatés, mêlés d'alcool, et aux épices les plus irritantes ?
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 31.
3 L'homme du peuple attend son tour d'accéder au cocktail et d'absorber son content de whisky frelaté.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, V.
2 Fig. Qui n'est pas pur, pas naturel. || Sentiments frelatés, dépouillés de leur pureté, de leur sincérité originelle.
4 (…) la vie frelatée de Paris n'approche assurément pas de la vie pure, tranquille, et doucement occupée, qu'on mène à la campagne (…)
Voltaire, Lettre à d'Argental, 1717, 27 avr. 1760.
5 (…) j'ai passionnément désiré la gloire; mais il m'apparut vite que le succès, tel qu'il est offert d'ordinaire, n'en est qu'une imitation frelatée.
Gide, Si le grain ne meurt, p. 250.
6 (Un) écrivain à succès est revenu dans la chambre d'hôtel, pauvre et laide, où il a barbouillé son premier roman, l'Espoir. Pour le reprendre, et pour l'achever, avec un art assoupli, du métier, du brillant (…) Du faux brillant. Il s'aperçoit qu'en ce temps il était sincère. Il s'approchait de l'autel de l'art, introïbo ad altare, d'un cœur fervent et pur. Maintenant, il flatte le public; il trouve des mots, des images, des colifichets verbaux, tant qu'il veut. Il n'a plus la foi. Il est un homme d'artifices, et son succès est frelaté.
R. Kemp, in le Monde, 3 févr. 1956.
DÉR. Frelatage, frelateur. — REM. Le dér. archaïque frelaterie est attesté en 1798, puis dans Balzac.

Encyclopédie Universelle. 2012.